Enquête : les français et la lecture

 Celles et ceux parmi vous qui sont des adeptes des chiffres et des lettres, aimeront peut-être avoir des repères concernant les pratiques de lecture de nos compatriotes. Voici donc quelques indications par le biais d’une étude Ipsos-Centre national du livre (CNL) de 2015.
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Celles et ceux parmi vous qui sont des adeptes des chiffres et des lettres, aimeront peut-être avoir des repères concernant les pratiques de lecture de nos compatriotes. Voici donc quelques indications par le biais d’une étude Ipsos-Centre national du livre (CNL) de 2015.

Pratique de la lecture
Neuf Français de plus de 15 ans sur dix peuvent être définis comme lecteurs. Ils ont lu au moins un livre au cours des douze derniers mois, tout genre confondu (science-fiction, heroic fantasy, horreur, roman sentimental, poésie, histoire, développement personnel, art de vivre, loisirs, BD, etc.).
Plus précisément, en moyenne, ces Français ont lu quatorze livres en format papier et deux en format numérique. Ceux qui lisent le moins sont les 25-34 ans et le plus, les 65 ans et plus, surtout les femmes. En outre, 48 % des Français lisent « tous les jours ou presque ». Pour l’essentiel, le temps de lecture est associé à un moment de loisir, même si un lecteur sur quatre lit également pour des raisons professionnelles. 64 % des personnes interrogées admettent qu’elles aimeraient
lire davantage, y compris un tiers de non-lecteurs.

Alors pourquoi ? Essentiellement par manque de temps et parce qu’ils sont sollicités également par d’autres formes de loisirs. D’ailleurs, permettez-moi de citer à nouveau Anna Gavalda qui, dans la même interview mentionnée plus haut, déclarait : « Le plus grand défi, la plus belle victoire aujourd’hui pour un écrivain, ce n’est ni le prix Goncourt, ni le Nobel, ni même d’entrer au Panthéon. Mais juste de parvenir à détourner l’attention du lecteur plus de dix minutes d’affilée de son smartphone. »

À propos du temps, je vous laisse méditer ceci : « Je parle de ce temps qu’on gagne en le perdant, de ces vagabondages qui vous font plus connaissant et moins important, de ces échappées belles qui rachètent les enfermements, les entêtements, lavent de la honte de vouloir, de convoi- ter, d’attendre bêtement, obstinément, comme un prince de conte, que plus rien ne fait rire ni pleurer, une métamorphose chimérique. » J’ai surligné à jamais ce passage dans le livre d’un auteur québécois (et celles et ceux qui me connaissent savent à quel point cette terre m’est précieuse pour y avoir vécu longtemps et y revenir aussi souvent que possible). Il s’agit de Robert Lalonde et de son livre, Le Monde sur le flanc de la truite avec pour sous-titre : Notes sur l’art de voir, de lire et d’écrire13.
« Comment les Français deviennent-ils lecteurs ? »

Six Français sur dix reconnaissent que la lecture occupait une place importante dans leur famille pendant l’enfance. Dans mes séances de Bibliocoaching, ce lien entre notre histoire et la lecture revient chaque fois. Les personnes éprouvent le besoin de se situer par rapport à leur pratique. Et je vous invite à en faire autant. Par exemple, certaines personnes me confient : « on me disait d’arrêter de lire et de me rendre utile » ou encore « j’adorais que ma mère me punisse parce qu’elle m’enfermait dans un petit cabinet de toilettes et j’avais caché des livres au-dessus de la chasse d’eau. J’étais tranquille ! »

Le souvenir d’un livre...
Est-ce que ces témoignages font écho en vous ? Est-ce que, vous aussi, vous auriez adoré lire davantage, sans qu’on vous en empêche en vous répétant de vous rendre utile ? Est-ce que vous trouviez des subterfuges pour lire en cachette des livres dérobés de la bibliothèque de vos parents – si par chance ils en avaient une – ou des ouvrages que l’on vous avait prêtés ? Ces livres des adultes, que vous empruntiez dans la plus grande discrétion : voilà déjà un indice pour vous mettre au travail. Aimer des lignes qui ne sont pas de son âge, en évoquer le souvenir dans le silence de l’instant où vous lisez cette ligne, ici. Vous vous revoyez ? Fermez les yeux. Et sentez aussi. L’odeur du cuir d’une couverture, de l’humidité des pages piquées par le temps, la poussière, peut-être un fond d’effluve de cigare incrusté dans ces ouvrages brochés, ces cahiers, peut-être même ces éditions originales...
Ces impressions ont laissé des traces en vous et c’est aussi avec ces ancrages que vous vous êtes construit(e). Que vous avez organisé votre vision du monde et vos projets, consciemment ou inconsciemment, nourri par votre imaginaire. Notez bien qu’il risque d’être sollicité ici...

