Pourquoi passer à l’exploitation non conventionnelle ?

Le système pétrolier est un ensemble : la roche-mère, où se forment les hydrocarbures (génération d’hydrocarbures), et ensuite la migration vers la « roche-réservoir » ou le « réservoir » qui est une roche poreuse et perméable propice à l’accumulation, le piégeage (point haut avec la « couverture » em- pêchant les hydrocarbures de migrer jusqu’à la surface) et les conservations. (Source : IFPen, autorisation par le docteur Roland Vially.)
Le système pétrolier est un ensemble : la roche-mère, où se forment les hydrocarbures  (génération d’hydrocarbures), et ensuite la migration vers la « roche-réservoir » ou le « réservoir »  qui est une roche poreuse et perméable propice à l’accumulation, le piégeage (point haut avec la « couverture »  empêchant les hydrocarbures de migrer jusqu’à la surface) et les conservations.  (Source : IFPen, autorisation par le docteur Roland Vially.)

 


Un « système pétrolier » classique est composé d’une roche-mère en phase de maturité, d’un réservoir et d’une couverture (ou couvercle, ou encore toit) (Laherrère, 2012, p. 1).
Un gisement est constitué de gaz ou de pétrole accumulés dans un « piège ». Sous ce piège se trouve la roche-réservoir dans laquelle les hydrocarbures ont migré. Ce réservoir est assez facilement accessible.

Les gisements13 de pétrole et de gaz conventionnels ont été formés par la migration des hydrocarbures de la « roche-mère » vers des réservoirs propices à une exploitation facile et bon marché. Mais, même si on parvenait à récupérer la totalité des hydrocarbures contenus dans ces réservoirs, leur exploitation ne permettrait de récupérer que 1 % de tous les hydrocarbures générés dans nos sous-sols. Et comme ils s’épuisent ou sont déjà épuisés alors que la demande en hydrocarbures continue d’augmenter, on comprend que les exploitants lorgnent vers les 99 % restés dans la roche- mère, ou dispersés dans les sédiments ou remontés à la surface (en raison de l’absence de la roche imperméable appelée couverture, les hydrocarbures ne sont pas piégés). Ainsi appréhendés, ils apparaissent comme une ressource providentielle et gigantesque.

Des 99 % d’hydrocarbures générés et dispersés, dont une partie demeure piégée dans la roche-mère, seulement à peu près 1 % sera extrait. Comme l’explique Alexandre de Robaulx de Beaurieux, en fracturant la roche, on crée un mini-réservoir autour du forage, une sorte de nuage dans la roche pour tenter de connecter un maximum de fissures naturelles. Mais on ne parviendra à « innerver » qu’une toute petite partie de la roche-mère, approximativement 1 %.

Dans un réservoir conventionnel, on peut retenir comme ordre de grandeur un taux de récupération d’environ 30 %, entre le volume en place d’un champ et le volume cumulé en fin de production de ce champ. Par ailleurs, il convient de garder à l’esprit qu’il est en fait difficile de parler de moyenne de taux de récupération, car cela varie en fonction de la façon de le calculer et de la nature du réservoir.

Notons qu’il y a moyen d’accroître ce taux en ayant recours à des technologies. La technologie intervient notamment dans la récupération EOR (Enhanced Oil Recovery) avec l’emploi de produits chimiques : cette technologie ne relève pas de l’exploitation conventionnelle. Ainsi, un réservoir conventionnel peut fournir jusqu’à 60 % de son contenu.

Dans ce contexte, l’exploitation des roches-mères est présen- tée comme une solution de rechange intéressante. Les promoteurs tentent pour le moment de tirer profit du recours à des techniques de récupération chères – devenues abordables, un temps, grâce notamment à l’augmentation des prix du pétrole, pour s’attaquer aux hydrocarbures emprisonnés dans ces roches-mères (ce sont de piètres réservoirs, puisqu’elles présentent une porosité et une perméabilité très faibles) (Laherrère, 2012, p. 1). Il en est de même pour l’exploitation du gaz dont la révolution actuelle des gaz de schiste aux États-Unis est surtout une révolution des prix, bien da- vantage qu’une révolution technique, comme on aime à le laisser croire. Nous découvrirons cette réalité au cours de notre lecture.

 
Olivier Parks

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Le gaz de schiste