Petite histoire de l’Égypte

 

 
Les Égyptiens l’appelaient Kémet, terme qui signifie « La [terre] noire » en référence à la couleur du limon fertile déposé par la crue du Nil. Elle portait également le nom de Taouy, « Les Deux Terres » : la Basse-Égypte au nord et la Haute-Égypte au sud. Les Hébreux la nommaient Misraïm, « Les deux [pays] étroits », et les Arabes Misr « Le [pays] étiré, ficelé ». Le nom latin « Égypte » est issu du grec Aigyptos, lui-même dérivé du nom égyptien de la ville de Memphis, Hout-Ka-Ptah, à savoir « Le Temple du Ka de Ptah ». Ptah, dieu tutélaire de la ville de Memphis et protecteur de tous les artisans dont les gestes reproduisent la création divine de l’univers.

La légende, rapportée par Manéthon de Sebennytos, prêtre égyptien du IIIe siècle av. J.-C., raconte que la ville de Memphis fut fondée vers 3100 av. J.-C. par le roi Nârmer qui confirma l’unification des deux pays en établissant l’institution pharaonique. D’après l’égyptologue Bernadette Menu, Nârmer est aussi connu sous le nom de Ménes, titre signifiant « Celui qui fonde et établit de manière durable ». Située dans le delta du Nil, place stratégique sur les plans militaire et économique, Memphis fut durant plus de trois millénaires la capitale politique et religieuse de l’Égypte pharaonique.

Au Néolithique ancien, soit aux environs de 7000 av. J.-C., probablement pour échapper à l’aridité naissante du désert, des tribus se regroupèrent dans la vallée fertile du Nil où elles purent rapidement tirer profit des crues du fleuve. Né au sud dans les montagnes d’Éthiopie, le Nil coule vers la Méditerranée sur plus de six mille kilomètres en traversant les déserts de Libye et de Nubie (région longeant le Nil située à l’extrémité sud de l’Égypte et au nord du Soudan). Tous les ans, aux alentours de la mi-juillet, gonflé par les pluies tropicales et la fonte des neiges des montagnes éthiopiennes, il inonde toute la vallée. Lorsqu’il reprend son cours normal, à partir de novembre, il laisse un limon très fertile de couleur noire qui permettra d’obtenir d’abondantes récoltes. Ce phénomène n’est plus visible aujourd’hui car la crue est contenue par plusieurs barrages et notamment celui d’Assouan qui forme le lac Nasser. La redéfinition des surfaces cultivables après chaque crue fut l’occasion pour les Égyptiens de développer les techniques d’arpentage ainsi que la géométrie, terme grec signifiant « mesure de la terre ».

Progressivement se constituèrent deux royaumes politiquement distincts et dont les appellations sont dues au sens de l’écoulement du Nil. Au sud, la Haute-Égypte représentée par la couronne blanche et symbolisée par le jonc, et au nord, la Basse-Égypte représentée par la couronne rouge et symbolisée par l’abeille. Le roi des Deux Terres, celui qui appartient au jonc et à l’abeille, porte le titre de pharaon, « Celui de la grande maison », devient le garant de l’ordre établi et de la prospérité, assisté de son premier ministre le vizir et de nombreux fonctionnaires, scribes et ritualistes tous organisés en une hiérarchie d’une étonnante modernité pour l’époque.

Périodes dynastiques
La période prédynastique (5500 av. J.-C.)
Dernière période de la préhistoire égyptienne appelée dynastie zéro. Dernier roi de cette période, Nârmer, « L’aimé du poisson-chat », connu aussi sous le nom de Ménes « Le fondateur », confirma l’unification des deux royaumes La période thinite (époque archaïque de 2950 av. J.-C. à 2650 av. J.-C.)

Période d’organisation du pays nouvellement unifié.
Ire dynastie (de -2950 à -2770)
IIe dynastie (de -2770 à -2650)
Pharaons : Aha, Ouadjy (l’ancien roi-serpent), Den, Adjib, Raneb, Khasekhémoui.
Ancien Empire (2650 av. J.-C. à 2155 av. J.-C.)