À l’inverse, vous lisez ces allusions à de belles longues et hautes biblio- thèques tandis que vous avez grandi dans une famille dépourvue de ces précieuses étagères ? Quelle émotion vous submerge à cet instant ? La jalousie, la tristesse ou la joie car vous étiez libre d’aller courir et jouer dehors ? Vous repensez à ce copain qui, lui, se plaignait d’avoir des parents qui lui imposaient de lire quand vous auriez tant aimé qu’on vous en laisse le temps ? Vous avez longtemps conservé des livres que l’on vous prêtait et que vous ne rendiez pas, au prix de bagarres épiques ?

Vous voyez par l’énumération de quelques situations à quel point déjà le simple fait de repenser à vos premières expériences de lecture, de revoir votre vie d’ado avec ou sans les livres est déjà un premier pas dans ce travail personnel qui a justifié votre achat de notre petit guide.

Est-ce que vous lancez dans ce Bibliocoaching n’est pas une « autorisation de lire » que vous vous accordez enfin. Cette fois, c’est la coach qui vous le « prescrit », qui vous y autorise, vous ne pouvez pas vous esquiver ;-). Cette fois, c’est pour vous documenter sur un sujet qui vous préoccupe en ce moment (la crise de mi-vie de votre conjoint, l’adolescence de votre fille, le cancer de votre meilleure amie, l’envie de tout plaquer pour changer de vie, etc.). À l’inverse, d’autres personnes me confient une gêne, comme ce quinqua que nous prénommerons Jean : « Je suis d’une famille d’intellectuels et je déteste lire, à ma grande honte. Alors, si vous pouviez m’éviter Kant ou Proust ! » Intéressant non ? Vouloir quand même prendre soin de soi par la lecture, sans pour autant aimer lire. Vous reconnaissez-vous dans ce genre de dilemme qui n’en est pas un finalement. Il s’agit bien davantage d’une manière détournée d’avouer que lire d’accord, mais le poids de la bibliothèque familiale et des préceptes en vertu desquels il est impardonnable de ne pas maîtriser l’œuvre de Proust ou de Kant, c’est « non ». Une blessure de l’enfance demande là réparation. « Ai-je le droit, moi aussi, de lire plus léger, moins littéraire avec un grand L ? »

Un autre exemple sur ces échos de notre éducation dans notre pratique de la lecture aujourd’hui, ces personnes qui me disent : « Je suis dyslexique et j’ai déjà assez de difficulté avec les docs au bureau »... Sous-entendu, aidez-moi à retrouver du plaisir dans la lecture, qu’elle soit orientée vers la détente ou vers la vie professionnelle. Bien entendu, outre un détour par un professionnel tel un orthophoniste, un neuropsychologue, un psychomotricien ou d’autres, il sera tout à fait possible d’explorer une problématique personnelle par le biais des livres en s’adaptant à ce trouble sans se priver de cette aspiration.

Revenons à notre étude Ipsos-CNL : même si des différences prévalent entre les hommes et les femmes et selon les âges (vous pouvez aller dans le détail sur le site du Centre national du livre, si vous souhaitez approfondir ce premier coup d’œil), on apprend que les romans sont les genres de livres les plus lus avec les livres pratiques. Viennent ensuite les ouvrages sur l’histoire, les bandes dessinées, les dictionnaires, etc.

« Pourquoi lisent-ils ? »
Nous voilà au cœur de nos interrogations. L’institut Ipsos et le CNL recueillent l’information suivante : les Français reconnaissent d’abord à la lecture une qualité du côté de l’approfondissement des connaissances et l’ouverture d’esprit. Puis viennent les loisirs, l’évasion et la détente. Ce n’est qu’après que vient une façon de passer le temps, d’oublier le reste (dixit la formulation même de l’enquête) ou encore, de comprendre le monde qui les entoure ou mieux se comprendre eux-mêmes. Nous voilà donc bien, avec le Bibliocoaching, dans une pratique encore avant-gardiste et, si je puis me permettre, je vous félicite de votre audace en voulant bien tenter l’aventure sur la foi de mon expérience et celle de mes confrères. En même temps,

Ce sondage révèle que les Français attendent de la lecture qu’elle leur « procure du plaisir et être une source d’apprentissage ». Or, apprendre sur soi, ses mécanismes internes, son mode de fonctionnement me semble bien entrer dans cette catégorie.

Emilie Devienne


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