Les marchés actions sont chers ! Pas si sûr !

La plupart des analystes financiers, les économistes, les médias spécialisés voient les marchés actions trop chers actuellement, ils parlent même d'ivresse des sommets...   En fait ils arrivent à cette conclusion parce qu'ils isolent les "prices earning ratios" (PER)* de l'inflation et des taux dans leur analyse des marché.

En 1984, le 10 ans américain (Tbonds 10 years) délivrait 15 % de rendement annuel alors que le S and P 500, indice phare action américain délivrait 12 % de retour sur capital investit, dans un monde à inflation de 15 %. Aujourd'hui, le 10 ans américain délivre 0,93 % alors que les actions américaines délivrent 6% de rendement annuel sur l'année covid et dans un monde inflation de 1%. Si les marchés actions sont chers aujourd'hui, en 1984, ils devaient être stratosphériques ! Nous sommes sur des marchés actions qui s'adaptent à l'inexorable effritement des monnaies, à l'inflation et aux taux. Evaluer un marché et son PER* sans tenir compte de l'inflation ni des taux est une erreur d'analyse fondamentale. Un PER de 13 est plus cher dans un monde d'inflation de 7 % qu'un PER de 60 dans un monde à inflation de 1%. Avec une inflation de 7%, il faut que votre actif génère suffisamment de rendement pour l'amortir en 12 ans pour ne pas perdre de l'argent. Dans un monde d'inflation de 1%, votre actif peut être amorti en 70 ans et vous gagnez toujours de l'argent. Dans les années 80, un PER de 5 sur les actions vous faisait perdre de l'argent ! Si les investisseurs (je parle de ceux, baissiers chroniques, qui passent leur vie en dehors de marchés) comprenaient ceci, ils arrêteraient de voir les marchés actions trop chers en permanence.

L'ivresse des sommets, je la vois sur les obligations, tellement chères aujourd'hui qu'elles délivrent un rendement négatif permanent.
Le marché entrera en correction quand tous les indicateurs passeront au vert et que tous les économistes et analystes vous diront que "ça y est, vous pouvez acheter maintenant, la croissance revient !" C'est toujours comme ça que cela se passe. Les marchés évoluent à contre-cycle.

Un exemple de vraie ivresse des sommets sur une classe d'actif qui ne rapporte pas de coupon et qui fabrique chaque année les mêmes quantités d'actif : une bouteille de Chambertin valait 90 euros en 2002, elle vaut 1400 euros aujourd'hui...

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* PER : outil de mesure qui indique le nombre d'année où votre actif va être remboursé par les bénéfices générés par ce même actif.

Exemple : Si vous achetez un maison 200 000 euros et que vous louez cette maison 900 euros par mois. Cette maison va vous rapporter 900 X 12 = 10 800 euros par an.
Vous divisez  200 000 euros par 10 800 euros et vous aurez le PER, le nombre d'année qu'il vous faudra louer cette maison pour l'amortir. Dans cette exemple, le PER est de 18

 

Ivan Capéla
Analyste financier et investisseur pour compte propre