Expo : Daphné Chevallereau et Eric Corne "Renverse du souffle"

Exposition du 21 avril au 21 mai 2016

Eric Corne, Les lumières de l'autodafé,
Eric Corne, Les lumières de l'autodafé, à Umberto D, 2016,
huile sur toile, 226 x 183 cm © R. Fanuele

 


Après Terre de Lune en 2014, la galerie Polad Hardouin est heureuse de présenter la nouvelle exposition de Daphné Chevallereau Renverse du souffle, du 21 avril au 21 mai 2016. En complicité avec la galerie Patricia Dorfmann, l'exposition inclura deux tableaux d'Eric Corne, compagnon de peinture de Daphné Chevallereau.

L'exposition comporte une douzaine de travaux sur papier et deux grandes toiles récentes, soit un ensemble d’œuvres marqué par une grande cohérence et un travail minutieux sur les textures (crayon, gouache, pastel, monotype). Le titre fait écho à une des œuvres (« Le souffle renversé ») et renvoie à un poème de Paul Celan : « renverse » pour le trouble des émotions ou l’inversion imaginaire du réel, et « souffle » pour le mouvement intérieur qui anime les œuvres présentées ici.

Fortement inspirée par l'expressionnisme allemand et Beckmann en particulier, l'artiste s'attache à représenter l'individu dans sa relation avec un univers imaginaire, jusque dans ses aspects sombres. Ainsi dans « Charon » un uniforme militaire menace d'une arme un jeune homme au premier plan, tandis que par l'imagination ce dernier s'échappe vers une femme Ophélie des temps modernes, surveillée par Charon. La figure du passeur des Enfers revient dans plusieurs œuvres présentées, aux côtés de la barque : Daphné Chevallereau retravaille en effet toujours un ensemble de motifs d'un dessin à l'autre, sans pour autant concevoir les œuvres comme une série.

L'individu face au monde occupe une place centrale dans ce travail, notamment le lien de la femme à son corps et à ses désirs. Frida Kahlo reste pour Daphné Chevallereau une référence incontournable, au même titre que Myriam Cahn et Marlène Dumas. Il s'agit donc de peindre le corps féminin dans ce qu'il a de plus intime... Femmes plantes, femmes endormies (« L'amour en parachute »), femmes chandeliers (« Lumière tressée ») et toujours la présence des corps nus : « pour moi le désir féminin s'exprime entre pudeur et dévoilement » affirme l'artiste. Les motifs colorés et les matières texturées qui entourent ces femmes semblent surgir soudainement comme enfantés par le corps féminin.

Les scènes mises sur le papier et la toile puisent dans la vie de l'artiste mais sans suivre un fil narratif explicite. Ainsi les figures masculines égarées dans des paysages polychromes peuvent-elles évoquer un archétype masculin au-delà de la relation personnelle de l'artiste avec Eric Corne (« La mélancolie du corail »). Il en est de même des symboles religieux qui se répondent d'un dessin à l'autre : croix, cierges, chandeliers et calices participent de la polysémie des œuvres. Certains motifs fonctionnent aussi comme des rappels d'artistes dont Daphné Chevallereau admire les œuvres. Par exemple la tête de cheval qui surgit dans « Le souffle renversé » évoque les peintures de Chagall, et le cierge auréolé de couleurs dans « Lumière tressée » rappelle Odilon Redon par l'utilisation du pastel sec comme par la thématique. Au-delà des références, les œuvres conservent donc un mystère que renforcent encore certains mots écrits à l'envers par l'artiste : langage chiffré, jeu sur le visible.

Cette part de mystère se retrouve dans le travail d'Eric Corne dont la grande toile s'offre à plusieurs lectures. « L'autodafé et ses lumières » présente une scène d'autodafé supervisé par un squelette et une femme nue, sous le regard d'un peintre hors cadre, et devant un long couloir en perspective. Plusieurs sources de lumière rayonnent comme autant de points de vue : cierges, ampoule, feu, néons. Dans le couloir s'affichent des tableaux qui constituent le musée imaginaire d'Eric Corne. Symboles à déchiffrer, énergie, réflexion sur l'art et le désir : comme dans les travaux de Daphné Chevallereau, il n'y a pas ici de fil narratif imposé.

Daphné Chevallereau est née en 1988, elle vit actuellement à Paris. Elle est diplômée de l’École Nationale Supérieure d'Arts de Bourges. Renverse du souffle est sa deuxième exposition personnelle à la galerie Polad Hardouin.

Eric Corne est né en 1959, il vit à Paris. Il est diplômé des Beaux Arts de Tourcoing et de l’École des Arts décoratifs de Paris. En 2001 il a fondé le centre d'art Le Plateau à Paris, et il a assuré le commissariat de plusieurs expositions en France et à l'étranger. Il est représenté par la galerie Patricia Dorfmann (Paris), la galerie Nosbaum & Reding (Luxembourg) et Nicomède (Biarritz).

 

Galerie Polad-Hardouin
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