La course à l'abondance


L’obsession du toujours plus est une respiration humaine, nous expliquerons pourquoi dans la deuxième partie de ce livre. Cela arrange bien nos industriels et nos commerçants puisque nos marchés sont basés sur la croissance et que, tel un organisme vivant, nos sociétés occidentales ne sont pas capables de changer de programmation. Pour ne surtout pas risquer de prendre conscience de l’obsolescence de cette façon de fonctionner et ne pas entendre le langage de nos corps qui souffrent ou s’épaississent régulièrement, de nouveaux produits inondent sans cesse le marché, tous plus sophistiqués les uns que les autres, afin que le consommateur n’ait pas le temps de se lasser. Et les vieux schèmes mentaux continuent de tourner sur eux-mêmes dans l’obsession meurtrière du « toujours plus » qui nous ensevelit sous les acquisitions de toute sorte. Avec la complicité de leurs ouailles encore incapables de se « contenir », les États cherchent toujours à augmenter ou à maintenir leur PNB, ne réussissant pas à échapper à l’absurde fatalité des relances à la consommation.

« Ce n’est pas en continuant à refaire plus de la même chose qu’ils réussiront à changer quoi que ce soit », nous disait Einstein. Comme il serait bon de s’en souvenir. Aucun pouvoir industrialisé en place aujourd’hui n’arrive à faire ou penser autrement qu’hier.

Sénèque nous prévenait : « Nul vent n’est favorable à celui qui ne sait où il va ». Notre monde économique confond les moyens et les buts, ce qui lui permet de se tromper éternellement de direction. L’argent n’est qu’un moyen, et il est érigé en but ultime. Devant une telle absurdité, nous sommes obligés de nous redéfinir individuellement, car des drames humains sont à craindre si nous ne nous réveillons pas à temps.

L'obésité galopante
On constate que la progression du produit national brut d’un pays va de pair avec l’augmentation de comportements névrotiques et l’apparition de l’obésité. Cette dernière, présente depuis longtemps aux États-Unis, est arrivée chez nous.

Désormais, c’est à la toute petite enfance que l’obésité se met en place. Et le sucre est un des piliers de l’obésité.

Que de tentations offertes pour « absorber » des sucreries et autres aliments malsains dans nos sociétés d’abondance ! Et cela marche. En effet, depuis l’origine des temps, le sucre à l’état brut existait peu dans la nature, et hommes et mammifères étaient perpétuellement en manque. Aussi la sélection naturelle a-t-elle fait son œuvre en nous programmant génétiquement à le rechercher activement et à tomber en addiction dès qu’il y en a dans l’environnement, histoire de faire des réserves. Alors, si l’on commence à donner des sucreries à un petit enfant, il en voudra de plus en plus, obéissant à un condi- tionnement animal toujours présent, que nous expliquerons avec le fonctionnement du cerveau.

Combien d’entre nous ne savent plus ce qu’est une sensation de faim, ayant perdu toute faculté instinctive de se restreindre. Si l’on ajoute à cela les conditions de vie antinaturelles avec la station assise dans les bureaux, le temps passé devant les ordi- nateurs, les transports en commun, les déplacements en voiture, l’assise devant les téléviseurs, etc., le cercle dangereux se referme. L’immobilité n’a jamais aidé à éliminer les graisses qui s’accumulent ainsi paisiblement dans les tissus, les vaisseaux et les organes et envahissent au passage symboliquement nos cerveaux.

Finalement, tout est en place pour que les sociétés d’abon- dance aident leurs concitoyens à voguer durablement vers l’obésité 4, les chiffres parlent d’eux-mêmes. La campagne du président des États-Unis Barack Obama contre l’obésité s’est heurtée à trop de lobbies économiques en place pour avoir eu une quelconque efficacité. Beaucoup sont impliqués dans ce désastre, nous avons déjà cité le secteur alimentaire et la grande distribution. Mais que dire des laboratoires pharmaceutiques ? La montée de l’obésité est une véritable manne pour eux. Que de consommateurs potentiels nouveaux. Après les antidépresseurs, les coupe-faim, l’avenir est assuré. Les actionnaires pourront être satisfaits, il y a encore de beaux jours à venir. Il y a fort à parier que l’obésité sera traitée à coups de petites pilules plutôt que de remise en cause d’habitudes malsaines. Alors, comme pour les antidépresseurs, sans démarche individuelle active, un nouvel asservissement sera au rendez-vous avec son cortège d’effets secondaires, et ce d’autant plus que les coupe-faim n’ont d’efficacité que le temps de leur présence. Prendre un médicament à vie... le drame est que les effets secondaires d’un médicament ne se découvrent parfois qu’après 10 ou 15 ans d’utilisation. Certains coupe-faim ont provoqué des fibroses pulmonaires mortelles 10 ans après la première prise. Combien ont été touchés ? Et qui le sait ? Trop souvent, le silence pudique sur ce genre de conséquences est de mise. « Mais bon » dira-t-on régulièrement en détournant vite son attention.

 

Martine Laval     
                                                                              

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