Sexualité : apprendre à caresser un homme

Je ne vais pas dresser un atlas érotique complet de l’homme, mais vous décrire quelques agréables itinéraires au pays du plaisir. Votre imaginaire ensemencé, « l’esprit caresse » inculqué vous pourrez joyeusement parcourir la peau masculine et lui offrir les bonheurs dont elle rêve.

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Je ne vais pas dresser un atlas érotique complet de l’homme, mais vous décrire quelques agréables itinéraires au pays du plaisir. Votre imaginaire ensemencé, « l’esprit caresse » inculqué vous pourrez joyeusement parcourir la peau masculine et lui offrir les bonheurs dont elle rêve.

Un principe : prenez votre temps, faites tout lentement. Un conseil pour l’homme : n’hésitez pas à vous exprimer, à dire ce dont vous avez envie, comment il faut faire, n’hésitez pas non plus à guider de la main. Petit truc : la façon dont l’autre vous caresse, vous indique comment et où il aimerait être caressé.

La main peut agir de cent manières, le massage en est une. Le plus souvent la main masse sans le sa- voir, c’est-à-dire spontanément, d’instinct. Mais elle peut le faire savamment : on peut apprendre à masser, il existe des méthodes et endroits nombreux où on peut se former ; il est indéniable que cela apporte un plus. Mais il faudra intégrer la méthode dans l’échange amoureux et noyer la technique dans la tendresse et l’érotisme.

Le bain
Donner un bain à son aimé, c’est sans doute une des façons les plus complètes et les plus suaves de le caresser.

Voilà votre aimé plongé dans l’eau chaude parfumée. Relaxé, abandonné, il est à vous. Commencez par le shampooiner à deux mains ce qui revient à lui offrir un merveilleux massage du cuir chevelu que vous pourrez étendre au cou et au visage. Le savon et sa mousse facilitent les mouvements de vos mains, qui alors glissent dans les cheveux. Massez, friction- nez, grattez. Prenez toute la tête, du front à l’occiput en passant par le sommet, en tournant sur les tempes. Débordez sur le cou, enveloppez le visage. Puis rincez. Plaisantez, riez. Allez embrasser son front, cette fois tout ruisselant. Ajoutez-y sa bouche toute mouillée. Maintenant, séchez sa tête avec une serviette éponge. Frictionnez hardiment ses cheveux, tamponnez doucement son visage, essuyez délicatement ses oreilles. Il tend sa bouche, mordez-la lui.

Demandez ensuite à votre homme de s’asseoir et occupez-vous de savonner ses épaules, ses creux axillaires, ses bras, ses mains, tout à la suite, puis allez sur le torse et lavez-le en large et en travers ; enfin, partez sur le dos, et après l’avoir fait se pencher, astiquez-le le plus sensuellement possible. C’est l’occasion de glisser vos mains sur toutes ses facettes, ses arrondis, ses creux, ses plats, de les explorer, de les bien sentir, d’en profiter. Chaque détail est agréable, je ne peux les citer tous. Par exemple : savonner en palpant ses pectoraux, savonner en les enveloppant et en les étirant. C’est délicieux pour votre homme, c’est extrêmement savoureux pour vous. C’est une façon autre de vous offrir et de vous prendre.

Que votre homme s’allonge désormais et s’immerge. Priez-le alors de vous tendre ses jambes, l’une après l’autre. Savonnez d’abord ses pieds, en vous attachant à bien appuyer sur les plantes avec la pulpe de vos doigts de façon à réaliser une sorte de massage. Remontez ensuite le long de sa jambe en la tripotant aussi consciencieusement. Gagnez enfin la cuisse en la pressant à pleines mains, en tournant autour. Prenez votre temps, faites durer le plaisir qui est un délice pour vous deux. C’est particulièrement excitant pour la femme de manier ces membres noueux, musclés, puissants, ces membres sur lesquels l’homme s’arc-boute pour s’ancrer en elle à l’instant de se conjoindre. Ici aussi, chaque détail vaut son pesant d’or, mais s’il fallait en retenir un, c’est le savonnage des pieds sur toutes leurs facettes que je retiendrais. Il faut l’exécuter (comme on dit d’une œuvre de musique) posément en détaillant chaque note, alternant la subtilité et la fermeté. N’oubliez pas de glisser vos doigts entre les orteils, de saisir chaque orteil entre pouce et index, de le tordre légèrement, de le tirer carrément. Résisterez-vous alors à l’envie de sucer les orteils un à un ? Et même de les mordiller de l’extrême bout des dents ? Ayant reposé ses membres inférieurs dans l’eau, allez imprimer un gros baiser sur la bouche de votre homme, il en a bien besoin et vous aussi. Une fois tous deux bien repus, demandez-lui de se mettre à genoux dans la baignoire. Et entreprenez le savonnage le plus excitant qui soit, celui de toute la zone centrale : le ventre, le pubis, le pénis, les testicules, l’entrecuisse, le sillon inter fessier avec en son fond l’anneau anal et enfin les fesses. Tout est enivrant. Bien évidemment, les passages sur le pénis et l’anus sont les points les plus forts.

