Le pied, le pull-over et le système digestif, Daniel Dewar et Grégory Gicquel, Saint-Nazaire, Estuaire Nantes < > Saint-Nazaire © Franck Tomps / LVAN |
Le Voyage à Nantes vous invite à aller à la rencontre de la nouvelle œuvre du parcours Estuaire Nantes <> Saint-Nazaire : signée Daniel Dewar et Grégory Gicquel, érigée à Saint-Nazaire, elle s’intitule Le pied, le pull-over et le système digestif. L’occasion aussi de (re)découvrir la collection à ciel ouvert composée de 33 œuvres pérennes d’artistes de renommée internationale, sur les rives de la Loire.
Conçu initialement comme un événement biennal en 3 éditions (2007-2009-2012), ESTUAIRE NANTES <> SAINT-NAZAIRE est aujourd’hui une collection à ciel ouvert sur les rives de la Loire composée d’œuvres permanentes d’artistes de renommée internationale tels que Jimmie Durham, Sarah Sze, Jeppe Hein, Tatzu Nishi, Huang Yong Ping, Angela Bulloch, Tadashi Kawamata, Daniel Buren... cette collection continue de s’enrichir au fil des années et des opportunités. C’est ainsi que Tadashi Kawamata créait en 2019 Le Belvédère de l’Hermitage et que Vincent Mauger installait ses Sémaphores sur les parcours cyclables entre Nantes et Saint-Nazaire. La collection se compose aujourd’hui de trente-quatre œuvres réparties sur les 120km de rives nord et sud de la Loire entre Nantes et Saint-Nazaire. Chacune des œuvres a été pensée en fonction du site sur lequel elle est présentée, et révèle ainsi les paysages contrastés de l’estuaire de la Loire, entre réserves naturelles et monuments industriels.
Daniel Dewar et Grégory Gicquel développent une pratique de la sculpture à quatre mains depuis 1998. Leur travail iconoclaste enfreint les codes préétablis de la sculpture et agit selon un principe d’engagement physique perpétuel avec les matériaux et les processus. Depuis leurs débuts, Daniel Dewar et Grégory Gicquel sont des autodidactes dans la plupart des techniques qu’ils s’attèlent à décortiquer et maîtriser l’une après l’autre de façon méthodique, et chaque matériau gagne en signification au fur et à mesure qu’ils le travaillent. Dans une démarche qui consiste en une progressive et complexe restitution d’images sculpturales, les artistes ne se soumettent jamais aux règles de la tradition. Ils fabriquent leurs propres règles et leur propre langage. Leur considération pour l’origine et la nature des matériaux en relation avec un sujet ou un modèle, ainsi que la manipulation manuelle et idiosyncratique de techniques et outils, obsolètes comme très modernes, confèrent aux artistes un potentiel sculptural absolument unique.
Entre « la pince de crabe », à proximité de la capitainerie, de l’écluse et de l’ancienne Usine élévatoire, une petite plage jalonnée de pins parasols plonge dans le bassin de l’avant-port de Saint-Nazaire. Le long du Vieux Môle, longue jetée en pierre ponctuée de carrelets, les remorqueurs attendent les prochains navires. Entre les deux phares, à l’horizon, le fleuve rencontre l’océan. Sur cette plage délaissée de sable et de rochers qui glisse doucement en pente vers l’océan, les artistes imaginent une œuvre composée de trois sculptures monumentales représentant respectivement un pied, un pull-over et un système digestif. Composées de larges blocs de béton sculpté, superposés les uns sur les autres, les gigantesques figures se dressent jusqu’à près de sept mètres de haut. En avancée au centre de la plage le pied humain, nu et posé à plat sur le sol, est campé dans le sable et la roche à la frontière de la terre et de la mer. S’apercevant depuis le début de la jetée et depuis la place du commando, le pull-over, orné de torsades, s’érige sans corps tel un monument au besoin primaire et universel de s’habiller. Il est aussi un écho aux traditions des costumes et de la mode. Le système digestif, quant à lui, se dresse dans la profondeur du bassin. Créature étrange aux tubulures entrelacées, il produit l’image du monde intérieur et invisible, l’idée d’énergie et de mouvement. Plus ou moins immergées selon les marées, les sculptures, modelées puis agrandies par les artistes se découvrent selon plusieurs points de vue. La texture du béton mime les couleurs de la plage dont elles émergent et les pierres et minéraux du milieu marin qui les entoure. Les lignes formées par l’assemblage des blocs entre eux rappellent la construction de la digue et des architectures portuaires. On peut imaginer que le temps laissera le goémon et les coquillages s’agripper partiellement à leur surface. Les sculptures agencées par télescopage dans le bassin forment une suite d’images qui s’animent lentement dans le paysage à mesure du déplacement du visiteur. Tels des fragments de corps, d’architecture ou de monuments portuaires, elles dressent à l’échelle du paysage le portrait d’une civilisation moderne soumise à l’érosion et à la colonisation des éléments.
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