Une A.O.P. qui ne manque pas de piquant !
L’Oignon de Roscoff A.O.P. et les « Johnnies »
Roscoff, Finistère
Une fête qui donnela larme à l’œil
Fête de l’Oignon de Roscoff – samedi 19 et dimanche 20 aout 2023
La vente de l’Oignon de Roscoff débute dans le courant du mois d’août, après une période de séchage de quelques semaines, traditionnellement à l’occasion de la fête de l’Oignon de Roscoff qui a lieu le troisième week-end du mois d’août. Cette fête, organisée par la Confrérie de l’Oignon AOP de Roscoff, propose deux jours de festivités sur le vieux-port de Roscoff : grand marché aux oignons, récoltes d’oignons, défilé des confréries, démonstration et concours de tressage, concert, cercle celtique, restauration, conférence...
Bulbes à l’abordage
Roscoff, ancienne cité corsaireet de Johnnies
Il faut remonter le temps jusqu’au XVIIe siècle pour découvrir l’origine de l’Oignon de Roscoff. C’est en 1647 que Frère Cyril, un moine capucin, sema les premières graines dans les jardins de son couvent à son retour de Lisbonne. A cette époque, la ville de Roscoff avait une activité essentiellement liée au commerce maritime, basée sur l’exportation de sel provenant du Sud de la Bretagne et de la toile de lin fabriquée dans la région. Les oignons constituaient un aliment essentiel pour les marins, ils permettent en effet de se prémunir contre le scorbut, du fait de leur richesse en vitamine C. Très vite remarqué pour ses qualités gustatives et sa très longue conservation, la culture de l’oignon se développe rapidement. Mais c’est au XIXe siècle que la notoriété de l’Oignon de Roscoff s’exporte...
L’appellation... elle en rajoute une couche !
Le phénomène des Johnnies a marqué l'histoire de l'Oignon de Roscoff
L’histoire retient qu’en 1828, Henri Ollivier, un jeune paysan de Roscoff, se lance dans la vente de sa production en terre britannique. Il en revient les cales vides et les poches bien remplies... Débute dès lors l’épopée « Johnnie » du surnom de petit Jean donné par les britanniques aux agriculteurs vendeurs d'oignons de Roscoff et de sa région.
Chaque année plus nombreux, les Johnnies s’expatrient alors dès la fin juillet après le pardon de Sainte Barbe pour aller vendre leurs oignons au porte à porte dans toute la Grande Bretagne. A pied tout d’abord puis à vélo à partir des années 1920, ils sillonnent les rues des grandes agglomérations, chargés parfois de 100kg de marchandise. Les oignons étaient tressés pour mieux les conserver et les transporter. Le phénomène connut son apogée dans les années 20 avec 9 000 tonnes vendues outre Manche par près de 1 400 Johnnies. La crise économique des années 1930, la deuxième guerre mondiale, la dévaluation de la livre et le protectionnisme anglais ont ensuite conduit au déclin des ventes outre Manche. Il restait, il y a peu, encore une douzaine de Johnnies quand le Royaume-Uni était dans l'Union européenne. Le Brexit a donné le coup de grace à cette profession...
Si dans les années 60, il se produit encore dans la région entre 15 et 20 000 tonnes d’oignons, les volumes diminuent fortement à partir des années 1970 pour ne plus représenter que 1 500 tonnes en 1990. Inspiré des Johnnies, le produit "oignon grappe" de 1kg, nettoyé et tressé manuellement, est lancé en 1992 et relance la production. En 2009, L’AOC, Appellation d’Origine Contrôlée, est obtenue sous l’appellation « Oignon de Roscoff ». La Confrérie de l’Oignon de Roscoff est créée le 22 août 2010 après l’obtention de ce label. Et en 2013, l’AOP, Appellation d’Origine Protégée, vient à son tour récompenser la culture de l’oignon !
Escale historique
Visite de la Maison des Johnnies
Installée dans une petite ferme traditionnelle, la Maison retrace l’histoire des Johnnies et de l’oignon de Roscoff. Photographies, films vidéo, la muséographie utilise les outils modernes pour raconter cette histoire. Vivant et animé, le parcours de visite aborde également les aspects de la production de l’oignon de Roscoff qui a obtenu l’AOC et l’AOP. Les visites guidées se font de mai à octobre.
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