Colon à cheval, Baoulé, Côte d’Ivoire,
première moitié du XXe siècle, Bois, pigments
© Alain Weill / Photographie : Alberto Ricci
L’Europe n’a ni l’exclusivité ni le monopole du regard sur l’Autre. Cette affirmation sonne aujourd’hui comme une évidence, mais il ne faut pas oublier qu’au cours des derniers siècles, ce regard fut l’un des apanages de l’Occident et légitima une vision unilatérale du monde. Néanmoins, si l’Europe imposa sa vision de l’Autre, ses représentants et ambassadeurs furent aussi épiés et analysés avant d’être imités, admirés, critiqués ou moqués.
Présentée en 2015 à la Fondation Arnaud en Suisse, l’exposition HOMME BLANC / HOMME NOIR aborde un sujet inexploré depuis les années 1950 : la représentation de l’homme blanc en Afrique. Le musée du quai Branly a choisi d’offrir à ses visiteurs cette vision inédite des rapports entre l’Occident et l’Afrique en présentant dès le 16 juin 2016 une partie de cette exposition, à travers 90 objets et photographies du 20e siècle.
Tandis que marins, soldats, missionnaires et commerçants occidentaux sillonnaient les côtes de l’Afrique de l’Ouest dès le 16e siècle, leurs hôtes, dont on aurait tort de croire qu’ils furent de passifs témoins, assimilaient également les conséquences de cette intrusion. En d’autres termes, tandis que l’Europe conquérante se familiarisait avec la figure de l’Africain, celui-ci, de son côté, commençait à intégrer cet autre au teint pâle dans son propre univers symbolique et artistique.
Des ivoires sapi à la sculpture dite « colon », nombreuses sont les déclinaisons de l’homme blanc ou de ses attributs dans l’art africain, tout comme est large le spectre des œuvres, qui tantôt participent de la reproduction la plus dépouillée, tantôt s’incarnent dans des objets aux résonances éminemment poétiques.
HOMME BLANC / HOMME NOIR s’offre comme une invitation à la découverte de l’art métissé dit « colon », trop longtemps négligé des institutions et de l’histoire de l’art africain mais qui s’avère en réalité d’une insoupçonnable richesse. Il ne s’agit pas d’un art « pour touriste » mais bien de productions artistiques qui s’inscrivent dans une histoire de l’art africain toujours en mouvement et qui ne cesse de se réinventer. HOMME BLANC / HOMME NOIR soulève alors la nécessité de se débarrasser d’une lecture primitiviste de l’art africain aujourd’hui complétement dépassée.
L’installation HOMME BLANC / HOMME NOIR réunit un ensemble de 90 sculptures et photographies du 20e siècle selon six vitrines thématiques :
- La force et l’ironie : si l’Occidental est parfois représenté de manière ironique pour critiquer son impérialisme, il peut également apparaître comme une figure de pouvoir
- La rançon de la gloire : autour de la notion d’identité dans la statuaire « colon », sont évoquées les représentations de personnages occidentaux réels comme la reine Victoria, le général de Gaulle, ou encore Brigitte Bardot
- Au service de la foi : évocation de différents aspects de la présence catholique en Afrique à travers des statues de missionnaires, des crucifix, etc.
- Sur l’autel de la modernité : la figure de l’homme blanc représentée à travers des objets de consommation, de locomotion (vélo, voiture...)
- Chefs d’œuvre : présentation de huit sculptures et masques considérés comme des pièces majeures de l’art dit « colon »
- Accumulations : une trentaine de sculptures montre la variété de la production de l’art colon
« Nous souhaitons garder une place à des formes de présentation plus légères, plus souples, mais
aussi plus libres, plus personnelles et à l’occasion plus iconoclastes. »
Stéphane Martin, président du musée du quai Branly Un espace modulable sur le Plateau des collections
Cet espace de 170 m2 est conçu comme un cabinet de curiosités contemporain pouvant présenter une trentaine d’œuvres. L’Atelier Martine Aublet présente chaque année une moyenne de trois installations qui mettent en lumière les nouvelles acquisitions du musée, la photographie contemporaine non-occidentale, une collection extérieure invitée, les collections du musée du quai Branly ou encore une carte blanche à des artistes contemporains, des personnalités ou encore des institutions culturelles et scientifiques partenaires du musée.
