DES ARTS PREMIERS À L’ART DU XXIÈME SIÈCLE

MASQUE DE PRINCESSE NGON | PEUPLE BEKOM STYLE DU ROYAUME DE KOM BOIS À PATINE NOIRE, PIGMENT ROUGE H44 CM / H17,3 IN PROVENANCE : COLLECTION RICHARD ULEVITCH, LA JOLLA / COLLECTION STANISLAS GOKELAERE, BRUXELLES COURTESY GALERIE BERNARD DULON

  1. MASQUE DE PRINCESSE NGON | PEUPLE BEKOM STYLE DU ROYAUME DE KOM
    BOIS À PATINE NOIRE, PIGMENT ROUGE
    H44 CM / H17,3 IN
    PROVENANCE : COLLECTION RICHARD ULEVITCH, LA JOLLA /
    COLLECTION STANISLAS GOKELAERE, BRUXELLES COURTESY GALERIE BERNARD DULON

 



Du 26 mai au 27 août 2016, Carpenters Workshop Gallery et la galerie Bernard Dulon font dialoguer design et Arts Premiers dans une exposition inédite.

Depuis sa création il y a 10 ans, Carpenters Workshop Gallery a développé une ligne directrice inconsciente dans nombre de ses propositions : un imaginaire lié aux Arts Premiers que l’on retrouve comme une évidence dans les créations d’Ingrid Donat, dont le travail puise ses racines dans ses origines créoles, mais également dans les œuvres de Rick Owens, Wendell Castle, Kendell Geers ou encore Atelier Van Lieshout.

Faire découvrir cette filiation en la confrontant à des œuvres majeures d’Arts Premiers sélectionnées par l’une des plus importantes galeries au monde dans ce secteur – la galerie Bernard Dulon – offre aujourd’hui un éclairage singulier sur ces deux disciplines que tout semblerait opposer de prime abord.

‘Tribal’ s’essaie à décloisonner l’approche traditionnelle que nous nous faisons de l’art en posant une question : sans les oublier, peut-on outre-passer les frontières des genres, des époques, des continents et des cultures ?


DES RAPPROCHEMENTS ANCIENS
Les Arts Premiers, tout particulièrement africains, ont toujours généré le plus grand intérêt de la part des Arts Décoratifs et de l’Art contemporain. Dès le début du XXème siècle, des artistes se mettent à collectionner des sculptures originaires d’Afrique. Cet attrait pour les objets africains n’est pas neuf.

Depuis le XVème siècle en effet, des contacts entre l’Europe et l’Afrique existent et ces objets ramenés de voyages sont introduits dans des collections européennes de curiosités exotiques. Mais un mouvement qui prend naissance à Paris s’attarde avec insistance sur les sculptures (masques et statuaires) pour s’en inspirer. Cet engouement gagne rapidement l’Europe et s’internationalise jusqu’aux environs de 1920.

Le Primitivisme exprime un refus des valeurs bourgeoises représentées par l’industrialisation galopante et dévastatrice sur les plans sociaux et culturels. De nombreux artistes se tournent alors vers les sociétés dites « primitives » d’Afrique et d’Océanie, attirés par leurs manières de vivre, proches de la nature, et par leurs arts. Ils y puisent les conceptions formelles pour interpréter leur sensibilité propre.

Ils y voient également l’authenticité et la spontanéité, deux valeurs qui leurs semblent avoir été écartées par le mode de vie bourgeois matérialiste, qui prend de plus en plus d’importance au XIXème siècle. Les artistes se familiarisent avec les « arts primitifs » dans les musées ethnographiques et auprès des marchands. Vis-à-vis du public occidental, les objets africains passent progressivement de la sphère d’objets ethnographiques à la sphère d’objets artistiques. Le précurseur de cette démarche artistique est Paul Gauguin.

Mais Picasso s’exprime également sur l’art africain dès 1907. D’autres artistes européens s’intéressent ensuite également aux Arts Premiers et y trouvent l’inspiration dans leurs recherches esthétiques ; en Allemagne, en Tchécoslovaquie. Cette tendance s’internationalise et prend des formes différentes suivant les courants et les artistes au court du XXème siècle. Dans le domaine des Arts Décoratifs, Pierre Legrain est l’un des artistes qui puisa dans le mobilier africain une source d’inspiration importante. Il a dessiné de nombreux sièges, notamment des tabourets curules, inspirés des objets rapportés des colonies françaises d’Afrique – Sénégal, Côte-d’Ivoire, Dahomey, Gabon – qui furent exposés à plusieurs reprises à Paris.

En 1919 eut lieu une « Exposition d’art nègre et d’art océanien » et, en 1923, une « Exposition de l’art indigène des colonies françaises » se tint au pavillon de Marsan du palais du Louvre, deux manifestations auxquelles les meilleurs clients et mécènes de Pierre Legrain, Jacques Doucet et Jeanne Tachard, participèrent par le prêt de leurs collections d’art africain.

Particulièrement présent dans cette exposition, le masque, à la portée symbolique universelle, incarne mieux que tout autre le pont entre les cultures et les disciplines. Traditionnellement, l’usage des masques est présent dans diverses circonstances de la vie du village : la représentation de la beauté idéale féminine ou masculine, le rythme des saisons, le pouvoir du chef ou du roi, la sorcellerie, l’initiation des jeunes garçons et les sociétés secrètes. Les artistes africains sont généralement anonymes, ils ne signent pas leurs objets.

