Qi-gong : ouvrir le lotus abdominal

Plusieurs sutras anciens attribués au Bouddha décrivent la respiration comme une méthode de santé et d’éveil. Par exemple, l’Anupananusmriti commenté par Tang Hoï au iie siècle de notre ère :
« La pleine conscience de la respiration est le grand véhicule utilisé par les Bouddhas pour sauver les êtres qui partent à la dérive et se noient dans l’océan de grande souffrance. »
Et plus loin, la méthode est détaillée et ressemble à la technique utilisée par les taoïstes adeptes de Lao Zi :
« La méthode qui consiste à compter la respiration s’utilise quand notre esprit est trop distrait. 1 »

Le monastère de Shaolin a été indubitablement influencé par l’école chinoise de l’alchimie interne – Neidan – et au cours des siècles, les enseignements taoïstes se sont mélangés aux éléments purement bouddhistes dans l’utilisation de la respiration pour la santé et l’éveil spirituel. De nombreuses écoles taoïstes contemporaines reconnaissent clairement un héritage bouddhiste. Par exemple, l’école de la Porte du Dragon (Longmen Pai) considère le Sutra du Cœur (Prajnaparamita Sutra en sanskrit) comme un élément de référence de son enseignement principal. Il n’est donc pas étonnant d’observer ces mélanges qui ne semblent poser problèmes qu’aux exégètes occidentaux.

Les taoïstes et les bouddhistes de Shaolin accordent une grande importance à l’élaboration progressive de l’énergie vitale qu’ils nomment le Qi. Le seuil de la voie du Tao consiste à développer et à purifier cette essence vitale (Qi) par un processus interne appelé « alchimie intérieure » ou Neidan. Cette méthode n’est à ce stade en aucune manière réservée aux seuls yogis et ermites. Elle consiste à développer l’énergie par palier. La première étape consiste à allumer le « fourneau » alchimique du ventre, le Champ de l’élixir, Champ de cinabre ou Dantian (Hara en japonais).

Ce Dantian est un espace particulier qui n’a pas vraiment de localisation concrète au niveau de notre anatomie. Son emplacement peut d’ailleurs varier selon les pratiques employées. Un adage chinois dit que « toutes les dix mille choses commencent au Dantian », montrant sa relation avec la naissance (le cordon ombilical). C’est en fait un site rempli d’énergie et son développement augmentera la force vitale.

D’un point de vue plus pratique, on peut dire que le développement conscient de ce Dantian amène une bonne vitalité, une meilleure digestion et une sensation de douce chaleur interne. Le fourneau est donc alors allumé et le travail d’autoguérison peut ainsi commencer. Comme nous l’avons compris, les taoïstes considèrent que le Qi, l’énergie, est la base de toute guérison. Ce Qi permet la nutrition, la circulation de la vitalité.

Au niveau le plus simple, dans le corps humain, l’énergie vitale a deux fonctions :
-- défendre le corps des agressions extérieures : climatiques, virales, etc. ;
-- nourrir l’énergie des organes principaux et les soutenir dans leurs fonctions.

Il existe des centaines d’exercices en Chine pour développer ce Dantian, mais les plus simples sont aussi les plus efficaces. Dans ce livre, j’ai pris le parti de ne proposer que des méthodes simples et authentiques, accessibles à tous. Voici donc la méthode de l’ouverture du lotus dans le ventre. Il s’agit d’un bon moyen de ressentir rapidement l’énergie vitale et de la développer rapidement. On pourrait nommer cette méthode : « la fondation du Tao de guérison ».

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1. Maître Tang Hôi, La Sangha du village des Pruniers, éditions Sully

 Gérard  Edde                           
                                                                              

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