Le Qi : perspective et tradition


Les grandes découvertes thérapeutiques s’inscriront dans la perspective de l’homme total et dans le cadre de la vision dynamique de l’Univers.

Des systèmes médicaux anciens imprégnés de métaphysique peuvent-ils avoir un avenir face à la science actuelle et future ? Certainement, si l’on attend autre chose que des remèdes miracles dans les cas désespérés. La simplicité de ces paradigmes médicaux en fait une approche de fond nécessaire à l’homme de maintenant, face à des soins souvent impersonnels et non dépourvus de toxicité. Mais avant tout, ces méthodes proposent, en plus de leurs soins directs, un plan complet de prise en charge du malade par lui-même et une redécouverte d’une hygiène de vie perdue. De plus, les médecines traditionnelles offrent une explication différente de la maladie et de la santé liée aux rythmes biologiques et à l’hygiène de vie (alimentation, exercices, psychosomatique, etc.) En quelque sorte, les maladies sont replacées dans leur contexte, incluant l’environnement physique et relationnel. En contrepartie, la médecine peut apporter toute sa technologie à l’approche traditionnelle ; cette dernière ne la refuse d’ailleurs pas et montre sa pérennité par cette attitude ouverte qu’elle a toujours gardée au cours des siècles. Sans vouloir jouer au devin, on peut supposer que les grandes découvertes thérapeutiques s’inscrivant dans la perspective d’une médecine de l’homme total éclairciront les sujets suivants :
• La nature de la force vitale du Qi.
• L’environnement électromagnétique de l’homme.
• La fonction thérapeutique des couleurs naturelles.
• Les forces cosmo-telluriques.
• Les biorythmes et les cycles saisonniers.
• Les « hormones » végétales.
• Les facteurs naturels d’augmentation de l’immunité.
• Le contrôle conscient des organes internes.
• Le contrôle conscient de certaines fonctions inexplorées du cerveau
et de la conscience.

Bien avant Claude Bernard, un sutra de l’Ayurvéda précise un postu lat : « ... rejeter toujours ce qui ne peut être prouvé par l’expérience... ». L’avenir se dessine donc comme une progression, intégrant éventuellement les nouvelles technologies en conservant le cadre théorique et cosmologique traditionnel et en remarquant que le cadre a toujours été une vision dynamique de l’univers, un « tao » de l’être.

L’un des aspects majeurs du taoïsme est la recherche de la Longue Vie, qu’elle soit physique ou spirituelle. Au cours de l’histoire de la Chine, de nombreuses anecdotes nous rappellent les péripéties des empereurs ou des impératrices dans leur quête de la longévité auprès des sages taoïstes. Les livres mêmes de la théorie du taoïsme et surtout de ses pratiques évoquent toujours l’idée de la santé comme base de pratiques plus spirituelles. Le premier écrit connu relatif aux pratiques médicales et hygiéniques préventives est attribué à l’Empereur Jaune, Huang Ti, unificateur de l’empire chinois en 221 avant J.-C. Cependant, la grande précision de ce texte indique une antériorité de la médecine chinoise taoïste que l’on peut situer dès l’an 2000 avant J.-C.

Au cours des siècles, les taoïstes expérimentèrent toutes les plantes, tous les minéraux et tous les produits animaux susceptibles de leur apporter la longévité et l’éveil spirituel, en oubliant parfois l’adage taoïste du Hué Nan Tseu qui précise que si l’homme court après le bonheur d’une façon trop intéressée, il risque fort de ne jamais l’atteindre... Au cours de ces expériences alchimiques, beaucoup succombèrent sous l’effet poison des pilules d’immortalité. Mais la médecine chinoise acquit une grande expérience. Il en fut de même pour les méthodes de préservation de la santé : exercices, massages, visualisation, contrôle du souffle et méditation... Tout fut essayé et testé. Le taoïsme était une tradition avant l’histoire. Comment s’est-il développé ? Ce fut par le pur esprit, non pas par les outils qui vinrent ensuite. Il était impossible pour eux d’utiliser le moindre langage sophistiqué, ni de mentionner des livres. Alors, comment enseignaient les maîtres spirituels avant l’histoire, alors que le langage ne s’était pas encore développé et que les livres n’étaient pas encore écrits ? Ainsi s’interroge un penseur contemporain du taoïsme, Ni Hua Ching :
« Comment les taoïstes apprenaient-ils ? Cette méthode préhistorique est le fondement du taoïsme. Elle ne s’appuie pas sur des livres ou sur le langage, comme nous le savons. Les êtres humains ont perdu le potentiel de leur véritable nature et en revanche s’en remettent à des outils. Ils deviennent seulement des techniciens. »

Au cours des âges se développa une véritable science taoïste de l’homme, qui englobait tous les domaines pratiques de la connaissance et de l’intuition. Parmi les écoles qui se succédèrent, certaines sont maintenant connues en Occident et elles influencèrent d’une façon indélébile la pratique médicale :
• École du Nei Jing (le livre décrivant l’intérieur de l’homme), dont l’origine reste mystérieuse, et qui définit la physiologie humaine (incluant l’étude de la circulation sanguine bien avant l’Anglais Harvey), les bases de l’hygiène en fonction des saisons et des constitutions et les principes de base de l’acupuncture, de la moxibustion, des massages et de la phytothérapie (incluant la diététique des saveurs).
• École du Shan Han Lun ou Traité du froid nocif, qui étudie les bases de la phytothérapie en fonction des huit règles et des six grands axes des méridiens sous l’égide du maître taoïste Zhan Zhong Jing (150-219 après J.-C.). Ce traité sert toujours de base aux études médicales chinoises et de nombreux instituts chinois de médecine traditionnelle continuent les recherches sur ce sujet.
• L’école bien connue du Yin-Yang en médecine.
• École des cinq éléments dynamiques, parfois critiquée actuellement par certains médecins traditionnels chinois lui reprochant d’être trop limitée dans ses conclusions.
• École de la théorie de la rate et de l’estomac, qui mit l’accent sur le rôle important de ces deux organes dans les déficiences de sang et d’énergie.
• École de l’étude du Ming Men (Porte du Destin) et de la relation avec la sexualité et la longévité.
• École de l’énergie des herbes et aliments, qui mit en évidence le rapport entre les méridiens d’acupuncture, les pouls et la phytothérapie.
• École des prescriptions des plantes, qui étudie la profondeur ou la superficie de la maladie, son aspect chaud ou froid. Elle fut érigée à l’origine par le légendaire Shen Hong (500 avant J.-C.).
• École de la guérison cosmique. D’après cette école, le Tao et le Shen sont d’origine divine et présents en chacun des hommes, pouvant hâter ou retarder les processus de guérison. Cette école a développé le massage et de nombreux exercices de santé (Daoyin, Tai ji quan, etc.). Les exercices, et en particulier l’alchimie interne et la méditation, y sont considérés comme les moyens les plus efficaces de véritable guérison.

Nous pensons que cette dernière école est celle qui se rapproche le plus du taoïsme originel et de l’école de la longévité.

Toutes ces écoles persistent sous diverses formes dans les thérapies chinoises actuelles, qui ont suivi le conseil de Lao Tseu, le vieux maître :
« Ce qui est usé sera renouvelé. »

Gérard Edde 

                        
                                                                              

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