Âge d’or où furent établies les fondations de la civilisation égyptienne. Début des grands travaux architecturaux (pyramide à degrés de Saqqarah) dirigés par Imhotep, le chancelier du roi Djéser. Le règne de Snéfrou marqua un changement décisif tant sur le plan de l’architecture funéraire avec les trois pyramides (pyramide Meïdoum, pyramide à double pente de Dahchour-Sud et la pyramide rouge de Dahchour-Nord) que sur le plan philosophique avec la consécration du concept de la Maât, la lutte contre le chaos, la loi qui maintient l’équilibre du monde en harmonie avec les intentions divines. La Ve dynastie, avec l’apparition des temples à ciel ouvert, marqua l’arrivée du culte osirien.
IIIe dynastie (de -2650 à -2575)
IVe dynastie (de -2575 à -2465)
Ve dynastie (de -2465 à -2325)
VIe dynastie (de -2325 à -2155)
Pharaons: Djéser, Snéfrou, Khéops (Khoufou), Djédefrê (Rêdjédef), Khéphren (Rêkhâef), Mykérinos, Shepseskaf, Sahourê, Nyouserrê-Ini, Ounas, Téti, Pépy Ier, Nétjerkarê (Nitocris).
Première période intermédiaire (2155 av. J.-C. à 2055 av. J.-C.)
Période troublée qui dura un siècle, jusqu’à l’arrivée de Montouhotep à la seconde partie de la XIe dynastie, vers -2055.

VIIe dynastie : fictive car il n’existe aucune référence historique sur cette période. VIIIe dynastie (de -2155 à -2134)
IXe et Xe dynasties (de -2134 à -2040)
Moyen Empire (2134 av. J.-C. à 1785 av. J.-C.)
Retour au calme et à la prospérité après une première période intermédiaire très agitée. L’Égypte accentua son ouverture au Proche-Orient et Thèbes devint la capitale principale.
XIe dynastie (de -2134 à -1991)
XIIe dynastie (de -1991 à -1785)
Pharaons : Montouhotep II, Amenemhat Ier, Sésostris Ier, Sésostris III et Amenemhat III.

Deuxième période intermédiaire (1785 av. J.-C. à 1552 av. J.-C.)
Un peuple étranger venu de l’est, s’adapta à la culture égyptienne et fonda sa propre dynastie avec pour capitale Avaris située dans le delta oriental (actuelle Tell El-Dab’a). Les provinces du sud ne furent pas occupées mais restèrent sous le joug de ces nouveaux dictateurs. Les Hyksôs, traduction grecque du terme égyptien héqaou khasout et signifiant « souverains étrangers, princes du désert », très avancés technologiquement, introduisirent les chevaux et le char de guerre.

XIIIe et XIVe dynasties (de -1785 à -1650)
XVe et XVIe dynasties hyksôs (de -1650 à -1540)
XVIIe dynastie (de -1650 à -1552)
Pharaons : Séqénenrê Tâa, Kames.
Nouvel Empire (1552 av. J.-C. à 1070 av. J.-C.)
À Thèbes, la persévérance de Séqénenrê Tâa II, Kames (Kamosis) et Iâhmes Ier permit de chasser du pouvoir les Hyksôs. Le renouveau qui s’ensuivit permit à la puissance égyptienne d’atteindre son apogée et de rayonner sur le monde extérieur. Période qui a vu la naissance de nombreux chefs-d’œuvre architecturaux et l’arrivée du culte monothéiste d’Aton imposé par Akhénaton.
XVIIIe dynastie (de -1552 à -1306)
XIXe dynastie (de -1306 à -1186)
XXe dynastie (de -1186 à -1070)
Pharaons : Amenhotep Ier, Hatshepsout, Thoutmosis III, Amenhotep III, Amenhotep IV, Akhénaton, Toutânkhamon, Horemheb, et pour l’époque ramesside : Séthy Ier, Ramsès II, Ramsès III.
Troisième période intermédiaire (1070 av. J.-C. à 664 av. J.-C.)
L’Égypte des pharaons perd son unité et amorce son déclin. XXIe dynastie (de -1070 à -945)
XXIIe (bubastide), XXIIIe et XXIVe dynasties (de -945 à -712) XXVe dynastie koushite, éthiopienne (de -712 à -664).
Basse époque (664 av. J.-C. à 332 av. J.-C.)
Guerres intestines, anarchie, pillages, les Assyriens et les Perses occupent le pays. XXVIe dynastie saïte, période de renaissance avec Psammétique Ier (de -664 à -525) XXVIIe dynastie, première domination perse (de -525 à -404)
XXVIIIe dynastie (de -404 à -399)
XXIXe dynastie (de -399 à -380)
XXXe dynastie, Nectanébo II, dernier pharaon (de -380 à -343)
Seconde période dominée par les Perses (XXXIe dynastie de -343 à -332)
Période macédonienne (de -332 à -305)
Période ptolémaïque (de -305 à -30)
Période romaine (de -30 à 395) puis période copte jusqu’à la conquête arabe en 639.


