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Toutes les parties du corps de l’homme ont une potentialité érogène, et peuvent être sources de sensations agréables, voire voluptueuses. Le domaine érotique est infini. À vous de l’explorer par l’entremise de la caresse.
Par commodité, j’ai classé les caresses en trois catégories « géographiques » réparties en trois cercles concentriques. Au centre du corps est le premier cercle qui comprend les organes sexuels – quelques centimètres carrés de muqueuses hyper- sensibles. Autour d’eux est le deuxième cercle qui comprend le pubis, la face interne des cuisses, le périnée et la marge de l’anus – quelques dizaines de centimètres carrés de peau assez sensible. Au-delà se trouve le troisième cercle, l’immense surface cutanée qui va de la plante des pieds au cuir chevelu et totalise 18 000 cm2 d’une sensibilité plus grande qu’on ne croit. Je rattache au deuxième cercle les seins, dont la sensibilité est exquise chez la femme bien sûr, mais aussi chez l’homme, sauf exception, et en connexion avec les organes sexuels.
L’homme aime-t-il les caresses ?
Classiquement l’homme ne serait pas très amateur de caresses – en donner comme en recevoir – ; chez lui la sexualité se réduirait à la séquence pénétration-éjaculation du pénis, séquence rapide, brève et quasi compulsive, séquence rétrécie au premier cercle et sans fioritures, séquence où l’action l’emporte sur le ressenti.
Il est vrai que l’homme, en raison de son type d’érection, ressent une envie impérieuse, quasi irrésistible, de s’engouffrer dans le corps de la femme. D’autre part, de nombreux facteurs culturels ont détourné l’homme des caresses de la peau. L’homme ancien évite de s’en remettre aux mains d’une femme de peur d’en devenir esclave. à l’inverse, chez la femme, des facteurs culturels la prédisposent aux caresses. Ainsi, il est admis que les femmes soient sensibles et caressantes ; de plus, la maternité est une école de caresses. Le fait que les hommes s’occupent de plus en plus de leur progéniture contribuera sans doute à éveiller un peu plus leur peau.
Enfin, les rôles et les travaux auxquels étaient confrontés les hommes les empêchaient d’aiguiser leur sensibilité cutanée. C’est la civilisation et la division du travail qui ont donné aux chasseurs, aux guerriers, aux cultivateurs, aux bâtisseurs, un cœur de pierre et des mains de fer.
Toutefois, si on la regarde au microscope, la peau de l’homme a la même structure et le même nombre de capteurs sensitifs que celle de la femme. D’ailleurs, avec la disparition des travaux manuels, on ne sait plus toujours distinguer à la vue et au toucher la main d’un homme de celle d’une femme. Apparaissent à l’horizon ces hommes nouveaux au cœur de soie et aux mains de velours car fondamentalement l’homme est aussi apte à toucher que la femme.
Les caresses du troisième cercle concernent toute la surface cutanée, c’est-à-dire la peau (les marges des sexes et les sexes eux-mêmes faisant partie respectivement du deuxième et du premier cercle).
On a longtemps cru qu’elle était un simple tissu d’emballage du corps, une sorte de cuir. En fait, elle est aussi un organe sensoriel : elle contient le sens tactile – ou toucher – qui se révèle être le sens le plus étendu et le plus riche. En effet, il s’étend sur 18 000 cm2 et est riche de 1 500 000 récepteurs sensitifs (chaque cm2 en contenant 5 à 135 selon les sites). La peau n’est donc pas un sens grossier, contraire- ment à ce que l’on croit, elle est aussi fine que les sens dits « nobles », telles la vue et l’ouïe. Bien sûr, c’est la peau des mains, et tout particulièrement celle Il est important de savoir que la surface que représente la main est aussi vaste que celle que représente l’addition du tronc, des bras et des jambes ; c’est dire que le nombre de neurones sensitifs qui partent de la main est presque aussi important que le nombre de ceux qui partent de la surface totale du corps (moins la bouche). C’est dire aussi combien le toucher – les caresses, les étreintes, les massages, etc. – aura d’impact érotique et psychique.
