L’innovation, élément-clé d’une économie sobre en ressources et en carbone

 

 

Opter pour un nouveau modèle économique plus propre et sobre passe notamment par le développement de solutions innovantes capables de limiter les impacts des activités sur les ressources et le climat. De telles solutions existent déjà, d’autres en sont encore au stade de la recherche, de la démonstration ou du développement, d’autres encore sont à venir. Toutes s’inscrivent dans une logique d’économie circulaire ou d’économie bas carbone.

Production, bâtiment, aménagement, transport, agriculture..., toutes les filières économiques sont concernées par la nécessité de préserver les ressources et de lutter contre les dérèglements climatiques que ce soit par atténuation ou par adaptation. Une part toujours plus importante des solutions innovantes concerne l’amélioration de l’efficacité énergétique, « premier carburant mondial » selon l’Agence internationale de l’énergie. Dans ce domaine, les possibilités sont vastes puisque l’on peut soit accroître le service rendu, soit réduire la consommation d’énergie ou coupler les deux. L’innovation porte sur les matériaux pour le bâtiment (isolants, vitrages...), les équipements (ventilateurs, climatiseurs ou systèmes d’éclairage intelligents et interactifs) ou utilités (froid industriel...), la valorisation de chaleur perdue, les systèmes de stockage d’énergie qui deviennent plus accessibles, les solutions logicielles de gestion de l’énergie ou de suivi des consommations, les dispositifs d’effacement ou encore l’intégration de l’intelligence dans les instruments de mesure, contrôle ou pilotage.

De son côté, l’innovation en matière d’énergies renouvelables ou de récupération continue à avancer, permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de gagner en autonomie. En témoignent par exemple la recherche toujours plus pointue en matière de carburants alternatifs (ex. : bioGNV), la réduction de la taille de certaines installations comme les centrales de cogénération, les nouvelles applications du photovoltaïque, les nouveaux développements dans les énergies marines ou fluviales, les avancées en matière de pile à combustible ou encore la structuration de la filière biogaz.

Notons que les secteurs EnR et efficacité énergétique constituent les deux secteurs des cleantech qui enregistrent le plus grand nombre de création de startups en France, avec 21% pour les EnR et 20% pour l’efficacité énergétique, devant les transports : 16%(1).

La filière Transport / mobilité confirme son fort potentiel d’évolution dans tous ses domaines : applications intelligentes, motorisations électriques haut rendement, véhicules de plus en plus légers pour la mobilité urbaine, recharges rapides des véhicules électriques, équipements intelligents pour le stationnement ou la gestion du trafic, évolution des nouveaux services en plein essor comme le covoiturage et l’auto-partage, développement des solutions de transport par câble...
L’optimisation des ressources passe également par des démarches innovantes dans le domaine des matériaux avec, par exemple, des molécules, matériaux ou produits ‘biosourcés’ (à base de ressources renouvelables) développés par la chimie du végétal. Deux projets du Trophée de la recherche publique(2) l’illustrent d’ailleurs parfaitement (cf. liant alternatif au bitume pétrolier issu de la transformation de résidus de biomasse ; résines ‘vertes’ à base de chitosanes et alginates applicables en lithographie). Elle s’affirme dans la réduction des consommations et la lutte contre les pertes et gaspillages avec, en particulier, l’écoconception qui permet de proposer des produits ou procédés plus économes en ressources mais aussi moins impactants car générant moins de déchets, rejets ou émissions. Elle se traduit aussi par des solutions toujours plus innovantes en matière de réutilisation ou de recyclage/valorisation de déchets, coproduits ou eaux usées pour en faire de nouvelles matières premières. Enfin, l’optimisation des ressources est particulièrement prégnante dans le domaine de l’eau avec des solutions toujours plus innovantes en matière d’efficacité hydrique, de smart water, de réutilisation d’eau pluviale, de dessalement, de détection de fuites ou autres (dispositifs bioclimatiques, toitures ou façades végétalisées...). Elle est également au cœur des solutions liées à la préservation et la restauration de la biodiversité : instruments de mesure, systèmes de modélisation des impacts, techniques ‘douces’ de restauration, molécules alternatives pour la gestion des espaces verts ou l’agriculture urbaine ou encore outils de gestion des écosystèmes comme l’agro-écologie ou l’agroforesterie.

D’une manière plus transversale, l’innovation dédiée à la préservation des ressources et du climat est largement facilitée par l’essor du numérique. On l’a vu ci-dessus avec le déploiement considérable des systèmes intelligents, notamment dans la métrologie (capteurs et compteurs communicants de nouvelle génération, systèmes de modélisation...), mais il faut aussi compter sur les développements prometteurs liés aux objets connectés, aux big data et aux télécommunications. L’efficacité énergétique et le transport en témoignent déjà aujourd’hui mais les opportunités ne cessent de croître, notamment dans les domaines de la ville et de l’agriculture (cf. réseaux intelligents ou ‘smart grids’, green IT, géo-information, drones, etc.). Par exemple, un autre projet intéressant du Trophée de la recherche publique de l’Ademe porte sur un système de suivi / évaluation des pluies en Afrique qui s’appuie sur les réseaux de téléphonie mobile.
La « disruption », une évolution dans l’innovation

Quand on parle d’innovation, on pense généralement à l’innovation technologique. Mais on peut aussi innover sur les modes d’organisation, les procédés, les modèles d’affaires, le marketing ou le commercial. Le concept de disruption, en pleine émergence, désigne un modèle de transformation dans l’organisation d’un secteur d’activités, les exemples les plus connus aujourd’hui étant Uberpop ou AirBnB. L’arrivée massive des nouvelles technologies numériques pourrait-elle, à terme, ‘disrupter’ le secteur de l’énergie tel qu’on le connaît actuellement ? Cette question d’avant-garde fera l’objet d’une session plénière le 14 octobre dans le cadre du tout premier Eco-Innovation Summit.

(1) Source : Panorama des cleantech en France en 2015, GreenUnivers et EY
(2) Le Trophée de la Recherche Publique Environnement Energie Climat sera remis le mardi 13 octobre à 16h15.