Réservez la toilette du pénis pour la fin et donnez auparavant tous vos soins à l’astre anal. Savonnez consciencieusement le vestibule qui le précède, puis l’orifice lui-même et ses plis radiaires. Ce ne sont pas tellement des sensations érotiques que votre homme ressentira mais plutôt une impression de redevenir un petit garçon que sa mère lave avec amour. Une forme d’abandon-régression très émouvante pour tous les deux. Vous pouvez enfin en venir au pénis. Sans doute le trouvez-vous quelque peu dressé ou même carrément bandé à fond. Alors, rien n’est plus exquis pour lui et savoureux pour vous que de faire coulisser votre douce main ensavonnée sur le fût mâle tendu vers vous. Sentir le contact de la verge gorgée, brûlante, glissante au creux de votre main vous excite magnifiquement. Quant à votre homme, de sentir son membre viril aller et venir dans votre paume bien huilée le transporte d’allégresse. C’est alors, qu’une envie irrésistible vous saisit : après l’avoir rincé derechef, vous vous penchez pour prendre cette merveille provocante dans votre bouche et la déguster suave- ment ; ce faisant, vous risquez gros : que votre homme, arrivé au même degré de flamboyance érotique, vous saisisse et vous bascule dans la baignoire.

Si votre homme se maîtrise, séchez-le comme un bébé. La prochaine fois, c’est lui qui vous donnera votre bain.

Ô visage radieux
Elle le dévisage, suivant les lignes et les reliefs de son visage, s’abîmant par instant dans son regard. Faut-il aimer pour regarder ainsi ! Faut-il se sen- tir aimé pour se laisser regarder autant ! Et quand leurs yeux se croisent, ils se sentent remplis l’un de l’autre. Faut-il s’aimer pour se voir si fort. Il n’y a rien d’autre à voir que l’amour qu’ils se portent et la confiance et la transparence.

C’est alors qu’elle tend une main vers le visage de l’homme et refait avec son index le chemin qu’avait fait son regard. Du bout de son doigt elle suit l’arcade sourcilière d’un côté, puis de l’autre, puis la crête du nez, la lèvre supérieure, la lèvre inférieure. Du bout de son doigt elle le redessine. Maintenant, elle contourne l’arrondi du menton, remonte sur les mâchoires puis sur le front, qu’elle traverse et redescend de l’autre côté. Tel un fusain qui trace le trait, son médius repasse plusieurs fois sur les saillies du visage.

Mais voici que d’esthète, la main se fait taquine. Elle veut maintenant éveiller quelques sensations friponnes. Lentement, légèrement la pulpe glisse sur l’ourlet des lèvres, celle d’en haut, celle d’en bas et sur les commissures. Des frissons, des chatouillis naissent à fleur de lèvres. Elle, elle voit bien la chair trémuler et après quelques tours, elle n’y résiste plus, se penche et pose un baiser subtil sur les frissons. Puis de la pulpe de l’index ou du médius, elle va jouer sur les sourcils, les lissant ou les rebroussant, sur les tempes où elle tourne quelques arabesques, sur les joues où elle trace quelques tendresses. L’homme est aux anges. Alors la femme va embrasser ses sourcils, ses tempes, ses joues. Baisers appuyés. Gourmands baisers.

