Fêtes et divertissements à la Cour de Versailles

 En monarque politique, le roi Louis XIV a su porter au faîte de sa magnificence le « grand divertissement » faisant de Versailles un lieu de fêtes et de spectacles pour toujours plus de grandeur, d’extraordinaire et de fantastique. En fin psychologue, il a compris que « cette société de plaisirs, qui donne aux personnes de la cour une honnête familiarité avec (le souverain), les touche et les charmes plus qu'on ne peut dire » (Louis XIV, Mémoires pour l'instruction du Dauphin, 1661) est nécessaire au cadre politique qu'il a instauré. Il faut, pour l’ordinaire de la vie de cour, de nombreux divertissements. Il faut, pour l’extraordinaire des événements royaux, étonner et émerveiller la cour, le royaume, l’Europe. Chacun de ses successeurs, en fonction de ses goûts et de l’évolution de la mode, maintient cette tradition de faste et de création dans le domaine du divertissement.

Promenade de Louis XIV en vue du Parterre du Nord dans les jardins de Versailles
Photo (C) RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot

 

En monarque politique, le roi Louis XIV a su porter au faîte de sa magnificence le « grand divertissement » faisant de Versailles un lieu de fêtes et de spectacles pour toujours plus de grandeur, d’extraordinaire et de fantastique. En fin psychologue, il a compris que « cette société de plaisirs, qui donne aux personnes de la cour une honnête familiarité avec (le souverain), les touche et les charmes plus qu'on ne peut dire » (Louis XIV, Mémoires pour l'instruction du Dauphin, 1661) est nécessaire au cadre politique qu'il a instauré. Il faut, pour l’ordinaire de la vie de cour, de nombreux divertissements. Il faut, pour l’extraordinaire des événements royaux, étonner et émerveiller la cour, le royaume, l’Europe. Chacun de ses successeurs, en fonction de ses goûts et de l’évolution de la mode, maintient cette tradition de faste et de création dans le domaine du divertissement.

L’exposition présentera les infinies variétés et ingéniosités des divertissements proposés à la cour, qu’ils soient offerts par le roi ou qu’ils soient pratiqués par elle. Ce sont, d’abord, toutes les formes de spectacles publics, comédies, opéras, concerts, feux et illuminations, mais aussi les représentations privées quand seigneurs et dames de cour deviennent eux-mêmes acteurs ou musiciens. Ce sont les innombrables jeux d’argent qui apportent la fortune ou la ruine. Ce sont les exercices du corps, où il faut briller : la chasse, la danse des bals et des mascarades, le mail et la paume.

Parcourant trois règnes, de Louis XIV à la révolution, le propos de l’exposition ne prétend pas à l'exhaustivité, mais privilégie le ressenti qui était celui du courtisan. Ainsi, si les costumes, peintures, objets, et documents graphiques, provenant de collections publiques et privées, françaises et étrangères, traduisent la diversité des divertissements et le raffinement qui les entoure, ce foisonnement est soutenu par de grands visuels, des images 3D et des mises en scène immersives invitant les visiteurs à redécouvrir l'atmosphère des lieux, parfois disparus, et à mieux s'imaginer être reçus à la cour.

Parcours de l'exposition
1ère section : La chasse
À l’origine de la création de Versailles, la chasse demeure le divertissement royal par excellence. Si les trois rois s’y adonnent plusieurs fois par semaine, c’est sous Louis XV qu’elle atteint sa plus grande ampleur, chasse à tir mais surtout chasse à courre. Suivre le roi à la chasse exige de la part des courtisans de maîtriser parfaitement les usages de la vénerie, ou de partager la passion du souverain, et par là de gagner sa faveur. C’est également un moyen de détente : vitesse et grand air compensent les contraintes de la vie de cour.
Thèmes développés :
• Un rituel, ses moments, participants et personnel, costumes et équipement.
• Le gibier, les chevaux et surtout l’importance des chiens.
• Le côté courtois : la place des dames et le plaisir de la collation.

Le prêt exceptionnel des trois pièces de la tenture des Chasses de Louis XV par le palais Pitti à Florence constitue l'une des œuvres majeures de l'exposition.

