Monaco, 6 mai 1955 - Histoire d'une rencontre

Monaco, 6 mai 1955 - Histoire d'une rencontre

 


Grace Kelly tourne sur la Côte d’Azur, en 1954, un film d’Alfred Hitchcock, La Main au Collet, dont une des scènes mythiques se déroule sur les hauteurs de la Principauté.
Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans Une fille de la province, invitée de la VIIIe édition du Festival de Cannes, Grace Kelly est,
au printemps 1955, l’actrice américaine du moment. Malgré un emploi du temps très chargé, elle accepte un rendez-vous de dernière minute avec le prince de Monaco, dans l’après-midi du 6 mai.

Imaginée par Pierre Galante, journaliste à Paris Match, cette rencontre, qui a failli ne jamais se produire, est immortalisée par les clichés de Michel Simon et Edward Quinn, qui sont pour la première fois exposés ensemble.
Conçue autour d’un parcours photographique avec un regard d’historien, cette exposition se propose de revenir sur les pas de Grace Kelly,
dans les lieux mêmes où elle a rencontré le prince Rainier, autour de la robe qu’elle portait à cette occasion, mais aussi d’objets personnels,
de lettres, de témoignages, d’extraits de journaux et de films. Toute cette documentation montre comment le reportage sur l’après-midi du 6 mai, passé quasi inaperçu sur le moment, est devenu un mythe, avec ses mémoires et ses légendes.
Moins d’une année après cette rencontre, éphémère mais décisive, le prince Rainier III épouse Grace Kelly, les 18 et 19 avril 1956.

L’ACTRICE AMÉRICAINE DU MOMENT
CINQ FILMS TOURNÉS EN 1954
Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock
Les Ponts de Toko-ri de Mark Robson Une fille de la province de George Seaton L’Émeuraude tragique d’Andrew Marton La Main au collet d’Alfred Hitchcock
Elle est « The Most Wanted Woman »
pour reprendre l’expression du journaliste Rupert Allan, dans le magazine américain Look. En France, Paris Match lui offre sa couverture.

UN TOURNAGE SUR LA CÔTE D’AZUR
Bien qu’elle n’y ait pas elle-même tourné de scène,
Grace Kelly découvre Monaco en 1954 durant le tournage de La Main au collet sur la « French Riviera ». Elle rencontre sur le plateau le photographe Edward Quinn et l’habilleuse Gladys de Segonzac.

LA CONSÉCRATION DE L’OSCAR
Le 30 mars 1955, Grace Kelly est reconnue meilleure actrice de l’année par l’Académie des arts et sciences du cinéma pour son rôle dans Une fille de la province.
LA « REINE » DE CANNES
Dès lors, le Festival de Cannes s’efforce de convaincre l’oscarisée Grace Kelly – et sa maison de production,
la Metro-Goldwyn-Mayer – d’être l’invitée vedette
de sa 8e édition fin avril - début mai. Le délégué général
du festival, Robert Favre Le Bret, s’appuie sur ses amis, notamment Pierre Galante, journaliste à Paris Match,
très introduit à Hollywood. Rupert Allan emporte finalement la décision de Grace Kelly.

UN VOYAGE DÉCISIF
Mercredi 4 mai 1955. Paris, gare de Lyon. Grace Kelly prend le Train bleu pour Cannes, où le festival a déjà commencé. Elle est accompagnée d’une amie, Gladys de Segonzac, rencontrée l’année précédente sur le tournage de La Main au collet, qui, au moment de monter dans le train, va la présenter à Pierre Galante et à sa femme Olivia de Havilland.
Pierre Galante raconte la suite dans le magazine Marie-Claire en avril 1956 :
« Le lendemain, Olivia, Grace et moi, nous nous retrouvâmes dans l’étroit couloir du compartiment. [...] La conversation nous amena à parler de Monaco et de son jeune souverain, le prince Rainier. Elle parut s’intéresser à ce personnage. Je leur suggérai d’organiser une rencontre, car le journaliste n’a point un esprit fait comme les autres. Les images et les paroles de la vie courante n’éveillent pas en lui
des sensations mais des titres en gros caractères, des photos en première page, des légendes sous des photos stupéfiantes. [...] Il ne me restait plus qu’à organiser la rencontre. Cela était plus facile à imaginer qu’à mettre sur pied car on ne manie pas les monarques comme de simples figurants de cinéma. »

UN PRINCE MÉDIATISÉ
Le prince Rainier fait la une de Paris Match
à l’occasion de son avènement en 1950, mais bénéficie surtout d’un beau portrait en 1954.
Une partie de l’équipe de la rencontre de 1955
est déjà à l’œuvre : les journalistes Pierre Galante
et Jean-Paul Ollivier, le photographe Edward Quinn. Au début de l’année 1955, avant même la rencontre,
le regard de Monaco est déjà tourné vers les États-Unis. Le prince a d’ailleurs auprès de lui, depuis 1951,
un influent chapelain américain, le R.P. Francis Tucker. Rainier III règne depuis près de six ans et cherche
à insuffler un dynamisme nouveau à la Principauté
en partant à la conquête de l’opinion publique américaine : un portrait du souverain paraît en février dans McCalls, un mensuel féminin qui tire à plus
de quatre millions d’exemplaires. Une étudiante américaine est reçue peu après au palais. Paris Match s’en fait l’écho, Semaine du monde aussi. Tout concourt donc à ce que le prince Rainier accepte l’idée d’un reportage au palais en compagnie
de l’actrice américaine Grace Kelly.

REGARDS ET GESTES TECHNIQUES
Edward Quinn et Michel Simon ont choisi d’utiliser des appareils capables de s’adapter à toutes les situations. Très apprécié
par les reporters en raison de son format compact, de la précision de son posemètre mais aussi de son obturateur réactif et silencieux, le Leica permet d’opérer avec une discrétion maximale.
Plus performant pour gérer la profondeur de champ et obtenir
une précision de détails à la lumière, le Rolleiflex à double objectif se caractérise par la qualité de ses optiques et sa pellicule argentique au format carré, d’une surface d’image de 56 x 56 mm, alors que le Leica ne propose qu’un format 24 x 36 mm. En moins de deux heures de temps, les photographes impressionnent quelques trois cents clichés de Grace Kelly et du prince Rainier.


Exposition Palais Princier Monaco

du 14 mai au 15 octobre 2019