En 332 av. J.-C., Alexandre III de Macédoine, plus connu sous le nom d’Alexandre le Grand, chassa les Perses et s’autoproclama pharaon dans la ville de Memphis. Il choisit l’emplacement d’une nouvelle capitale ouverte sur la Méditerranée, la future Alexandrie. Il confia cet important chantier à Cléomène de Naucratis et Dinocrate de Rhodes. Les Macédoniens conservèrent les traditions égyptiennes et favorisèrent le culte d’Isis et de Sérapis (Ouser-Apis).

En -47, César devint l’amant de Cléopâtre VII qui se vit restituer le trône d’Égypte. Elle n’hésita pas à évincer ses frères et sœur pour atteindre son but. À la mort du dictateur, la reine se lia avec Marc Antoine contre Octave le neveu et fils adoptif de César. Elle fut vaincue en l’an -31 lors de la bataille navale d’Actium. La croyant morte, Marc Antoine mit fin à ses jours. À Alexandrie, Cléopâtre se donna la mort le 12 août de l’année -30, empoisonnée par le venin d’un cobra. Dans la mythologie égyptienne, le cobra femelle nommé « jar.t : iâret » représente la fille et l’œil de Rê dont la fonction est de protéger pharaon contre ses ennemis. On le retrouve dressé sur la partie frontale de la coiffe des pharaons.
En -27, Octave fut proclamé empereur à Rome sous le nom d’Auguste et l’Égypte devint une simple province du Grand Empire romain.

