Prendre des compléments alimentaires riches en vitamines, un supplément pour pallier certaines carences

 



Le complément alimentaire a un rôle de supplément. Il complète un régime alimentaire équilibré pour pallier certaines carences et déficits éventuellement retrouvés chez un patient, tout en apportant un « plus » physiologique à l’apport alimentaire qui n’est pas toujours optimisé.

Ainsi, si l’état de santé général est bon et les repas riches et variés, le complément alimentaire à base de vitamines n’est pas nécessaire pour être en forme. Il est d’ailleurs rare à l’heure actuelle d’être carencé dans les pays industrialisés. Toutefois, le médecin évalue, au cas par cas, l’ utilité et le bénéfice à prescrire et à conseiller un complément à son patient. En ce qui concerne le complément alimentaire à base de plantes, une prescription médicale adaptée est vivement recommandée afin d’éviter les interactions et effets secondaires possibles en phytothérapie.

Le complément alimentaire a une définition réglementaire depuis le 15 avril 1996 qui a été repris par la directive européenne de 2002 : ce sont « des denrées alimentaires dont le but est de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d’autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique seuls ou combinés, commercialisés sous forme de doses destinées à être prises en unités mesurées de faible quantité ».

Leur marché est en pleine expansion et représente un chiffre d’ affaires de plusieurs milliards d’euros. En 2013, un adulte français sur cinq et un enfant sur dix en consomment régulièrement selon l’étude INCA-2 (étude individuelle nationale des consommations alimentaires) menée par l’ANSES.
Le complément alimentaire n’est pas un médicament, cependant une dose réglementaire quotidienne à ne pas dépasser est à respecter pour chaque principe actif retrouvé dans ces produits, car, contrairement à ce que l’on pense, leur consommation n’est pas anodine et des effets négatifs tels que surdosages, effets secondaires et interactions avec des médicaments en cours de traitement peuvent survenir. Il existe d’ ailleurs depuis l’arrêté du 9 mai 2006 une liste des substances nutritionnelles autorisées pouvant être employées dans la fabrication des compléments alimentaires (vitamines, minéraux, acides aminés, antioxydants, polyphé- nols, acides gras essentiels et extraits de plantes). L’ ANSES a mis en place en 2010 un dispositif national de nutrivigilance qui recense les effets indésirables liés aux compléments alimentaires comme les allergies et les troubles digestifs.

Dans certains cas, les compléments alimentaires sont même strictement déconseillés.
Les produits à base de bêta-carotène à forte dose ne doivent pas être consommés par les fumeurs pour qui le risque de cancer du poumon est alors accru. On se contente donc du retour aux sources pour les caroténoïdes : les carottes. Cependant, le tabac et la fumée de cigarette détruisent les vitamines. Il est donc important d’avoir un régime très varié et riche en aliments à haute valeur nutritionnelle quand on est fumeur.

Autre point essentiel : il faut éviter les accumulations de compléments alimentaires afin de ne pas dépasser les apports recommandés en micronutriments. Certaines vitamines et autres oligoéléments deviennent pro-oxydants (nocifs) lorsqu’ils sont présents en trop fortes quantités dans l’organisme. C’est le cas pour la vitamine C, E, le fer, le cuivre, le zinc et le sélénium. Au lieu de les éliminer lorsqu’ils sont en quantité adéquate, ils vont favoriser l’accumulation de toxines une fois devenus pro-oxydants.

Il existe aussi un risque de surdosage avec toutes les vitamines liposolubles (grasses), les vitamines A, D, E, et K, qui se stockent dans l’organisme et dont les « seuils santé » ne doivent pas être dépassés. Il convient donc de faire une prise de sang avant toute consommation de ces produits.

Attention également pour les patients atteints de pathologies cardiaques : si un patient suit un traitement à base d’AVK (médicaments anticoagulants), il doit proscrire les oméga-3 (acide gras essentiel) en forte quantité et les vitamines E et K qui augmentent la fluidité du sang et peuvent donc interagir avec son traitement. Là encore, l’apport alimentaire est favorisé et le conseil médical préconisé.

Toutefois, le stress, la pollution, la transformation des aliments au niveau industriel, les pesticides et autres polluants alimentaires, la consommation d’alcool, de tabac, de café et de thé, et de soda en trop grande quantité, font qu’il peut être justifié de consommer des compléments alimentaires afin de pallier leur destruction ou malabsorption malgré une alimentation saine et variée.

