Sexe : les hommes, ce qu’ils attendent...

L’homme en a assez d’être seul actif, d’avoir tout à faire, à prendre toutes les initiatives, à mener tous les ébats. C’est anxiogène, c’est épuisant. Il aimerait lui aussi pouvoir s’abandonner. Il veut en finir avec cette conception occidentale selon laquelle la femme doit être passive, n’a rien à faire, tandis que l’homme est le seul responsable des plaisirs, tout reposant finalement, sur sa capacité érectile. Bien entendu, la femme n’est pas coupable de son inertie, ce sont les hommes des temps passés qui lui avaient imposé l’immobilité et interdit la volupté : « Une femme honnête n’a pas de plaisir. » Bouger, jouir, crier, c’était bon pour les putains.

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L’homme en a assez d’être seul actif, d’avoir tout à faire, à prendre toutes les initiatives, à mener tous les ébats. C’est anxiogène, c’est épuisant. Il aimerait lui aussi pouvoir s’abandonner. Il veut en finir avec cette conception occidentale selon laquelle la femme doit être passive, n’a rien à faire, tandis que l’homme est le seul responsable des plaisirs, tout reposant finalement, sur sa capacité érectile. Bien entendu, la femme n’est pas coupable de son inertie, ce sont les hommes des temps passés qui lui avaient imposé l’immobilité et interdit la volupté : « Une femme honnête n’a pas de plaisir. » Bouger, jouir, crier, c’était bon pour les putains.

Beaucoup de femmes encore n’osent pas faire un geste vers l’homme par peur de passer pour des gourgandines, beaucoup n’osent pas demander ce qu’elles aimeraient de peur de vexer l’homme, beau- coup se retiennent de crier pour ne pas apeurer leur partenaire. Il est vrai qu’une femme entreprenante peut encore faire peur à certains hommes, peur de ne pas être à la hauteur, peur qu’elle aille voir ailleurs. Cette peur peut provoquer des inhibitions et en particulier des pannes d’érection.

Mais le plus souvent l’homme nouveau dépasse ses peurs et veut que la femme soit active. Elle le peut, son côté yang le lui permet. Elle l’a fait en particulier en Orient où, pendant des millénaires, elle a été l’initiatrice des Empereurs et de tous les mâles. Être active c’est faire, demander, exprimer. Mais il ne s’agit pas non plus que la femme fasse tout. Dans un couple harmonieux, la femme et l’homme seront cocréateurs de la volupté et ils alterneront les rôles actifs et les rôles passifs.

Encore faut-il que l’homme se métamorphose et sorte de ses peurs : peur de ne pas être à la hauteur et qu’en conséquence la femme le trompe ou le quitte, et peur d’être épuisé en essayant de la satisfaire, toutes peurs à l’origine de la « mâle peur ». C’est la maîtrise de l’éjaculation qui permettra à l’homme de combler la femme totalement et sans se fatiguer. Alors c’en sera fini de ses craintes.

Leurs rêves
Quand on demande aux hommes ce qu’ils aime- raient que les femmes leur fassent plus souvent ou mieux en matière d’érotisme, ils énumèrent un certain nombre de souhaits. Une vraie litanie.
Que les femmes soient intéressées par la sexualité. Toutefois, beaucoup d’hommes reconnaissent qu’elles le sont de plus en plus.
Qu’elles y prennent plus de plaisir et qu’elles le manifestent plus.
Qu’elles soient plus actives : initient plus, participent plus, innovent plus.
Qu’elles parlent plus, en particulier qu’elles encouragent et admirent leur homme. Et surtout, qu’elles parlent pour lui apprendre leur corps sexuel et son fonctionnement : la situation du clitoris et du point G, la meilleure façon de les caresser, de les stimuler, les positions qu’elles préfèrent et les mouvements les plus aptes à les faire jouir. Qu’elles n’hésitent pas à guider l’homme de la voix et du geste.
Qu’elles disent ce qu’elles veulent et ne veulent pas.
Qu’elles ne « foncent » pas sur leur verge, ne « l’attaquent » pas d’emblée, même si elle se dresse. La difficulté des hommes – surtout des anciens – est de résister à l’impérieux appel de leur pénis qui les empêche d’étendre l’érotisme à l’ensemble des corps.
Qu’elles s’occupent plus et mieux du pénis : qu’elles lui donnent plus de caresses, plus de baisers, plus de succions (« fellations ») et de meilleures.
Qu’elles acceptent et réclament plus de baisers vulvaires (« cunnilingus »).
Qu’elles initient ou acceptent plus de « positions ».
Qu’elles s’occupent mieux de leurs propres orgasmes et n’en laissent pas l’unique responsabilité à l’homme. En tout cas, qu’elles ne simulent jamais. Feindre empêche tout progrès, alors que dire la vé- rité oblige à rechercher les causes et à améliorer ses façons d’être et de faire.
Qu’elles fassent plus souvent l’amour.

Rappelons les fréquences moyennes pour des adultes de 25 à 35 ans : 6% des couples font l’amour tous les jours, 70 % deux fois par semaines, parfois trois, 21% une fois par semaine, 2% une fois par mois, 1% encore moins. Ces moyennes ne sont pas une obligation, chacun a le droit d’avoir son tempérament, son rythme, et s’en trouvent bien.

Qu’elles fassent l’amour plus souvent en dehors des créneaux horaires habituels qui, selon des en- quêtes sont : le matin au réveil pour 12 % des couples (sans doute à cause du « réveil triomphal » de l’homme, autrement dit de son érection en fin de nuit), à la sieste pour 13 %, le soir au coucher pour 48%. Les hommes voudraient faire l’amour plus souvent l’après-midi ou dans le courant de la nuit.
Inversement, qu’elles acceptent sans ressentiment que les hommes n’aient pas envie de faire l’amour et qu’ils puissent ne pas bander.

Les hommes nouveaux revendiquent le droit de ne pas bander systématiquement. D’une façon générale, ils voudraient que les femmes les libèrent de l’obligation de performance.
Qu’elles fassent plus de strip-teases avant de venir les rejoindre pour le corps-à-corps.
Enfin, qu’elles vantent et chantent à leur tour la beauté du corps et du sexe de leur compagnon, qu’elles louent sa nudité – comme les hommes le font avec la nudité féminine – qu’elles apprécient telle ou telle partie, qu’elles contemplent, tel ou tel détail, qu’elles admirent sincèrement l’organe mâle, après tout c’est bien l’acteur de leurs plus grandes joies et de leurs voluptés suprêmes. Qu’elles en finissent avec leur ressentiment envers ce phallus coupable d’avoir instauré la phallocratie. Le nouvel homme a tourné la page du machisme, que les femmes lui accordent son pardon.

Dr Gérard Leleu*

 

*Le Dr Gérard Leleu est médecin, sexologue et thérapeute de couple. Il est aussi l'auteur de plus de vingt ouvrages sur l'amour et la sexualité dont "Le traité des caresses", qui s’est vendu à plus d'un million d’exemplaires. 

 

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