Exposition Galerie des Gobelins 20 octobre 2016 – 4 janvier 2017


TOMBÉE DE MÉTIER / édition 2016

Le jour de la tombée de métier, moment où l’on détache l’oeuvre de son support, l’artiste et l’artisan découvrent ensemble la réalisation dans son intégralité. C’est un moment d’émotion intense. L’aventure, qui s’achève à cet instant, a débuté plusieurs années auparavant. Cette aventure est avant tout l’histoire d’une rencontre entre un artiste et des artisans d’art.
Atelier de teinture
des manufactures
© Yvan Moreau.

Le jour de la tombée de métier, moment où l’on détache l’oeuvre de son support, l’artiste et l’artisan découvrent ensemble la réalisation dans son intégralité. C’est un moment d’émotion intense. L’aventure, qui s’achève à cet instant, a débuté plusieurs années auparavant. Cette aventure est avant tout l’histoire d’une rencontre entre un artiste et des artisans d’art.

L’édition 2016 « Tombée de métier » présente les dernières créations de tapisserie, tapis et dentelle de 15 artistes venant d’horizons très divers : André-Pierre Arnal, Michel Aubry, Albert Ayme, Erik Boulatov, Daniel Chompré, Stephen Craig, Sheila Hicks, Nathalie Junod Ponsard, Klaus Rinke, Pierre Mabille, Claire Pichaud, Ghislaine Portalis, Frédéric Ruyant, Jana Sterbak, Jacques Vieille. L’exposition ambitionne également de montrer la vitalité, l’inventivité, la diversité des savoir-faire textiles, d’une part et de valoriser le processus créatif, d’autre part.

L’identité du textile des manufactures du Mobilier national se définit essentiellement par ses modes de fabrication : tapisserie de haute lisse de la manufacture des Gobelins, tapisserie de basse lisse de la manufacture de Beauvais, tapis point noué de la manufacture de la Savonnerie, dentelle à l’aiguille de l’atelier d’Alençon, dentelle aux fuseaux de l’atelier du Puy.

Tous ces savoir-faire textiles, depuis louis XIV, sont au service du regard des artistes contemporains. Génération après génération, de nouveaux créateurs fournissent les modèles d’où naissent des œuvres qui, contribuent à renouveler le genre et à déployer le potentiel des techniques traditionnelles perpétuées par les manufactures. C’est grâce à cela que l’art textile ne cesse de se réinventer tout en restant fidèle à lui-même.

Les manufactures sont au cœur de la question de l’intéraction entre tradition et innovation. Elles doivent rester ouvertes à la modernité tout en restant fidèles à leur vocation et leur histoire. Elles produisent des pièces en deux dimensions reposant sur le croisement des fils de chaîne et des fils de trame, la trame recouvrant complètement la chaîne. Une telle fidélité à leur identité découle de leur savoir-faire mais aussi de leur mission, qui est de contribuer à l’ameublement et à la décoration des palais officiels de la République.

Compte tenu de cette double contrainte, l’innovation de leur production repose essentiellement sur la nouveauté intrinsèque des projets proposés par les artistes dont l’œuvre est la source des tissages. La réputation du savoir-faire français, s’appuyant sur une longue tradition d’excellence, attire non seulement les artistes de l’hexagone mais aussi les artistes européens et même internationaux. Ils perçoivent dans l’art textile un mode d’expression propre à traduire leur vision du monde. La peinture, dépossédée de sa toute puissance, est supplantée par les différents aspects de la création contemporaine que sont le collage, la photographie, l’image numérique, la vidéo.... Le potentiel expressif du médium textile se prête à la transposition de tous les types d’écriture, de la figuration à l’abstraction, du noir et blanc à la couleur, des sujets les plus traditionnels aux sujets les plus décalés
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Les artistes, par leur créativité, et les artisans, par leur savoir-faire, contribuent ensemble à tisser le fil qui donne vie et sens à une longue tradition toujours en mouvement. Le tissage de chaque nouveau projet traduit la conquête d’un nouveau territoire.

Dans un monde hyper technicisé, en proie à un mouvement général d’accélération, les savoir-faire artisanaux, marqués par la lenteur et la patience, paraissent offrir une forme de résistance. Dans les manufactures, le temps est comme suspendu. Le travail est long, c’est un avantage qui permet d’aller plus loin, à chaque étape. La liberté de l’artisan, c’est le temps.

Nous ne sommes pas dans une valorisation économique du temps mais plutôt dans une valorisation de dimension humaine. Notre fil d’Ariane est l’intemporalité, réunissant le passé, le présent, le futur. Le temps est une invisible réalité. Il apparaît dans l’espace du travail, dans l’espace du regard, dans l’espace des formes représentées. Le temps ainsi travaillé résonne, prend corps et cette corporalité de l’espace et de la forme donne une sensation de plénitude. Ce rapport au temps crée profondeur et source d’énergie. D’une œuvre à l’autre, d’une période à l’autre, il existe un lien caché, une continuité secrète. Les fragments de temps forment une autre séquence, une autre durée, infiniment plus grande, l’instant dans l’éternité.

Dans chaque œuvre textile se discerne l’histoire de la croyance au savoir- faire humain. Ce n’est pas seulement la beauté qui nous émeut, c’est la force de l’histoire que chaque œuvre nous révèle. Ainsi, l’Art et le Métier d’art réinventent le monde et le temps dans lequel nous vivons.

Quand l’artiste vient aux Gobelins, l’enclos historique créé par Louis XIV, il est d’emblée projeté dans un nouvel espace-temps. D’abord le lieu est silencieux, coupé de l’agitation de la ville. Il découvre dans ce havre de paix, des savoir-faire pratiqués par des artisans d’art depuis plus de 350 ans. Ces artisans tissent du temps, de la patience, de la concentration, de l’émotion en même temps qu’ils tissent le fil coloré des expressions artistiques qui les relient du passé au présent. Une œuvre mécanique aussi bien exécutée soit elle, ne pourra jamais rivaliser avec la main guidée, pensée, réfléchie de l’artisan. A chaque étape du travail, il se concentre, s’adapte, corrige, évite la répétition et fait de chaque pièce textile un moment unique.

Commissaire de l’exposition
Marie-Hélène Bersani-Dali, directrice du département de la production du Mobilier national.

Exposition / Visite de la la Galerie des Gobelins

Ouverte du 20 octobre 2016 au 4 janvier 2017 42, avenue des Gobelins 75013 Paris
Accès : métro Gobelins / bus 27, 47, 83, 91
/ Visites individuelles
Tous les jours, de 11 h à 18 h, sauf les lundis, le 25 décembre,
le 1er janvier et le 1er mai. Fermeture de la billetterie à 17 h 30. Plein tarif : 8 €
Tarif réduit : 6 €
Accès gratuit le dernier dimanche de chaque mois.
/ Visites conférences
Les samedis à 14h30 et 16 h. Durée: 1h
Vente sur place dès l’ouverture de la galerie à 11 h, dans la limite des places disponibles.
Adultes : Plein tarif : 14 € / Tarif réduit : 10 € Enfants : 7 €
Réservations
Individuels / Groupes
T. 01 44 08 52 74 ou resa.gobelins@culture.gouv.fr Pas de réservation sur place.
Visite jumelée des Manufactures des Gobelins et des expositions.