EXPOSITION "TISSEUSES DE MÉMOIRE"


 

"L’historienne d’art Jelena Petrović dit du tissage qu’il est l’avènement de l’histoire et une forme exclusivement féminine d’écriture ; il s’agit là d’un réseau de résistances qui peut être pensé à partir du mythe d’Arachné ainsi que de nombreux récits héritiers de celui-ci. Ces derniers, restés occultés ou peu visibles, révèlent les angles morts de nos savoirs collectifs et de nos politiques, au sein desquels les voix des femmes demeurent silencieuses. Cette façon métaphorique de réimaginer l’écriture à partir d’un art traditionnellement féminin comme l’est le tissage, introduit aussi le démêlage comme une forme de résistance de la mémoire"

Carolina Ariza - Commissaire de l'exposition (extrait du texte)

 

Nous présenterons lors de cette exposition le travail de quatre artistes femmes colombiennes tisseuses de mémoire :

 

Leyla Cárdenas, Julia María López Mesa, Ana María Lozano Rivera et Camila Salame

 

Leyla Cardenas

Née à Bogotá, elle étudie l’art à l’Université des Andes à Bogotá (1995-1999) et obtient un Master en sculpture à l’Université de Californie à Los Angeles (USA) en en 2004. Elle a exposé au Palais de Tokyo (Artesur, collective fictions, 2013), à la Biennale de Cuenca en Equateur (2018), et a participé à des expositions au LACMA Museum of Fine Arts de Houston, au Musée du Banco de la República de Bogotá, au Musée d’Art Moderne de Medellín et au Musée La Tertulia à Cali entre autres. Leyla Cardenas a déjà obtenu plusieurs distinctions ; elle a notamment reçu la bourse CIFO 2019, le prix Oma 2016 durant la foire Artbo (Bogotá), ainsi que résidente à la Jan Van Eyck Academie (Maastricht) entre 2015 et 2017. 

 

Julia María López Mesa

Après avoir étudié les Arts Plastiques à l’Université Nationale de Colombie à Medellín (2003-2008), elle débarque à Paris en 2011 où, passant d’une maison à une autre, elle commencera à sentir le poids des vêtements dans sa condition de nomade. Incapable de s’en débarrasser de par la charge affective qu’elle leur accorde, elle commencera à les transformer, les coudre et les découdre pour les faire devenir la matière première de son œuvre. Elle s’installe à Saint-Denis en 2014 dans l’atelier de création du 6B, où elle développer plusieurs projets autour de la mémoire véhiculée par les vêtements dans le contexte de Saint-Denis. Elle va alors recueillir à travers ses différents projets avec la communauté (La maison jaune- lieu expérimentation artistique sociale et urbain, 2016-2019 ;In TISSU, 2018-2019), des vêtements porteurs de souvenirs qui réactivent la pratique de la transmission du legs et de la mémoire familiale.

 

Ana María Lozano Rivera

Après avoir étudié les Beaux-Arts à l’Université Nationale de Colombie à Medellín (2006-2011), elle s’installe à Paris en 2012 où elle obtient d’abord le Diplôme National Supérieur d’Arts Plastiques de l’École Nationale Supérieure des Beaux- Arts de Paris en 2015, et ensuite un Master en anthropologie à l’EHESS en 2018. Actuellement, Ana María Lozano Rivera est animatrice culturelle et conférencière au sein de La Fabrique, Fab-lab de la Galerie des enfants au Centre Georges-Pompidou et vient de commencer un doctorat en anthropologie créative à l’EHESS sous la direction de Klaus Hamberguer sur les cartographies sensibles chez les indiens Kogi de Colombie.

 

Camila Salame

Développant ses projets entre Bogotá, Paris et Beyrouth, elle étudie l’art et l’histoire de l’art à la Faculté d’Arts et d’Humanités de l’Université des Andes à Bogotá (2003-2008) et puis réalise un Master en Arts Plastiques à Université Paris 1 Panthéon- Sorbonne à Paris (2011-2013). Son travail a été présenté entre autres dans le cadre de l’exposition Exposure : Jeune scène artistique libanaise au Beirut Art Center (Beyrouth) en 2013, et à l’exposition Attaches : Jeune scène artistique colombienne à Paris à la Cité Internationale des Arts à Paris en 2017-2018. Elle est l’une des lauréates sélectionnées pour participer au prochain Salon de Montrouge en avril 2019.

 

Carolina Ariza, commissaire de l'exposition

Née à Bogotá en 1977, elle sort diplômée de l’ENSBA Paris (École Nationale Supérieur des Beaux-Arts) en 2005, pour ensuite se tourner vers un parcours universitaire. Elle a récemment soutenu sa thèse de doctorat en Arts à La Sorbonne Paris 1, intitulé « Une mémoire à l’œuvre : Résurgences artistiques de la « petite histoire » en Colombie. Cette recherche porte sur la façon dont les artistes se sont emparés de l’écriture de l’histoire en Colombie, ainsi que dans d’autres contextes politiquement instables, en réinventant des méthodologies de recherche propres à l’art. Elle est auteure de textes parus dans le catalogue de l’exposition America Latina Photographies 1960-2013 (Fondation Cartier, novembre 2013-avril 2014), ainsi que du texte « Geografías desechas: sobre el dislocamiento de los espacios y las cosas » (Géographies désuètes : sur la rupture des espaces et des choses) paru dans le catalogue de l’exposition Próximo Futuro (Fondation Gulbenkian, Lisbonne, juin 2014). Elle a été fondatrice et enseignante dans le programme de Master sur l’Amérique Latine à l’IESA Arts et Culture en 2016 où elle a été commissaire de l’expositionMurmures et visions : une déambulation en Amérique Latine; responsable de la section Amérique Latine dans les Solo Projects de la Foire SWAB à Barcelone en 2014 et 2015 ; ainsi que chargée de recherche pour l’Amérique Latine au Centre Pompidou au sein du projet Recherche et Mondialisation dirigé par la conservatrice Catherine Grenier en 2011. Elle est actuellement commissaire et chercheuse.