
Depuis la création de deux États indépendants en août 1947, l’Inde et le Pakistan sont prisonniers d’une rivalité profonde, nourrie par des facteurs historiques, territoriaux et militaires. Ce face-à-face a donné lieu à plusieurs guerres conventionnelles, à une course aux armements nucléaires et à une recrudescence du terrorisme transfrontalier, perpétuant un climat de méfiance et d’instabilité dans la région. ReutersEncyclopedia Britannica
La partition de l’Inde britannique, consignée par l’Indian Independence Act du 18 juillet 1947, a entraîné la création de deux dominions – l’Union indienne et le Pakistan – sur la base de critères religieux. Dans la précipitation, quelque quinze millions de personnes ont traversé la nouvelle frontière, fuyant violences communautaires et pillages, tandis que plus de cent mille mouraient dans les affrontements intercommunautaires. Cette émigration de masse a gravé dans les mémoires la haine réciproque et préparé le terrain aux conflits futurs. Encyclopedia Britannica
Le différend majeur porte sur la principauté du Cachemire, dont le maharajah Hari Singh signa l’« Instrument d’Accession » à l’Inde en octobre 1947, après une incursion de tribus pachtounes soutenues par le Pakistan. Cette décision fut immédiatement contestée par Islamabad, déclenchant la première guerre indo-pakistanaise (1947–1948). Un cessez-le-feu sous l’égide des Nations unies aboutit en janvier 1949 à une ligne de cesse-z-le-feu, transformée en ligne de contrôle par l’accord de Simla en 1972 et toujours en vigueur aujourd’hui. Encyclopedia Britannica
Les hostilités reprirent en 1965, lorsque des troupes pakistanaises franchirent la ligne de contrôle dans l’espoir de s’emparer du Cachemire, provoquant de vastes affrontements terrestres et aériens. En 1971, un troisième conflit éclata sur fond de guerre civile à l’est du Pakistan : l’Inde intervint en faveur du mouvement indépendantiste du Bengale oriental, conduisant à la création du Bangladesh. En 1999, la guerre de Kargil opposa de nouveau militaires des deux camps en haute montagne, soulignant l’escalade possible entre deux États désormais dotés de l’arme nucléaire. ReutersEncyclopedia Britannica
L’Inde réalisa ses premiers tests à Pokharan en mai 1974, mais c’est en mai 1998 qu’elle confirma sa capacité stratégique lors de l’opération Pokhran II, déclenchant une riposte pakistanaise (Chagai-I) quelques semaines plus tard. Cette double affirmation de statut nucléaire a introduit une dissuasion mutuelle dans la région, renforçant la logique de confrontation contrôlée : tout engagement militaire grandissant risquerait désormais une extension catastrophique. Encyclopedia BritannicaEncyclopedia Britannica
Au cours des années 2000, le conflit a pris une tournure asymétrique : des groupes militants basés au Pakistan, tels que Lashkar-e-Taiba (LeT) et Jaish-e-Mohammad (JeM), ont multiplié attaques et attentats-suicides en territoire indien, exacerbant la défiance bilatérale. L’assaut contre le Parlement indien en décembre 2001 et les attentats de Mumbai en novembre 2008 (166 morts) illustrent l’ampleur de cette menace. New Delhi accuse régulièrement Islamabad de soutenir ces organisations, accusation démentie par le Pakistan, mais qui alimente des ripostes ciblées et des « frappes chirurgicales ». WikipediaReuters
Malgré la signature en 1960 du Traité des eaux de l’Indus (garantissant le partage des ressources hydriques) et l’accord de Simla (1972) instaurant le principe d’un règlement bilatéral, les négociations peinent à dépasser le statu quo. Tout incident, y compris les dernières frappes de mai 2025 contre des « infrastructures terroristes » au Pakistan, ravive la spirale des représailles et suspend tout espoir d’apaisement durable, renforçant l’idée d’un « non-combat non-guerre » aux frontières. Reuters
Au-delà des cicatrices historiques, le conflit indo-pakistanais s’enracine dans la rivalité identitaire, les enjeux territoriaux du Cachemire, et une dissuasion nucléaire mutuelle. Il s’est complexifié sous l’effet d’attaques asymétriques et de crises diplomatiques récurrentes. Si aucun des protagonistes ne renonce à ses prétentions, seules des concessions réciproques et une volonté politique forte permettront d’envisager un jour la désescalade et la coopération dans cette région stratégique du sous-continent.