La création des masques, en l’occurrence ici, répond à des exigences d’usage et d’efficacité et non de reconnaissance du créateur. Dialogue autant que confrontation, des masques du peuple Bekom et du peuple Fang du XIXème siècle répondent aux masques-sculptures de l’artiste sud-africain Kendell Geers et de l’Anglais Thomas Houseago.

Inspirés par les masques africains comme par le cubisme, elles se revendiquent figuratives. Comme d’autres avant lui tel Picasso, Houseago est clairement fasciné par l’art tribal d’Afrique et d’Océanie.


Outre les masques, l’exposition s’attache à créer des relations formelles ou des discussions-confrontations. Ainsi le tabouret « Curial » en bois fossilisé répond au fauteuil post-moderne ‘Leviathan’ de Kendel Geers, composé de pneus de bronze. « Clash » entre l’histoire millénaire africaine et la critique de ses développements contemporains. Le fauteuil ‘Onedent’ de Rick Owens, en os, évoque quant à lui le monde animal si présent dans les Arts Premiers, comme le démontre un masque cornu du peuple Kwele, également exposé ici.


Joep Van Lieshout puise quant à lui dans le fantasme occidental du cannibalisme des sociétés primitives avec la table basse ‘Gastronomy’, en bronze à patine noire, dépeignant une scène d’anthropophagie. Son ‘Sensory Deprivation Skull’, un crâne-fauteuil évoque aussi une vision fantasmatique occidentale des sociétés africaines et océaniennes (en couverture de ce dossier). La table ‘Cocoon’ de Nacho Carbonell, aux couleurs de terre, évoque les termitières géantes d’Afrique de l’Ouest et d’Australie.

Les pièces d’Ingrid Donat aux motifs tribaux, qui rappellent parfois les scarifications, dialoguent enfin avec l’ornement épuré d’un tabouret clouté du XIXème siècle du peuple Sango de République Démocratique du Congo, tandis qu’une statue d’ancestre du peuple Mumuyé de la province d’Adamawa du Nigéria observe avec intrigue les statuettes en bronze difformes de Kendell Geers.


Pour certains de ces artistes, l’objet africain ou océanien est un support, voire un prétexte, pour faire passer un message critique. Pour d’autres, une simple influence formelle, mais jamais vraiment dénuée de symbolisme.

La connaissance approfondie de ces arts n’est pas envisagée mais ces artistes s’interrogent sur la question de l’identité à leur époque, englobant également les Arts Premiers.

Ces derniers sont passés par différents statuts sous le regard occidental depuis les premiers contacts ; de curiosités à trophées coloniaux, ensuite objets ethnographiques et œuvres d’art. Des artistes remettent ici en question cette suprématie de l’image des objets africains ayant favorisé ce passage vers l’objet d’art.


CARPENTERS WORKSHOP GALLERY
Carpenters Workshop Gallery transcende les catégorisations classiques en termes d’art et de design. Sa vocation, à la croisée de ces deux univers, est de produire et d’exposer des sculptures fonctionnelles, créées par des artistes ou des designers sortant de leurs territoires d’expression traditionnels.

La galerie accompagne et représente des artistes et designers internationaux, émergents et établis, et s’implique activement dans la recherche et la production des œuvres qu’elle expose en édition limitée. Les choix sont guidés par la recherche d’une pertinence émotionnelle, artistique et historique.

Amis depuis l’enfance, les co-fondateurs Julien Lombrail et Loïc le Gaillard ouvrent en 2006 un premier espace à Londres, à Chelsea, autrefois atelier de charpentier, puis un second en 2008 à Mayfair. L’ouverture d’une galerie de 600 m2 à Paris en 2011, dans le quartier historique du Marais, dans un hôtel particulier ayant abrité la Galerie de France, fut une forme de retour aux sources.

L’année 2015 marque un tournant majeur pour la galerie avec l’ouverture de Carpenters Workshop | Roissy, un espace de 8 000 m2 unique au monde, dédié à la recherche et au développement artistique, rassemblant l’élite des artisans d’art, hommage au patrimoine des Arts Décoratifs français.

Dernière étape en date de son remarquable développement, Carpenters Workshop Gallery | New York, nouvel espace international d’exposition, confirme aujourd’hui le leadership et la position incontournable de la galerie sur le terrain international de l’art et du design.


TRIBAL CARPENTERS WORKSHOP GALLERY GALERIE BERNARD DuLON

DESIGN & ARTS PREMIERS | EXPOSTION DU 26 MAI AU 27 AOÛT 2016

PARIS | CARPENTERS WORKSHOP GALLERY 54 RuE DE LA VERRERIE, 75004 PARIS

VERNISSAGE PRESSE JEUDI 26 MAI 2016, 17H – 21H

AU MÊME MOMENT
NEW YORK | STUDIO JOB MAD HOuSE retrospective au MAD Museum of Arts and Design, jusqu’au 21 Août NEW YORK | SEBASTIAN BRAJKOVIC LATHE solo show, jusqu’au 2 juillet
LONDON | INGRID DONAT ORIGINS solo show of new works, jusqu’au 22 juillet
DESIGN MIAMI/ BASEL | GROUP SHOW 14 – 19 juin