2ème section : Les derniers carrousels
Le carrousel est un Autre plaisir équestre, qui a remplacé le tournoi interdit depuis la mort d’Henri II.
Il connaît ses derniers feux à Versailles, en 1664 lors des Plaisirs de l’Ile enchantée, puis en 1685 et 1686 à l’initiative du Grand Dauphin, à la grande Écurie. Mais cette forme de ballet équestre est vouée à disparaître.

Au XVIIIe siècle, les seigneurs de la cour ne peuvent plus assumer les dépenses exorbitantes qu’exige, notamment, le luxe des costumes.

Costumes des participants et harnachement des chevaux concourent à la somptuosité baroque des carrousels. Les documents figurés en témoignent.

3ème section : Lieux et décors de l’éphémère
Tout Versailles, et au-delà, Marly et Trianon, est lieu de théâtre. Les scènes sont à la fois le parc et ses perspectives, et les appartements royaux que l'on aménage de façon provisoire ou durable, jusqu’à la construction de l’Opéra royal dont se dote enfin Versailles pour le mariage du Dauphin en 1770.

Le foisonnement des lieux de scène est à l’image de la brillante vie du spectacle à Versailles.
Thèmes développés :
• Le Temple de Minerve, unique décor complet de théâtre de l’Ancien Régime conservé. Il a été restauré et remonté pour l’occasion.
• Grâce à une modélisation 3D, 5 vidéos projettent le visiteur sur les sites des plaisirs de l’extraordinaire et de l’ordinaire, offrant la découverte des lieux de spectacle, existants ou disparus.

4ème section : Spectacles de scène
Comédies, tragédies, opéras, ballets, ces formes de représentations se retrouvent sous les trois dimensions de l’extraordinaire (largement ouvert à un grand nombre de spectateurs), de l’ordinaire (réservé à la cour) et du théâtre de société (très exclusif).

À noter, la permanence des reprises, le mélange des genres au cours d’une même soirée, et la prédilection pour le comique, voire le burlesque.

Les représentations de l’ordinaire
les représentations de l'ordinaire Dites « spectacles de la cour », sont données en hiver, trois ou quatre soirs par semaine, de 6h à 10h, par les trois troupes privilégiés, alternant comédie française, comédie italienne et tragédie.
• La comédie italienne est spécialisée dans les comédies en trois actes et les divertissements et pièces de circonstance en tous genres. Marivaux est un auteur attitré des comédiens italiens.
• La comédie française se réserve l’exclusivité des grands genres dramatiques, comédies et tragédies en cinq actes.
• La tragédie (lyrique ou opéra) est donnée par l’Académie royale de musique. À Versailles, qui ne possède pas de salle adaptée, contrairement à Saint-Germain et Fontainebleau, elle se joue sans décor ni machine, ni costume. Sous Louis XV (peu porté sur la musique), les ouvrages lyriques sont rarement donnés à l’ordinaire.

Les représentations de l’extraordinaire
• Les comédies-ballets : La princesse d’Elide et Le Malade imaginaire (Molière). • Les tragédies lyriques.
• Les fêtes de 1745 et 1747 : La princesse de Navarre (Voltaire, Rameau), Platée (Rameau).
• Les reprises et réadaptations à l'occasion des mariages de 1770 à 1775 et les visites de 1782, 1784...

Le théâtre de société
•Pour l’éducation de la duchesse de Bourgogne dans le grand cabinet de Mme de Maintenon. Son professeur est Baron ; on joue des pièces édifiantes de Racine (Esther jouée seulement à Saint-Cyr mais où toute la cour se rend et Athalie en 1702) et des pièces composées spécialement par Duché, valet de chambre du roi.
• La Marquise de Pompadour au théâtre des Petits appartements dans l’escalier des ambassadeurs. Durant quatre saisons, de 1747 à 1750 ; de 18h à 22h, chaque soirée est constituée de deux parties avec entracte pour changements de décors et de costumes. On découvre des œuvres déclamées ou chantées, quelques créations à côté du grand répertoire de Molière, Lully et autres. •La troupe des seigneurs au Petit Trianon. Beaucoup moins professionnel que celui de Mme de Pompadour, il bénéficie du concours d'une dizaine d’artistes qui jouent des pièces faciles, d’opéra-comique et de comédie. On compte trois saisons importantes, août et septembre 1780, été 1782 et 1783, et enfin, isolé et point d’orgue, le 19 août 1785, Le Barbier de Séville (Beaumarchais). La reine joue le rôle de Rosine, Artois, Figaro et Vaudreuil, Almaviva...) en présence de l'auteur, invité devant un très petit comité.