Ces projets spécifiques offrent une liberté et une souplesse de mise en place dans des délais courts, en fonction de l’actualité du musée, et des grands événements nationaux et internationaux, permettant de créer des événements inattendus.
Depuis son ouverture en 2012, l’Atelier Martine Aublet a présenté 10 installations :
LA DAME DU FLEUVE (5/6/12 – 7/10/12). Concepteur : Philippe Peltier
PLÂTRE OU PAS ? (13/11/12 – 27/01/13). Concepteur : Yves Le Fur
LE RIRE, L’HORREUR ET LA MORT, Affiches peintes des vidéoclubs et images des morts au Ghana (26/02/13 – 19/05/13). Concepteur : Germain Viatte
« J’arrive, j’aime, je m’en vais », PIERRE LOTI, L’AMBIGU EXOTIQUE (25/06/13 - 29/09/13). Concepteur : Claude Stéphani
RESIDENCES DE PHOTOQUAI (13/01/13 – 26/01/14). Concepteurs : Céline Martin-Raget ; Christine Barthe
« MODESTES TROPIQUES » – Hervé Di Rosa (04/03/14 - 18/05/14). Carte blanche à l’artiste PROPAGANDA, Les femmes dans la révolution, Vietnam 1954 - 1980. Affiches du Musée des femmes du Vietnam à Hanoï (24/06/14 - 28/09/14). Concepteur : Christine Hemmet
JOYCE MANSOUR, Poétesse et collectionneuse (18/11/14 - 01/02/15). Concepteur : Philippe Dagen
L’ANATOMIE DES CHEFS-D’ŒUVRE (10/03/15 - 17/05/15). Concepteurs : Olivia Bourrat et Christophe Moulhérat
MARC COUTURIER, L’ALEPH (23/06/15 – 20/09/15). Carte blanche à l’artiste
LE COMTE DES NUAGES, Masanao Abe face au Mont Fuji (03/11/15 – 17/01/16). Concepteur : Pr. Yoshiaki Nishino
DAKAR 66, Chroniques d’un festival panafricain (16/02/16 – 15/05/16). Concepteurs : Sarah Frioux-Salgas, Dominique Malaquais et Cédric Vincent.
Cet espace porte le nom de Martine Aublet en hommage au directeur, conseiller du président pour
LA FONDATION MARTINE AUBLET
Outre l’Atelier Martine Aublet, plusieurs axes, en lien avec les actions du musée, ont été choisis par la Fondation Martine Aublet pour orienter son engagement :
- l’attribution de bourses destinées à aider de jeunes chercheurs à se former sur le terrain et à mener à bien une recherche dans les domaines de l’ethnologie, de l’histoire des arts extra- européens et de l’histoire des arts. Ces bourses, d’un montant de 15.000 euros chacune, ont bénéficié à 38 jeunes chercheurs du monde entier depuis leur création en 2012. Elles ont été remises suite à un appel d’offre international.
- le prix Martine Aublet est décerné par la Fondation Martine Aublet - en collaboration avec le musée du quai Branly - à une personnalité scientifique reconnue, soucieuse de transmettre son savoir à un large public, dans les domaines de l’ethnologie, de l’histoire extra-européenne et de l’histoire des arts, et dont l’œuvre est publiée en France.
Doté de 20.000 euros, le premier prix a été remis le 1er octobre 2012 à l’anthropologue Francoise Héritier, Professeur honoraire au Collège de France, saluant ainsi l’ensemble de son œuvre et de sa carrière ; le deuxième prix a été attribué, le 03 mars 2014, à Maurice Godelier pour son ouvrage « Lévi-Strauss » (2013, Le Seuil) ; le troisième prix a été attribué, le 16 novembre 2015, à l’historienne Emmanuelle Loyer pour son ouvrage Lévi-Strauss (2015, Flammarion).le mécénat, disparue prématurément le 3 avril 2011.
Plus d'infos :
Musée du quai Branly
www.quaibranly.fr