La cognition revisitée



En Occident, l’étude de la cognition, faculté de connaître, a longtemps été un sujet relevant de la philosophie. Qu’est-ce que connaître, qui connaît, et qu’est ce qui est connu ? Quelle est la nature et la validité du connu ? Telles sont les questions auxquelles ont tenté de répondre les philosophes, avant que donner des réponses à ces questions devienne peu à peu l’apanage des sciences dures.


Nous avons vu, en examinant la théorie de la perception du Yogâchâra, que cette école partait d’un point de vue philosophique d’un type idéaliste extrême, selon lequel l’entièreté du réel réside dans l’esprit. En Occident, les phi- losophes ont aussi argumenté des théories de la perception qui suivaient leur orientation philosophique, leurs conceptions du réel.

L’histoire de la philosophie de la connaissance tend à distinguer divers courants, en fonction de leur type d’approche.

L’école empiriste met en place le premier vocabulaire de la perception, que cette école de pensée comprend comme un mécanisme, en partant de l’idée d’une expérience d’un monde objectif solide, existant en soi. Il y a contact, sensation, puis interprétation du message des sens, en quoi consiste la perception.

Le courant intellectualiste, lui, avance qu’il est plus légitime de baser la réflexion philosophique sur le fait que c’est la perception qui se rend l’objet présent. L’idée d’une sensation pure, telle que la conçoivent les empiristes, selon les intellectualistes est un mythe. Pour Descartes, c’est par l’entendement que nous concevons le réel. Descartes considère qu’il n’y a de réalité que dans l’intelligible. C’est l’inspection et la mise en formule par l’esprit conscient qui constitue le réel. En dehors d’unités pensables sous le nom, une diversité non appréhensible ne peut paraître (dans le bouddhisme, tout au contraire, le « nom-forme » est vu comme le support du développement de l’illusion men- tale). Descartes pense qu’il n’y a de sens que conçu. La psychanalyse, puis les expériences de laboratoire du cognitivisme et des neurosciences viendront détruire les bases de cette conception par trop intellectuelle de l’humain.

Plus psychologique et s’appuyant sur des observations de type scientifique, la théorie de la forme adopte une posture moins anthropocentrée. Les processus physiologiques

90 de la cognition, selon cette théorie, sont à l’image du réel. Les modes opératoires du neuropsychisme correspondent aux principes généraux selon lesquels le monde s’organise et se conserve. L’esprit n’est plus comme chez Descartes le lieu du sens, mais tout au contraire le reflet d’un chaos qui s’organise, d’une émergence de structures qui comportent un sens inhérent.

 

Antoine Marcel                  
                                                                              

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