80 000 femmes engagées pour l'alphabétisation et contre l'illetrisme

Le Soroptimist International : 80 000 femmes engagées pour l'alphabétisation et contre l'illettrisme

 
Paris, 18 octobre 2017. Le Soroptimist International est une ONG de femmes qui œuvre depuis 1921 pour améliorer la vie des filles et des femmes dans le monde à travers cinq domaines d'intervention que sont l'éducation, l'autonomie financière, la lutte contre les violences à l'égard des femmes, la santé et le développement durable. En ce qui concerne l'éducation, le réseau mondial composé de 80 000 femmes a choisi d'axer ses efforts sur l'alphabétisation et la lutte contre l'illettrisme. Zoom sur un combat crucial devenu grande cause nationale en France depuis 2013.
 
Lutte contre l'illettrisme et éducation tout au long de la vie
 
Avant toute chose il est important de bien définir les termes alphabétisation et illettrisme afin de ne pas confondre une personne analphabète et illettrée. L'alphabétisation est l'action qui vise à apprendre à lire et à écrire tandis que l'illettrisme concerne une personne qui a été instruite mais qui ne maîtrise pas la lecture, l'écriture et le calcul.
Aujourd'hui, les enjeux de l'alphabétisation et de la lutte contre l'illettrisme sont multiples : ils touchent aux droits de l'homme, à la paix, à la liberté mais aussi à la justice sociale. Pourtant, l'accès à l'éducation pour tous reste encore une utopie et les chiffres sont sans appel : 263 millions d'enfant et de jeunes ne sont pas scolarisés dans le monde. La France n'est pas épargnée puisqu'elle compte 7% d'illettrés entre 18 et 65 ans malgré une scolarisation obligatoire jusqu'à 16 ans, soit 3 millions de personnes (source INSEE) dont la plupart sont des femmes entre 16 et 25 ans. Evelyne Para, Présidente Soroptimist International France, réagit : « Nous ne pouvons ignorer que 24 millions d'enfants n'iront jamais à l'école, parmi lesquels 16 millions de filles, ni que 2/3 des 800 millions d'analphabètes adultes sont des femmes[1] ».
 
Véritable enjeu de société, l'illettrisme est l'affaire de chacun ; pouvoirs publics, gouvernement, professeurs, managers, particuliers, etc., nous avons tous un rôle à jouer. Bien sûr la nature de la problématique diffère en fonction des pays concernés. En France, les personnes se cachent, l'illettrisme est vécu comme un échec et elles développent un sentiment de honte qui freine voire bloque l'apprentissage. C'est pourquoi, il est important d'y faire attention dès le plus jeune âge et surtout de continuer dans le monde du travail. Le 11 septembre dernier, à l'occasion de la journée internationale de l'Alphabétisation, le Soroptimist International a organisé à Paris une journée de conférences et débats sous le haut-patronage de l'UNESCO au cours de laquelle Hervé Fernandez, Directeur de l'Agence de lutte contre l'illettrisme, a fait part de cette observation : « En France, les personnes illettrées ont toutes en commun d'avoir été scolarisées et la moitié travaille ! Nous remarquons que ces personnes se retrouvent face à d'autres obstacles comme un mauvais accès aux soins par exemple, car elles vont moins chez le médecin à cause des démarches qui leurs semblent insurmontables ».
 
Alphabétisation et développement économique : un tandem vertueux  
 
L'alphabétisation est primordiale, c'est elle qui permet aux adultes d'être autonomes et facilite leur insertion sur tous les pans de la vie qu'il soit professionnel, social, etc. Et, plus largement, l'éducation n'est pas que scolaire dans la mesure où l'école se doit aussi d'inculquer des valeurs qui font parties intégrantes de l'apprentissage comme l'estime de soi, la reconnaissance sociale, la tolérance, etc. A terme, de manière complémentaire à cette transmission de valeurs, l'alphabétisation doit développer la capacité d'apprendre et donc de rebondir tout au long de la vie.
 
