Les parfums de l'intranquillité, exposition à partir du 9 juillet à l'Hôtel des Arts, Toulon

 HÔTEL DES ARTS,
Centre méditerranéen d'art du Département du Var
9 juillet – 25 septembre 2016

Inci Eviner Something Bad, 2016 - Vidéo Courtesy Galeri Nev Istanbul ; Production de l'Hôtel des Arts, centre d'art du Département du Var

Inci Eviner Something Bad, 2016 - Vidéo
Courtesy Galeri Nev Istanbul ; Production de l'Hôtel des Arts,
centre d'art du Département du Var

 L'Hôtel des Arts, centre d'art du Département du Var, développe depuis sa création une politique d'expositions permettant de penser une réalité euro- méditerranéenne. Les territoires, les frontières, les cultures, les identités et les esthétiques sont autant d'axes qui traversent les projets offrant de multiples pistes de lecture d'une contemporanéité méditerranéenne complexe et en mouvement. L'exposition collective « Les Parfums de l'intranquillité » s'inscrit pleinement dans cette démarche: à l'heure où les outils de communication permettent une circulation des pensées et des conflits dans un même mouvement et à grande vitesse, laissant pourtant présager le partage des connaissances et la libre circulation des Hommes et des idées, certains territoires, paradoxalement, vivent des temps d'instabilité dont le statut souvent malmené des femmes et des enfants en est le premier reflet.

L'exposition propose un cheminement au cœur d'expressions artistiques multiples qui abordent le féminin au travers des prismes des territorialités euro- méditerranéennes.
Le titre de l'exposition est inspiré de l’œuvre posthume de Fernando Pessoa à travers la création de son double Bernardo Soares et intitulé « Le livre de l'intranquillité » paru une première fois en 1982. Journal intime, récit désenchanté tout comme roman géo-poétique d'une errance dans Lisbonne, Pessoa nous expose à la lecture de l’œuvre une « prolifération de soi même » comme un lent et souvent douloureux bercement au centre de son existence vécue en constellation.

Inquiètes tout comme souvent traversées des agitations sociétales et politiques ou encore questionnant le féminin par la recréation permanente de ses formes d'apparition, les œuvres rassemblées ou produites pour l'exposition dessinent un parcours narratif comme un lent égarement au sein de territoires étranges et parfois étrangers, autant d'occasions de ressentir les parfums d'un présent inconstant. Chaque œuvre présentée au sein d'une scénographie spécifique apparaît tel un « miroir sensible tombé au hasard et tourné vers la diversité du monde » (Pessoa).

L'exposition regroupe treize artistes femmes essentiellement issues de pays bordant la mer Méditerranée. Y sont présentées les œuvres de Lara Baladi, Angela de la Cruz, Tacita Dean, Canan Senol, Nermine Hammam, Hayv Kahraman, Cristina Lucas, Nissreen Najjar, Marinella Senatore, Jada Sterbak ainsi que trois productions commandées pour l'occasion à Inci Eviner, Katia Kameli et Aicha Hamu, qui a également contribué à la conception scénographique.

Issues d'Irak, Israël, Égypte, Espagne, Italie, France, Algérie, Liban, Turquie ou encore de diasporas, les artistes sélectionnées pour l'exposition témoignent, revisitent, digressent et donnent forme à des œuvres filmiques, sculpturales,

photographiques, où sont abordées parfois en creux ces transformations de sociétés, jouant chacune d'atmosphères comme autant de destinations.
L’Hôtel des Arts métamorphosé devient l'espace modifié d'une déambulation immersive et feutrée, qui d'une installation à l'autre, se vit par le visiteur comme une odyssée : chaque œuvre une destination, un questionnement, une approche symbolique, métaphorique et singulière du féminin aujourd'hui.

Entre violence et force, entre une interpellation vive et le chuchotement pourtant si bruyant des fragilités contemporaines, le centre d'art départemental, alors personnage principal d'une épopée en Méditerranée, crée les conditions de ce récit. A l'image du rôle de première importance joué par le Hammam Gellért, titre du film de Tacita Dean et sorte de prologue de l'exposition, l'architecture et la mise en espace des œuvres permettent avant tout à ces voix singulières de s'exprimer et aux visiteurs d'en ressentir l'urgente nécessité.

Un catalogue publié aux Editions Liénart et illustré de prises de vue in situ rend compte de ce parcours et en offre une version augmentée notamment par des textes inédits d'Emmanuelle Lequeux (catalogue à paraître fin juillet 2016).