Sous les doigts, sous les lèvres, le visage se détend, s’ouvre, s’offre. Plus aucun muscle n’est crispé, plus aucune peau n’est plissée, plus aucune ombre posée. On n’y lit plus de méfiance, de prudence, de retenue, de douleur, de rancœur. C’est le visage d’un homme avant que la vie ne l’érafle, ne le creuse, ne l’effraie, ne le déçoive. « Oui, je crois en toi. Oui, je te laisse entrer au plus près de moi ». Et l’homme de révéler son visage d’enfant.

Voilà que la femme réunit ses doigts et élargit sa main, et la passe sur les joues de l’homme, la passe et la repasse, sur l’endroit, sur le revers, lentement. Sur le front elle fait de même, tandis que ses yeux se glissent dans les yeux de l’homme. Alors, les yeux de l’homme se mouillent. Ils voient le visage de la femme à travers le prisme de leur eau. Visage d’une infinie douceur, visage même de l’amour. Le temps se brouille, le temps se perd, le visage tremble. Et tout se mêle. D’un temps sans âge monte un bonheur sans limite. Et tout se confond.

Combien d’hommes les femmes verraient-elles pleurer si elles osaient toucher tendrement les joues de leur aimé. Là, sous le masque du guerrier, du blessé, du blasé, sous la persona de la vie quotidienne, elles trouveraient l’enfant. Qu’elles s’offrent le luxe, par une indépassable tendresse, de le laisser sourire un instant.

L’amour en tête
Question caresses, les hommes, il ne faut pas les prendre de front. Ils rentrent à la maison, le soir, sur leur lancée professionnelle. L’intellectuel est encore tout dans la tête, loin de son corps, cette contingence indigne de son intelligence ; de sa part, penser à des caresses, ou pire en réclamer, c’est inconcevable. Le manuel, lui, est encore tout dans l’action, son corps est fait pour fonctionner, pour transformer ; les caresses il n’y pense même pas, c’est le contraire d’agir, c’est la passivité même. Et pas loin, derrière ces raisonnements il y a des restes de préjugés machistes : un homme ça ne s’abaisse pas à la tendresse, ça ne se prête pas à la sensibilité, ça reste à distance de tout ce qui peut amollir, faire se pencher, faire s’en remettre.

Pourtant, que les femmes n’oublient jamais que, quoi qu’ils disent, les hommes aiment qu’on les touche, que leur peau est avide et jouisseuse. Alors quand ils rentrent, qu’elles les laissent se poser, se décanter, s’apaiser. Ensuite, elles l’introduiront subrepticement dans le jeu.

Et puis il y a de plus en plus d’hommes nouveaux, ces hommes subtiles dont la peau n’est pas ou n’est plus enfouie sous une épaisseur de cerveau ou de technique ou de machisme. Ceux-là vont vers vous, la femme, vous prennent dans leurs bras, vous cajolent la nuque et les reins. Et disent : « Viens s’il te plaît, viens j’en ai plein le dos. Viens me caresser, viens me masser. »
Faites asseoir votre homme sur une chaise ou sur le bord du lit et posez vos mains sur sa tête. D’abord, sans bouger, comme si vous lui imposiez les mains. Vous respirez calmement. Vous respirez ensemble d’un même souffle paisible, dans le silence. Entre vos mains et le crâne de cet homme quelque chose passe, qui rassure, qui décante. Ses idées s’apaisent ? Il rentre en lui, il se rassemble, il se met à l’écoute de lui.

Alors vos mains s’éveillent. Là où ils sont, vos doigts s’activent, ils se plient et se déplient massant du bout de leur pulpe le cuir chevelu à travers les cheveux. Déplaçant vos mains, vous massez de la même façon un autre pôle du cuir. Et voilà que le sang et l’énergie qui stagnaient ici et là se mettent à circuler. Ce cuir qui était comme mort ou engourdi se remet à vivre. Il chantonne et rit. Des idées légères, des idées heureuses lui passent à l’intérieur.

 

Dr Gérard Leleu*

 

*Le Dr Gérard Leleu est médecin, sexologue et thérapeute de couple. Il est aussi l'auteur de plus de vingt ouvrages sur l'amour et la sexualité dont "Le traité des caresses", qui s’est vendu à plus d'un million d’exemplaires. 

 

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