Documentaire : Le sculpteur César, l’art et la matière



    Dimanche 10 décembre 2017 à 09.25

 

Comme aucun autre, César a bousculé le monde de la sculpture, en exploitant les matériaux et les techniques de son temps. À quelques jours de l’ouverture de l’exposition qui lui est consacrée au Centre Pompidou, du 13 décembre 2017 au 26 mars 2018, ce film à la première personne explore ses grands gestes artistiques et révèle l’homme singulier.

 

L'IMPÉRIAL CÉSAR

Comme aucun autre, César a bousculé le monde de la sculpture, en exploitant les matériaux et les techniques de son temps. À quelques jours de l’ouverture de l’exposition qui lui est consacrée au Centre Pompidou, du 13 décembre 2017 au 26 mars 2018, ce film à la première personne explore ses grands gestes artistiques et révèle l’homme singulier.

« Je ne suis ni Picasso ni Michel-Ange, mais je suis César… c’est déjà pas mal ! » César, le sculpteur, a sans doute à voir aussi avec chacun de ses célèbres homonymes : l’impérial Romain pour sa conquête du monde, le personnage de Pagnol pour sa faconde méridionale et le trophée du cinéma parce qu’il en est l’auteur.
César Baldaccini est né à Marseille en 1921, dans le quartier de la Belle-de-Mai, où ses parents tenaient un bar. Les carriers du cimetière voisin lui inspirent le goût de la taille de pierre. Il deviendra l’un des plus grands sculpteurs de la seconde moitié du XXe siècle. Admis aux Beaux-Arts à Paris, il découvre la vie artistique des années 1950 : « Je suis né deux fois dans ma vie : à Marseille et à Saint-Germain. » En 1955, il a 34 ans, et un poisson en fer long de plus de trois mètres le fait connaître du grand public. Première époque pour l’artiste qui, tout au long de sa vie, expérimente différentes techniques sur divers matériaux. Pour ce documentaire, elles deviennent chapitres.

Dans des ateliers industriels à Villetaneuse, il pratique la soudure pendant plusieurs années et crée son bestiaire métallique géant. Puis il découvre la compression. « Je suis arrivé jusqu’au bout du langage de la ferraille. À un moment donné, j’ai pris conscience de la quantité. » Les rebuts de la société de consommation triomphante le fascinent. Mais lorsqu’il expose des paquets d’autos compressées, sur le modèle des décharges, il provoque le scandale. On ne touche pas aux objets fétiches de l’époque ! Il bifurque vers un art plus conceptuel au sein du « nouveau réalisme » – mouvement fondé par le critique d’art Pierre Restany – fasciné par New York et le pop art.

Le Pouce de César

Avec la quarantaine, il doute et… agrandit. Désormais, il utilise des machines et la pantographie lui permet de réaliser l’empreinte augmentée de son pouce. Succès qui se déclinera tout au long de sa carrière, et prélude à d’autres empreintes humaines comme le sein d’une danseuse du Crazy Horse. Avec la découverte du polyuréthane, il partage avec le public son émerveillement pour la réaction chimique en créant des formes éphémères. « Je suis devenu un homme qui verse. »

Puis vient le temps de la variation où César se renouvelle en combinant les quatre techniques. Il compresse tout ce qui lui tombe sous la main : « Je reste au niveau même du langage de la matière. » Désormais, ses compressions ne choquent plus et s’arrachent. À partir de 1976, elles deviennent même trophées à la cérémonie annuelle de cinéma qui porte son nom. Exposé dans le monde entier, il devient une figure internationale de la création.

« Un sculpteur, dans mon cas, a toujours envie de participer à l’environnement. » L’ultime étape sera celle de la démesure, avec des œuvres gigantesques, comme un Pablo Picasso en centaure, un Icare géant face à la rade de Hong Kong ou encore son pouce à nouveau, énorme, comme symbole olympique à Séoul. « Chaque fois il faut recommencer et ne pas refaire. »

Anne-Laure Fournier

 

Documentaire

Durée 52 min

Auteure-réalisatrice Sandra Paugam

Production Cinétévé, avec la participation de France Télévisions