Rapport du GIEC et urgence climatique


Le 1er volume du 6ème rapport du GIEC a été publié le 9 août 2021, donc 3 mois avant la COP 26 qui se déroulera du 1ᵉʳ au 12 novembre 2021 à Glasgow, en Écosse, et qui réunira les 195 États membres de la Convention-Cadre des Nations unies sur les changements climatiques.
 
Ce rapport met en évidence l’impact des activités humaines sur l’ampleur, la rapidité et la généralisation des changements du système climatique actuellement observés. Il montre que les émissions de gaz à effet de serre (GES) dues aux activités humaines ont élevé les températures d’environ 1,1°C depuis la période 1850-1900.
 
Cinq scénarios sont analysés, du plus optimiste – augmentation de la température moyenne mondiale de 1,5°C - au plus pessimiste - son augmentation de 4°C - d’ici à 2040. Un Atlas interactif (
https://interactive-atlas.ipcc.ch
) est proposé comme outil pour « fournir une information plus transparente et accessible », explique Valérie Masson-Delmotte, Directrice de recherche au CEA et coprésidente du groupe de travail chargé de la première partie de ce 6ème rapport.
 
Les rapports du GIEC, issus d’un travail important de nombreux scientifiques du monde entier, sont indispensables pour que les politiques et les décideurs prennent les bonnes initiatives pour rééquilibrer les climats, mais aussi pour tous les citoyens afin que la société civile puisse s’impliquer. Ils sont nécessaires pour nourrir la prise de conscience collective qui ne cesse de croître et ainsi répondre au désarroi des citoyens devant les catastrophes observées et annoncées.
 
La France a salué officiellement cette publication mais le gouvernement français est embarrassé par l’absence de la plupart des réalisations concrètes sur lesquelles il s’était engagé depuis les Accords de Paris (COP 21) et la Convention Citoyenne pour le Climat.
 
Pour limiter le réchauffement, il n’y a qu’une seule solution : arriver à la neutralité carbone, il ne faut pas émettre plus de CO2, et de méthane que ce qui peut être absorbé naturellement et artificiellement. Mais comme dans les éditions antérieures de ces rapports, aucune mention n’est faite sur l’importance des effets sur le climat des activités militaires, en temps de guerre sur son propre sol ou en projection dans d’autres pays (Sahel, Afghanistan…), comme en situation de paix en dehors de la participation à un conflit. Le bilan carbone des différentes manœuvres, exercices, … des armées est certainement considérable mais on n’en parle pas, ou de manière partiale : la presse a parlé, en les majorant, des manœuvres récentes de la Russie sur son propre sol mais elle est muette sur les manœuvres US/OTAN actuelles et prévues pour 2021 et 2022 dans l‘est de l’Europe et dans le Pacifique qui mobilisent plus de 10 fois plus d’effectifs et de matériels.
 
Les conditions du combat aérien du futur, à la base de la conception du successeur du chasseur-bombardier Rafale, comprennent un usage massif des drones et l’expansion des moyens de communication entre ces aéronefs, le sol et les satellites : on ignore trop souvent la pollution générée par le « big data » civil et militaire dont l’impact est sans doute du même ordre de grandeur que celui qui est généré par les transports ou l’industrie.
 
Il ne faut cependant pas désespérer : une réflexion générale sur nos modes de vie et de production pourra stabiliser le climat. L’Atlas Interactif joint à ce rapport permet de simuler les multiples futurs potentiels par région et il donne des outils pour que chacun puisse réfléchir et s’impliquer individuellement et collectivement.
 
Et si, mondialement, étaient éliminées les sources importantes d’émission de Gaz à Effet de Serre produites par les armées ainsi que les diverses pollutions détériorant l’environnement souvent à très long terme : pillage des ressources de la Terre et humaines, déforestations, accaparement des terres vivrières, utilisation de produits toxiques, risque d’explosion d’une des 17000 bombes nucléaires, mais aussi l’extension des réseaux de communication énergivores ?
 
Et si les dépenses et investissements engloutis dans des œuvres de mort liées à toutes les armées du monde, qu’elles soient en guerre ou non, étaient consacrés à la recherche de la sécurité humaine dans ses sept composantes interdépendantes (économique, alimentaire, sanitaire, environnementale, personnelle, communautaire et politique) définies en 1994 par le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) ?
 
S’ils en ont la volonté politique, avec l’ONU, les femmes et les hommes sont capables d’arrêter les guerres et de freiner les activités militaires tout en développant la coopération à la place de la domination et de la surexploitation des ressources. Œuvrons pour qu’ils soient capables de préserver notre planète et de trouver des solutions pour minimiser les conséquences du dérèglement climatique dont ils sont responsables.
 
C’est bien à une convergence des luttes dans tous les domaines de la vie que nous appelons grâce à l’ingéniosité de femmes et d’hommes, pour plus de solidarité, pour le partage des ressources naturelles, pour vivre dans un monde davantage en sécurité. Le dérèglement climatique est inéluctable quel que soit le scénario, mais ses conséquences peuvent devenir extrêmement dramatiques avec l’augmentation de la température mondiale moyenne si nous n’agissons pas au niveau nécessaire, comme il est encore possible.
 
Il nous faut prendre conscience que la militarisation en constante progression dans la majorité des pays (Dépenses mondiales militaires : 1981 Md$ pour l’année 2020, sans doute encore plus en 2021) impacte le changement climatique. Il nous faut prendre conscience que le dérèglement climatique augmente les inégalités sociales qui sont la source de nouveaux conflits (insécurité alimentaire, des frontières, augmentation des migrations…). Et ne pas oublier dans les rapports le secteur militaire comme source de CO2 !
 
Le Mouvement de la Paix s’est engagé dans toutes les actions pour le désarmement, y compris nucléaire, pour la justice sociale et climatique, et participe aux différentes initiatives pour la Paix et pour le climat en appelant à promouvoir la Culture de la Paix avec ses 8 domaines d’action et les 17 Objectifs du Développement Durable. Seule une pratique constructive, collective et démocratique peut empêcher que les pires scénarios deviennent des réalités. L’optimisme ne peut être que la conséquence d’actions concrètes.
 
La 2ème édition du livret «
Paix et Climat
» édité par le Mouvement de la Paix est un outil pour réparer le grand vide des implications des activités militaires et guerrières dans le dérèglement climatique.
 
Saint-Ouen, le 19 août 2021
Le Mouvement de la Paix