Pour que l'amour triomphe toujours

Au fond des êtres, même chez ceux qui se disent « émancipés » persiste un rêve : tomber amoureux(se) d’une femme, d’un homme et vivre heureux(se) avec lui(elle) toute la vie. Ce rêve d’absolu et d’éternité est-il réalisable ?

Las, à cet idéal de la « vraie » vie, la vie quotidienne va opposer de multiples obstacles. Aux forces de cohésion vont s’attaquer des forces d’éclatement. Alors le couple qui était la source de nos plus grands bonheurs pourra devenir la cause de notre malheur.

Pour que l’amour triomphe toujours, je vais vous confier ce qu’une longue carrière de médecin psychothérapeute et une longue vie m’ont appris. Je voudrais vous faire deux remarques essentielles :

1. Réussir sa vie de couple est la chose la plus impor- tante de l’existence. Combien n’ai-je entendu de personnes qui au soir de leur carrière me confiaient : « j’ai réussi dans mon métier, j’ai eu des honneurs, j’ai de l’argent, mais mon couple je l’ai négligé, je suis passé à côté de quelque chose d’essentiel : ma femme, mon mari, l’amour. »

2. La vie à deux c’est aussi la chose la plus difficile à réaliser. Loin d’être un perpétuel duo d’opérette, elle comporte des zones de turbulences. Pour les traverser il y aura des efforts à faire et des connaissances à acquérir.

Sachez qu’après un début euphorique, vous aurez à affronter des moments difficiles voire critiques. Fatalement votre amour sera confronté aux jeux de forces contraires : des forces de cohésion qui œuvrent à le souder et des forces d’éclatement qui tendent à le scinder.

Pourquoi avez-vous décidé de vivre ensemble ? Parce que, dites-vous, un jour vous êtes tombé amoureux, ça vous a rendu heureux et vous avez voulu prolonger votre bonheur. En deux mots, vous avez fait un « mariage d’amour ».

Sachez que le mariage d’amour n’existe que depuis le xIxe siècle ; avant, on se mariait – quand on se mariait – par intérêt. Intérêt basique qui remonte à la Préhistoire : la base c’est la division du travail qu’a imposée la biologie pour perpétuer l’espèce, la femme fait et élève les enfants, l’homme rapporte la pitance, ce qui incite les êtres à s’associer en couple. Intérêt financier : arrondir sa fortune, agrandir ses biens, étendre ses relations. Ces mariés-là étaient plutôt des alliés. D’ailleurs c’était les parents qui organisaient les « mariages de raison ». Il arrivait que les époux s’aiment ou finissent par s’entendre et être heureux. De toute façon les contraintes civiles et religieuses étaient telles qu’on ne pouvait mettre un terme à l’union.

Vous croyez que l’amour constitue la meilleure garantie d’un mariage heureux et durable ? Hélas, maintenant que l’on ne s’unit plus que par sentiments et que les procédures de séparation sont facilitées, la fréquence des divorces croît sans cesse. Actuellement, en région parisienne, deux couples sur trois divorcent dans les trois ans qui suivent le mariage ; en province, un couple sur trois. Ces ruptures ne se font pas sans souffrances et laissent des cicatrices préjudiciables à la suite de la vie sentimentale. Souvent, la décision de se quitter a été prise trop rapidement sans avoir suffisamment tenté de sauver le couple à partir du capital d’amour qui restait, des affinités et des complémentarités qui existaient. Mais il aurait fallu faire des efforts pour se changer quelque peu et notre société consumériste est plus habituée à jeter qu’à réparer.

Ainsi donc, pour faire un couple, il ne suffirait pas d’aimer ? Hélas non, les sentiments comme le désir s’usent. Bien sûr l’amour intense voire exalté des débuts est une base indispensable pour fonder le couple, mais il faudra ensuite le transformer en un amour plus profond et le doubler d’une vraie relation comme nous le verrons, pour résister aux pièges de l’ego et aux vicissitudes de la vie quotidienne, ce qui demandera de la réflexion et quelques efforts. Ce n’est pas très romantique, dites-vous ? Mais vous verrez comme c’est exaltant de faire triompher l’amour !

 

Dr Gérard Leleu

 


Si cet article vous a plu, vous pouvez en lire plus
en cliquant sur la couverture du livre ci-dessous :