La peau est le siège d’une énergie que la science occidentale ignore, mais que les médecines orientales ont bien étudiée et utilisée. Cette énergie provient de l’énergie universelle qui parcourt le cosmos – le Ki – ; elle circule à travers le corps, et spécialement à travers la peau, où elle emprunte des voies propres : les méridiens. La bonne santé dépend de la quantité totale d’énergie et de sa libre circulation. Nul doute que le toucher amoureux met en œuvre cette énergie : entre les peaux des partenaires, particulièrement celle de leurs mains, se produisent des échanges énergétiques qui entraînent des charges, des décharges ou des mouvements d’énergie.
Sans doute, ces multiples échanges d’énergie qui se produisent dans l’intimité, sont-ils à l’origine de l’effet antifatigue et réénergisant que l’on ressent dans les contacts entre les corps. Aussi, les hommes qui rechignaient autrefois aux caresses et autres massages, sont actuellement les premiers à Un autre rôle de la peau, c’est d’être émettrice d’odeurs. Or les odeurs ont un rôle considérable dans l’érotisme. Elles ont des répercussions émotionnelles profondes, soit agréables (bouffées de bonheur, bien-être, attirance, etc.) ou désagréables (mal-être, répulsions, etc.). Intervient ici la mémoire des odeurs – mémoire olfactive qui siège dans l’amygdale limbique – qui fait qu’une odeur actuelle nous renvoie à une odeur du passé, laquelle peut être associée à un événement heureux (un fait lié à notre mère, un amour d’enfance, la première fille caressée, etc.) ou pas.
Certaines odeurs, constituées de molécules odoriférantes appelées « phéromones », font office de messagères du désir. Inhalées, elles stimulent, par muqueuse nasale interposée, le centre de la pulsion sexuelle – situé dans l’hypothalamus. C’est ainsi que naît le désir.
L’homme a toujours été sensible aux odeurs de la femme (odeur de sueur, odeur de sécrétion vulvaire, etc.). Toutefois, les odeurs cessent d’être aphrodisiaques lorsqu’elles vieillissent – trop – car des bactéries dégradent les molécules.
Les hommes ont moins de réticences envers les caresses depuis qu’ils savent que le besoin de stimulations cutanées est un besoin biologique fondamental aussi vital que le besoin d’air, de nourriture et d’eau.
ont prouvé que, faute d’être touchés, les petits des animaux ne peuvent pas se développer normalement. De même, de multiples observations – dans les maternités, les orphelinats, les hôpitaux – montrent que les humains, les enfants comme les adultes, ne peuvent jouir d’une bonne santé et d’un bon équilibre psychique s’ils ne sont pas touchés affectueusement.
La stimulation de la peau a de nombreux effets positifs, entre autres : elle accroît la vitalité, elle décontracte les muscles et les viscères, elle active la circulation veineuse, etc. Mais ses actions les plus importantes concernent le psychisme, ce sont ses effets psychotropes : elle est relaxante, tranquillisante et antidépresseur. Ces effets sont dus aux endomorphines que l’hypothalamus sécrète quand la peau est caressée agréablement. On peut aussi les expliquer par le fait que le toucher constitue un langage qui exprime la sollicitude et la tendresse que le partenaire nous porte et qui rompt notre angoissante solitude.
La caresse d’amour est gratuite
La caresse peut se donner en prélude au coït, ou en postlude succédant à l’union, ou s’offrir gratuite- ment sans intention de coïter. La caresse gratuite a pour seul but d’offrir du bien-être à son partenaire sans envisager la pénétration. Après tout, ce que l’on cherche dans l’union sexuelle c’est la volupté et l’apaisement, or une séquence de caresses et de massages apporte l’un et l’autre. Certes la volupté Bien entendu, quand les partenaires souhaitent une séance de caresses gratuites, la femme devra éviter d’aborder le pénis, sinon, celui-ci affriolé réclamera son dû, c’est-à-dire le soulagement par éjaculation (par branlage, par fellation ou pénétration). Et c’en sera fini de la caresse, car l’homme assouvi n’a plus ensuite, le plus souvent, envie de caresser la peau.