5ème section : Concerts
La musique est omniprésente. Placée sous la tutelle du tout-puissant
« Sur-intendant de la Musique de Sa Majesté », la Musique de la Chambre veille aux divertissements quotidiens de la Cour : bals, comédies-ballets, tragédies lyriques et danses pour les « soirées d'appartement » sont de son ressort.
Les concerts d’appartement et, sous Marie Leczinska, les concerts de la reine : ces concerts d’appartements, sans costume, sans décor et sans ballet durent une heure ; parfois les princes remplacent des instrumentistes défaillants. On observe aussi de grands concerts d’appartement donnés deux à trois fois par semaine.
Les concerts de chambre du roi. Le flûtiste Michel de La Barre officie rapidement dans les salons de Versailles, aux côtés de François Couperin, Antoine Forqueray ou les frères Hotteterre, lors de ces fameux concerts de chambre que Louis XIV goûtait à l’extrême fin de son règne.
La pratique personnelle. Louis XIV maîtrise parfaitement le luth et la guitare, jusqu’alors populaire et à laquelle il donne ses lettres de noblesse. Mesdames jouent du violon et la basse de viole, Marie-Antoinette de la harpe.
Nombreux portraits et instruments rappellent ces trois dimensions.

6ème section : Promenades et jeux de plein air
La Promenade du roi.
Tout comme la chasse avec laquelle elle alterne, la promenade dans les jardins offre le plaisir du grand air. Mais sous Louis XIV, que le roi soit à pied, en roulette, ou en calèche, elle demeure un moment de cour. Louis XV et Louis XVI ne s’y rendent qu’en simple particulier, leur présence n’en affecte pas l’agrément.

Un plaisir de découvertes.
Suscitant toujours la surprise et l’émerveillement par leur variété, leur décor et leurs jeux d’eau, les bosquets offrent à la belle saison des refuges où apprécier fraîcheur et chants d’oiseaux.

Lieux de collation, Trianon attire pour ses collections botaniques et la Ménagerie pour ses animaux curieux. Le canal invite en été à la navigation et en hiver, au patinage ou aux courses de traîneaux.
Exercices du corps et jeux d’extérieur.

Entre Versailles, Trianon et Marly, les bons joueurs de mail et de paume ont plusieurs terrains à leur disposition. Audace et qualités sportives sont requises dans un monde en compétition où l’éducation et les qualités personnelles exigent de se surpasser en être et paraître.

7ème section : le jeu
À la cour, le jeu revêt trois formes :
• « Le jeu du roi » et « le jeu de la reine » se tiennent lors des soirées d’appartement à Versailles sous Louis XIV ; le jeu de Marie Leczinska dans le salon de la Paix à partir de 1739 ; et sous les trois règnes dans le grand salon de Marly avec, notamment les loteries ;
• « Le grand jeu », aux soirées de « grand appartement » lors des grandes fêtes royales est un spectacle offert à un public plus large que la Cour ;
• Le jeu intime, où l’assemblée est restreinte et l’étiquette plus relâchée se joue après les soupers du roi dans ses petits cabinets ou chez un courtisan.

Le gros jeu.
Le montant des mises est le fait des grands joueurs (et joueuses). Les pertes entraînent une dépendance financière envers le roi. Jouer à la table du roi est une marque de faveur, faisant et défaisant des fortunes.

Les jeux requièrent des meubles et des accessoires luxueux ; les traités codifient les règles en usage à la Cour.
• Jeux de cartes (lansquenet, hombre, quadrille, reversi, brelan, whist et pharaon...)
• Jeux de hasard (dés, loto, cavagnole...)
• Jeux d’esprit (échecs, dames et surtout tric trac...) • Jeux d’adresse (billard, portique...)

8ème section : Bals et mascarades
Les bals de la cour.
Au temps de Louis XIV, ils ont lieu tous les samedis dans le salon de Mars ou dans la galerie des Glaces. Sous Louis XV, Versailles danse de façon dispersée, surtout dans le salon d’Hercule, mais parfois aussi en quatre endroits (Hercule, Mars, Mercure et Apollon). Plus tard, on compte aussi le petit théâtre de la cour des Princes, qui agrandi, peut se transformer en salle de Bal. Marie-Antoinette redonne à partir de 1775 tous leurs fastes aux bals de la cour, les mercredis (...) depuis le commencement de l’année jusqu’au Carême, notamment dans les maisons de bois, constructions éphémères installées dans les jardins.
Les danses.