Reines et rois
En égyptien ancien, le mot « nom » se prononce « rèn » et s’écrit avec deux hiéroglyphes unilitères (un seul son), la bouche et le filet d’eau « rn ». Pour les Égyptiens de cette époque, lorsqu’un être partait rejoindre l’au-delà, le monde des « justes de voix » et des « esprits lumineux », il laissait sur Terre son nom qui était révélateur de sa nature intérieure. C’est pour cette raison que l’attribution d’un nom était une affaire très importante, et que le châtiment suprême était le remplacement du nom initialement reçu, et pour un personnage notable, l’effacement de son nom gravé dans la pierre. Les titulatures des reines et des rois étaient composées de plusieurs catégories comportant chacune plusieurs noms. Parmi ces catégories on trouve :
- le nom d’Horus, dans un sérekh « srx » qui est la façade du palais ;
- le nom des deux maîtresses « nb.ty : nebty », la déesse vautour Nékhébet « Nxb.T » en Haute-Égypte et la déesse cobra Ouadjet « WAD.t » en Basse-Égypte ;
- le nom d’Horus d’or « Hr (ny) nbw : her nébou » dont la signification exacte est inconnue ;
- le nom du roi de Haute et Basse-Égypte « n(y)-sw.t-bjty : ny-sout-bity », celui du jonc et de l’abeille ;
- et enfin, le nom du fils de Râ « sA Ra : sa Râ » qui est le nom personnel du roi. Ces deux derniers noms sont les seuls à se trouver dans un cartouche « Sn : shen ».
Âha – Ire dyn. de -3125 à -3100
Premier pharaon, fils de Nârmer. Sépulture à Abydos. Le combattant.
Djéser (Djoser) – IIIe dyn. de -2650 à -2630
Fils de Khâsekhémouy. Sépulture à Saqqarah.
Sacré, splendide, magnifique, celui dont le corps est divin.
Snéfrou – IVe dyn. de -2605 à -2570
Fils de Mérésânkh (sa mère). Sépulture à Dahchour-Nord. Seigneur de la règle Maât, celui qui rend parfait.
Khéops (Khnoum Khouefoui) – IVe dyn. de -2570 à -2545
Fils de Snéfrou. Sépulture à Gizèh. Khnoum me protège.
Khéphren (Rêkhâef) – IVe dyn. de -2545 à -2520
Fils de Khéops. Sépulture à Gizèh. Rê apparaît.
Mykérinos (Menkaourê) – IVe dyn. de -2520 à -2490
Fils de Khéphren. Sépulture à Gizèh. La puissance de Rê est durable.
Montouhotep II – XIe dyn. de -2055 à -2005
Fils d’Antef III. Sépulture à Deir El-Bahari.
Montou, celui qui unit les Deux Terres, est satisfait.
Sésostris Ier (Sénousret) – XIIe dyn. de -1965 à -1920
Fils d’Amenemhat Ier. Sépulture à El-Lisht. L’homme de la puissante.
Séqénenrâ Tâa II – XVIIe dyn. de -1558 à -1554
Fils de Séqénenrâ Tâa Ier. Sépulture à Thèbes. Celui que Rê a rendu brave, victorieux.
Ahmose Ier (Iâhmésy) – XVIIIe dyn. de -1550 à -1525
Fils de Séqénenrâ Tâa II. Sépulture à Thèbes. La Lune a été mise au monde.
Thoutmosis Ier (Djéhoutymes) – XVIIIe dyn. de -1504 à -1492
Fils d’Iâhmes. Sépulture à Thèbes, vallée des rois. Thot a été mis au monde.
Hatshepsout – XVIIIe dyn. de -1479 à -1457
Fille de Thoutmosis Ier. Sépulture à Thèbes, vallée des rois. La première des dames nobles.
Amenhotep II (Aménophis) – XVIIIe dyn. de -1427 à -1400
Fils de Thoutmosis III. Sépulture à Thèbes, vallée des rois. Amon est satisfait.
Akhénaton (Aménophis IV) – XVIIIe dyn. de -1355 à -1335
Fils d’Aménophis III. Sépulture à Tell El-Amarna. Celui qui est utile à Aton.
Toutânkhamon – XVIIIe dyn. de -1335 à -1325
Fils d’Akhénaton. Sépulture à Thèbes, vallée des rois. Symbole vivant d’Amon.
Horemheb – XVIIIe dyn. de -1325 à -1295
Sépulture à Thèbes, vallée des rois. Horus est en fête.
Séthy Ier – XVIIIe dyn. de -1295 à -1279
Fils de Ramsès Ier. Sépulture à Thèbes, vallée des rois. Celui de Seth.
Ramsès II – XVIIIe dyn. de -1279 à -1213
Fils de Séthy Ier. Sépulture à Thèbes, vallée des rois.
C’est Rê, l’aimé d’Amon qui l’a mis au monde.
Psammétique Ier (Psémétjek) – XXVIe dyn. de -664 à -610 Fils de Nékao Ier.
Amasis / Ahmose (Iâhmès) – XXVIe dyn. de -570 à -525
Fils de Tapérou.
La lune a été mise au monde.
Cambyse II (Kembitjet) – XXVIIe dyn. -525 à -522
Fils de Cyrius.
Darius Ier (Darouash) – XXVIIe dyn. de -521 à -486
Fils d’Hystaspès.
Nectanébo II (Nakhtnébef) – XXXe dyn. de -360 à -343
Fils de Tjahâpimou. Dernier pharaon.
Horus de Hébyt (Behbeit el-Hagar) est puissant.
Alexandre – Période macédonienne de -332 à -305
Fils de Philippe II de Macédoine.
Cléopâtre VII – Période romaine de -51 à -30
Fille de Ptolémée XII.

 

Nicolas Orneto       

                        
                                                                              

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