Dimanche 17 avril 2016 - 9H25
Guillaume Apollinaire © FTV
À l’occasion de l’exposition « Apollinaire, le regard du poète » — jusqu’au 18 juillet 2016 au musée de l’Orangerie, à Paris —, France 5 diffuse un passionnant documentaire sur celui que Jean Cocteau appelait le « voyant considérable ». Un passeur d’art et un témoin de tous les bouleversements esthétiques du début du XXe siècle…
Lorsqu’il rejoint Paris au tout début du XXe siècle, Guillaume Apollinaire n’a que 20 ans. La capitale française est alors la terre d’élection de toutes les avant-gardes picturales. Dans ce terreau fertile, le jeune Wilhelm Kostrowitzky (son vrai nom) ne se contente pas de publier des contes et des poèmes dans des revues. Il arpente aussi les expositions, côtoie les marchands d’art, découvre les sculptures primitives de l’art nègre, explore sans relâche l’ensemble des mouvements de libération esthétique. Celui qui voit alors « autant de diversité que l’œil peut en supporter » devient critique d’art. L’apparition du fauvisme, la naissance du cubisme, les futuristes italiens… aucune œuvre importante de l’époque n’échappe à son regard. Il défend Braque, Vlaminck, Matisse, Rousseau, Derain, Delaunay… S’enthousiasme pour Kandinsky, s’émerveille pour Chagall, s’éprend de Marie Laurencin. Et se lie d’amitié avec Pablo Picasso et Max Jacob, avec lesquels il nourrit l’espoir de faire advenir un mouvement poétique global…
Cubisme poétique
De fait, sa production infuse largement dans l’avant-garde de l’époque, à l’image du recueil de poèmes Alcools (1913) qui transforme les méthodes picturales de ses amis en technique poétique. Dans ses Calligrammes (1918), objets sensibles à la frontière de l’écriture et de la peinture, Apollinaire teste les liens puissants qui unissent l’écriture aux images. Il invente des alphabets, des poèmes-dessins, des « idéogrammes lyriques ». Chaque lettre devient alors un visage singulier, une silhouette dansante… L’écriture est une image, l’image, une écriture.
Lorsque la Grande Guerre éclate en 1914, Apollinaire s’engage volontairement dans l’armée et part pour le front. Mais ni son désir de création ni ses liens avec ses amis ne sont freinés par la guerre. Écrire à ses proches lui permet de sauvegarder les textes, les poèmes, les dessins qu’il produit frénétiquement et qui pourraient disparaître avec lui. La violence du conflit impulse ses formes, son rythme. Blessé à la tempe par un éclat d’obus, Apollinaire est évacué à Paris au printemps 1916. Ses amis artistes l’entourent et le dessinent en poète soldat, le front bandé. Affaibli par sa blessure, Apollinaire meurt de la grippe espagnole en 1918 à l’âge de 38 ans.
Jean-François Parouty
Documentaire
Durée 52 min
Réalisation Pascale Bouhénic
Production Cinétévé, avec la participation de France Télévisions
Année 2016
facebook.com/pages/La-Galerie-France5
#galerief5
Plus de programmes sur www.france5.fr