Les bals imposent une grande maîtrise technique acquise depuis l’enfance ; les répétitions se font sous le regard de maîtres de danse (Beauchamp, Pécour, Ballon et plus tard Lany, Laval, Gardel et Vestris) ; le bal est ouvert par des danses collectives comme le branle sous Louis XIV puis la gavotte), suivies de danses par couples (surtout les menuets supplantés par les contredanses à partir des années 1750).

Bals parés et bals masqués.
Donnés en de grandes occasions, les bals parés portent à un plus haut degré encore de cérémonie et d’apparat les bals de la Cour ; donnés dans des espaces plus vastes (Grande Écurie, Galerie des Glaces, Opéra). En période de carnaval et pour quelques grandes fêtes, le bal masqué se substitue au bal ordinaire. Ils sont l’occasion d’un déploiement de costumes inattendus, même si chorégraphiquement, ils ne présentent guère de différences.


9ème section : La fabrique ou les effets du merveilleux
Monstres et machinerie.
Effets spéciaux, monstres, gloires et autres effets sonores entraînent les gens de cour dans un monde féérique, révélateur tout autant de l’inventivité des dessinateurs de la chambre du roi et des machinistes, que de la passion des souverains pour les effets baroques.

Feux et illuminations.
Aucun événement extraordinaire ne saurait se passer d’un spectacle pyrotechnique, architectures éphémères s’enflammant, illuminations le long du grand canal, feux dans la cour de marbre ; à chaque fois, le spectacle demande inventivité, technicité et ingéniosité. Pour l'occasion, les meilleurs artificiers sont sollicités.

 

Télécharger le programme complet illustré


Informations pratiques
Moyen d'accès
RER ligne C, en direction de Versailles Château - Rive Gauche
Trains SNCF depuis la gare Montparnasse, en direction de Versailles - Chantiers
Trains SNCF depuis la gare Saint - Lazare, en direction de Versailles - Rive Droite
Autobus ligne 171 de la RATP depuis le pont de Sèvres en direction de Versailles Place d’Armes Autoroute A13 (direction Rouen) sortie Versailles-Château
Stationnement Place d'Armes. Le stationnement est payant, sauf pour les personnes en situation de handicap, et les soirs de spectacles à partir de 19h30.

Horaires d’ouverture

L'exposition est ouverte tous les jours, sauf le lundi et les vendredis 25 décembre et 1er janvier, de 9h à 17h30 (dernière admission 17h), fermeture des caisses à 16h50.

Tarifs
Billet Château incluant la visite de l'exposition : 15 €, tarif réduit 13 €
Passeport (1 journée) donnant accès au Château, aux jardins, aux châteaux de Trianon et domaine de Marie-Antoinette, et aux expositions temporaires : 18€
Passeport 2 jours donnant accès pendant deux jours consécutifs au Château, aux jardins, aux châteaux de Trianon et domaine de Marie-Antoinette, et aux expositions temporaires : 25€ GRATUITÉ pour les moins de 26 ans, résidents de l'Union européenne.
Le parc et les jardins est gratuit tous les jours en basse saison.

Autour de l'exposition
Visites de l'exposition
à 10h30 : 10, 15 et 20 décembre, 5, 13, 21, 25, 29 et 30 janvier, 1er, 4, 7, 12 et 23 février, 1er, 12, 18 et 21 mars. À 14h30 : 17, 23 et 28 décembre, 8, 11 et 17 janvier, 15, 18 et 21 février, 4, 9, 15, 23 et 25 mars.
Visite "Les effets scéniques au Théâtre de la reine"
à 13h30 : 4 et 9 novembre, 7 et 20 décembre, 12 et 25 janvier, 8 et 23 février, 10 et 22 mars à 15h15 : 4 et 9 novembre, 7 et 20 décembre, 12 et 25 janvier, 8 et 23 février, 10 et 22 mars. Sur réservation, par téléphone au 01 30 83 78 00 ou en ligne sur www.chateauversailles.fr
Programmation spécifique pour les abonnés "1 an à Versailles" à découvrir sur abonnement. chateauversailles.fr