Surmonter un chagrin d'amour

 Lorsque l’on parle de chagrin d’amour, le mot « chagrin » évoque l’enfance. Nous vient alors l’image de ces petites frimousses au nez rouge, aux yeux trempés de larmes, et à la moue tremblante. On a envie de prendre l’enfant chagrin dans nos bras, de le consoler, de sécher ses pleurs et de le voir rire à nouveau. Mais parfois les chagrins d’enfant passent inaperçus et sont pour lui un abîme de désespoir, juste- ment parce qu’ils sont ignorés des autres. Le besoin de consolation reste en plan. Il lui faut se consoler lui-même ou bien s’arranger avec son mal. Les chagrins d’amour commencent tôt dans l’existence. Il suffit que notre mère regarde ailleurs, et nous voilà plongés dans un gouffre de solitude. Le chagrin d’amour exprime alors bien ce retour de la douleur infantile qui nous assaille lorsque la vie amoureuse nous confronte à nouveau au goût amer du désamour.

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Lorsque l’on parle de chagrin d’amour, le mot « chagrin » évoque l’enfance. Nous vient alors l’image de ces petites frimousses au nez rouge, aux yeux trempés de larmes, et à la moue tremblante. On a envie de prendre l’enfant chagrin dans nos bras, de le consoler, de sécher ses pleurs et de le voir rire à nouveau. Mais parfois les chagrins d’enfant passent inaperçus et sont pour lui un abîme de désespoir, justement parce qu’ils sont ignorés des autres. Le besoin de consolation reste en plan. Il lui faut se consoler lui-même ou bien s’arranger avec son mal. Les chagrins d’amour commencent tôt dans l’existence. Il suffit que notre mère regarde ailleurs, et nous voilà plongés dans un gouffre de solitude. Le chagrin d’amour exprime alors bien ce retour de la douleur infantile qui nous assaille lorsque la vie amoureuse nous confronte à nouveau au goût amer du désamour.

Si le chagrin peut aller de la simple contrariété à la douleur la plus abyssale en passant par la peine, la tristesse ou la colère, le chagrin d’amour se décline sur tous les registres du sentiment de manque d’amour, de perte d’amour, ou de crainte de la perte que certaines formes d’amour entraînent. Freud disait que nous ne sommes jamais aussi mal protégés contre la douleur que lorsque nous aimons. En effet, les douleurs d’amour pourraient être paradigmatiques de la douleur psychique. Car perdre l’amour, ce n’est pas seulement perdre l’Autre, c’est se perdre aussi un peu (beaucoup) soi-même. Certains se consolent, se réparent, et peuvent aimer à nouveau. Pour d’autres, le précipice est un à-pic et la sensation de chute est vertigineuse.

Le chagrin d’amour nous confronte à nous-mêmes, à notre histoire, à notre façon d’aimer et d’être aimé, à nos premiers objets d’amour, à nos premières déceptions, nos premières rivalités, nos premières haines jalouses, et à notre solitude. La perte de l’amour nous renvoie bien aux doutes et aux douleurs de l’enfant que nous avons été, alors que se forgeaient notre amour- propre, et la confiance en notre capacité à aimer et à nous faire aimer. C’est la raison pour laquelle le chagrin d’amour ultérieur nous éclaire souvent sur qui nous sommes, d’où nous venons, quel est le sens de l’amour pour nous, son empreinte sur notre psyché et sur notre corps, si toutefois nous acceptons de questionner cette expérience et la traverser. Nos chagrins d’amour détiennent une vérité sur nous-mêmes. Mais à défaut de les entendre, nous pouvons être conduits à répéter la même histoire plusieurs fois selon le même scénario de souffrance.

C’est à travers des exemples cliniques que nous parcourrons ce chemin intime, singulier et universel à la fois de l’amour, du désamour et du mal d’amour, dans la confidentialité qui l’exige. Nul besoin d’être en couple pour connaître le chagrin d’amour. Il suffit d’aimer, et de ne pas – ou ne plus – se sentir l’être en retour. C’est pour cela que le chagrin d’amour nous parle de l’absence, celle de l’amour.


Catherine Audibert 

 

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