La caresse de préliminaires
Pendant longtemps, en Occident et dans la majorité des pays du monde – en particulier ceux sous influence occidentale – la plupart des hommes « prenaient », « sautaient » les femmes sans demander leur avis et sans les caresser préalablement, c’était des formes de viols, des « viols conjugaux ». Par contre, en Orient, depuis plus de 6 000 ans, les arts érotiques enseignaient l’importance des préludes et les décrivaient avec poésie et force détails.
Depuis « l’émancipation » de la femme qui a acquis le droit au plaisir, depuis la libération de la sexualité et depuis l’avènement de la sexologie, les hommes savent bien qu’il faut préparer la femme à l’union. Préparer signifie accroître son envie de faire l’amour (au cas où son désir somnolerait), provoquer sa lubrification afin que l’échange se passe bien pour les deux partenaires et améliorer la turgescence de ses corps érectiles (clitoris, vulve, gaine vaginale) afin que son plaisir soit optimum.
Mais il y a quelque chose de mieux encore avec l’homme généreux en matière de préliminaires, c’est qu’il en veut pour lui-même : il veut des baisers et des caresses sur toute la surface de son corps et en tire beaucoup d’agrément et de plaisir. Bien sûr, au début, son pénis se tend et trépigne, mais lorsque les caresses s’étendent à tout le corps, il se détend. S’il le faut, la femme peut aider le pénis à s’apaiser et à patienter : qu’elle le saisisse prestement et le serre dans sa main, sans le branler et qu’elle lui donne quelques baisers subtils en lui parlant : « Rassure- toi, je vais m’occuper de toi... Patiente, je vais faire le tour de ton propriétaire et je reviens. » Après avoir offert ses caresses à toute la surface de l’homme, elle reviendra au sexe. Alors, l’homme atteindra un niveau d’orgasme bien supérieur.
Ce sont les cajoleries que les partenaires se donnent après avoir communié dans l’orgasme. Autrefois, on les négligeait. Toutes les confidences des femmes contiennent les mêmes plaintes : après avoir « tiré son coup », l’homme se détache, roule sur le côté et plonge dans un profond sommeil, à moins qu’il ne s’asseye dans le lit pour fumer une cigarette, pire, se lève pour se laver et aller vaquer à ses occupations.
• Que l’homme s’endorme peut se comprendre, il vient d’accomplir un effort physique plus ou moins prolongé (entre 5 et 45 minutes). De plus la volupté bonne quantité d’endomorphines dont on connaît le pouvoir sédatif. Enfin, la fameuse phase réfractaire qui suit son orgasme est marquée non seulement par une chute de son érection et de son désir, mais aussi par une certaine apathie mélancolique.
• Que l’homme se détache s’explique par les mêmes raisons. Mais il faut y ajouter une raison de plus : le guerrier qu’il est resté au fond, n’aime pas ces moments où le cerveau ivre, le corps las et le sexe mou, il s’effondre dans les bras de la femme, comme si la femme l’avait vaincu. C’est encore la « mâle peur » qui transparaît ici.
• Que l’homme soit triste se conçoit aussi : en lui, plus ou moins conscient, il y avait ce rêve de fusion absolue, de retour au paradis perdu (la vie fœtale, la vie infantile). Il a jailli quelques instants à ce zénith, puis il en est retombé s’écrasant sur le non-sens de cet acte uniquement mécanique à propos duquel le médecin grec Galien écrivait : « Tout animal est triste après l’amour... »
Il en va autrement pour l’homme généreux. L’union sexuelle, il la pratique comme une longue communion sur le mode de la « caresse intérieure » (rendue possible par l’art du contrôle de l’éjaculation). Son orgasme, il en a fait une extase et lui a donné un sens élevé. Donc, au lieu d’être fatigué, il est revigoré et comblé. Alors il reste niché contre sa compagne pour prolonger le temps de la fusion où on ne fait qu’un, le temps de l’euphorie où l’on se trouve dans un état de conscience extraordinaire. Il est alors prêt pour de nouvelles caresses...
Docteur Gérard Leleu
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