Ceux qui ont fait la France : Bellovèse et sigovèse

Premiers colonisateurs d’envergure

 

Fiers guerriers, bien moins primitifs que l’histoire n’avait jusqu’ici bien voulu le dire, les Gaulois ont mené au cours de leur histoire de nombreuses conquêtes. La plus connue d’entre elles est sans conteste celle que Tite-Live, l’historien romain, relate dans l’œuvre de sa vie, l’Histoire de Rome en 142 livres : les expéditions de Bellovèse et Sigovèse


Selon Tite-Live, les Gaëls, ou Gaulois du Centre – les Arvernes, en d’autrestermes –, conduits alors par Ambigat, roi des Bituriges, se seraient lancés, vers l’an 587 av. J.-C., dans une campagne de conquêtes sans précédent. Trop à l’étroit dans son royaume où la population s’était accrue outre mesure, le souverain biturige aurait alors envoyé ses deux neveux, Bellovèse et Sigovèse, coloniser, à la tête de puissantes armées, les contrées voisines.

Tandis que Bellovèse, à la tête d’une armée composée de Bituriges, d’Arvernes, de Sénons, d’Éduens, d’Aulerques, d’Ambarres et de Carnutes, se dirigeait vers l’Italie, Sigovèse, lui, prenait la direction du nord, de la région hercynienne, à la tête d’une partie des Volsques Tectosages. À elles seules, les deux expéditions recensent pas moins de 300 000 hommes, auxquels il faut ajouter femmes et enfants, qui suivent en toutes circonstances. Une véritable armada.

Au sud, l’expédition transalpine de Bellovèse est pour le moins chao- tique. Selon Tite-Live : « La Gaule versa sa population sur l’Italie, par les Alpes maritimes, par les Alpes Graïes, par les Alpes Pennines durant soixante-six années. » Plus de six décennies pour s’installer durablement dans la botte et fonder les villes de Milan, Brescia et Vérone. C’est bien plus qu’il n’en aura fallu à Sigovèse pour franchir le Rhin. En quelques mois, il s’implante sur les bords du Rhin, aux sources du Danube, et se fixe au pied des Alpes illyriennes. Là, il jette les bases d’un empire qui deviendra plus tard celui des Galates. Un empire constitué, selon les historiens et les géographes, d’une multi- tude de peuplades soit galliques, soit gallo-illyriennes, répandues entre le Danube, la mer Adriatique et les frontières de l’Épire, de la Macédoine et de la Thrace.

Parmi elles, on compte les Carnesi, habitants des Alpes carniques, les Tauriskes, des Gaulois pure souche, les Lapodes, des Gallo-romains, ou encore ces Scordiskes qui donneront tant de mal aux légionnaires romains.

L’empire durera jusqu’à l’aube de notre ère (63 av. J.-C.) et s’étendra jusqu’au Pont-Euxin. Les Galates traverseront la Macédoine, les Thermopyles, la Grèce, Delphes, Memphis et Carthage. Ce sont eux qui, en 358 av. J.-C., confieront à Alexandre le Grand, venu conclure une alliance avec eux, que leur seule crainte est que le ciel leur tombe sur la tête.

 

Bertrand Galimard Flavigny

 


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