De son côté, le macro-économiste Derek H.C Chen a théorisé le lien entre taux d'alphabétisation selon le sexe et niveau de croissance du pays[2]. Dans le monde, 80% des femmes savent lire. Si on le compare au sexe opposé, on s'aperçoit que 89% des hommes savent lire. En s'intéressant aux pays les moins développés, on constate qu'un peu moins de la moitié des femmes savent lire[3], ce qui est le cas en Afrique subsaharienne où seulement 23% des filles pauvres des zones rurales achèvent le cycle primaire[4]. Toujours au cours de la journée conférences et débats du Soroptimist à l'UNESCO, Maud Ritz, responsable des Opérations du Comité ONU Femmes, argumente : « Le manque d'accès à l'éducation est une inégalité de fait. Mais cette impossibilité d'accéder à l'éducation est aussi un effet d'autres inégalités liées au sexe : la propension des filles à s'occuper des tâches domestiques, à être « formées » pour faire de futures bonnes épouses, à être mariées jeunes et de force ou encore à être harcelées dans l'espace public sont autant de facteurs qui les confinent dans l'espace domestique, ne leur laissant pas la possibilité d'être éduquées (…) De ce fait, certains économistes estiment que les inégalités de genre, en plus de contrevenir à un principe de justice, affectent la croissance à long terme en maintenant la moitié de la population à un niveau peu ou pas qualifié[5]».
 
Permettre l'alphabétisation de tous c'est donc renforcer l'indépendance économique des femmes, augmenter la croissance du pays, réduire le taux de natalité, améliorer l'éducation que les parents donnent à leurs enfants et augmenter leur chance d'être à leur tour scolarisés, renforcer les engagements dans la vie sociale, politique et culturelle, changer les mentalités, les comportements, les valeurs et c'est un facteur essentiel pour atteindre l'égalité. « Certains penseront que c'est une utopie, le Soroptimist préfère le voir comme un combat réalisable. C'est pourquoi ses membres s'engagent directement ou soutiennent les actions concrètes visant à promouvoir l'alphabétisation et lutter contre l'illettrisme dans le monde, avec par exemple des écoles de rues, des livres mis à disposition de publics défavorisés, des concours pour encourager ceux qui sont dans une démarche de réacquisition des savoirs. », explique Evelyne Para.

A propos du Soroptimist International :
Créé en 1921 aux Etats-Unis, le Soroptimist International est une ONG de femmes qui œuvre pour améliorer la vie des filles et des femmes dans le monde. Ce réseau mondial constitué de 80 000 membres est présent dans 125 pays. En France, 2700 femmes adhèrent à l'ONG dans 118 clubs différents. « Comprendre, Défendre, Entreprendre » est la devise de l'ONG qui dispose de représentantes au Conseil de l'Europe et dans chacun des principaux centres de l'ONU.  Les 5 axes majeures de son intervention sont l'éducation, l'autonomie financière, la lutte contre les violences faites aux femmes, la santé et le développement durable.
 
Contact presse :
Pauline Saint-Martin – 06 83 00 57 40 – pauline.saintmartin.rp@gmail.com
Anne-Lise Villet – 06 28 47 30 01 – annelise.villet.rp@gmail.com

 
[1] Rapport de France Diplomatie : Egalité femmes-hommes/genre, “Les femmes: au cœur des enjeux du développement” (Women-Men equality, « Women : at the heart of development issues”). Url : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/entrees-thematiques_830/aide-au-developpement-gouvernance-democratique_1060/egalite-femmes-hommes-genre_19815/index.html
[2] Derek H. C. CHEN, “Gender Equality and Economic Development - The Role for Information and Communication Technologies”, The Knowledge for Development Program, The World Bank, Washington DC
[5] Stephan KLASEN, “Low schooling for girls, slower growth for all? Cross-country evidence on the effect of gender inequality un education on economic development” in The World Bank economic review, Vol. 16, no 3, 345-373