L’association entre un traitement allopathique et un complément alimentaire optimise parfois leurs effets thérapeutiques ou permet de réduire des effets secondaires dus au traitement classique. En effet, si les patients sous statines (pour leur hypercholestérolémie ou cardiopathies) ne doivent pas consommer de produits à base de levure de riz rouge qui feraient alors double emploi, on leur conseille de prendre un complément alimentaire à base de coenzyme Q10, antioxydant naturel, qui diminue le risque d’avoir des « crampes » musculaires, dont la plainte est fréquemment décrite avec les statines prises au long cours.

Par ailleurs, certaines personnes sont davantage concernées par la prise de compléments alimentaires.

Les folates (B9), le fer, l’ iode et la vitamine D (si carence) sont préconisés chez la femme enceinte et allaitante, alors qu’on sera très vigilant sur l’apport d’autres vitamines telles que la vitamine A, dont le surdosage peut entraîner des malformations fœtales. De nombreuses études montrent même l’intérêt de supplémenter en folate le père (en plus de la mère), pour protéger du risque de spinabifida chez l’enfant à naître (malformation entraînant la paralysie des membres).

Le fer et la vitamine B12 sont des suppléments importants chez les individus végétaliens ou végétariens qui présentent très souvent des carences par manque d’ apport en viandes et poissons. Il en est de même chez des patients suivant un régime alimentaire restrictif strict.
Les personnes âgées, qui ressentent moins la faim, ont tendance à moins s’ alimenter. Chez ces patients, des carences en acides aminés essentiels et en vitamines peuvent, de par leur régime restrictif, également survenir.

Les antioxydants tels que les coenzymes Q10, glutathion et acide lipoïque, sont conditionnellement essentiels. Ils sont naturellement fabriqués par notre propre organisme quand l’état de santé est bon. Cependant, en cas d’affaiblissement (infections, stress, fatigue, régime hypocalorique monotone, sport intensif), leur synthèse est réduite et la nourriture ne suffit pas à leur production. Ils sont alors indispensables et doivent être apportés par des compléments alimentaires afin de rétablir un taux optimal.

 Les compléments alimentaires à base de fer et à base de magnésium sont indiqués chez les femmes pendant leurs règles (perte de fer dans les menstruations), afin de limiter la fatigue et la douleur.

La vitamine D est apportée par l’alimentation en petite quantité. Sa synthèse dépend aussi de l’exposition aux UV (soleil). Les individus enfants et adultes à phototype foncé (peaux mates et noires) dont les pigments (anti-UV) de la peau entravent son absorption, doivent effectuer une prise de sang afin d’être supplémentés en fonction des résultats biologiques obtenus. En 2007, l’ étude publiée dans l’ American Journal of Clinical Nutrition par l’équipe du Dr Van Dam, montrait que la population caucasienne (blanche) active et peu exposée à la lumière du jour manquait de vitamine D et qu’il était difficile d’obtenir des niveaux suffisants au vu de la pauvreté de sa présence dans l’alimentation (huile de foie de poisson). La supplémentation est alors une bonne alternative.

La vitamine D est également prescrite en cas de cancer du sein afin d’ en prévenir les rechutes et, associée au calcium, pour les femmes ayant de l’ ostéoporose pour limiter le risque de fracture osseuse.

En cas d’arthrose, on conseille un complément alimentaire à base de silice (pouvant être apportée sous forme de bambou), de chondroïtine et de glucosamine, trio indiqué au long cours afin de limiter l’ évolution de cette maladie chronique de dégénérescence du cartilage.

Les compléments à base de zinc, d’onagre et de bourrache sont un outil thérapeutique pour traiter les problèmes dermatologiques type acné, eczéma et dermatite en plus des traitements classiques.
Enfin, notons que l’étude SUVIMAX, menée à partir du suivi de 13 000 sujets sains supplémentés en vitamines C et E, bêta-carotène, zinc et sélénium pendant 7,5 ans, a montré une réduction du risque de tout type de cancer de 31 %, et une diminution de 37 % de la mortalité chez les hommes.
Le point à souligner dans les résultats de cette étude est sans aucun doute que les hommes se nourrissant mal (peu de fruits et de légumes) parviennent à compenser leur manque d’antioxydants naturellement apportés par la nourriture, par des compléments alimentaires. On recommande évidemment de privilégier la nourriture comme source de vitamines, pour autant, les compléments restent bénéfiques dans les cas de déséquilibre alimentaire (malbouffe notamment).

En bref, c’ est en fonction des symptômes et de l’état général du patient que des compléments alimentaires peuvent être prescrits en cure de courte durée et sous contrôle médical, tout en gardant à l’ esprit qu’ une hygiène de vie alimentaire prévaut sur ces produits.

 

Le +
Avant de se jeter sur les compléments alimentaires, et même si c’est la mode, on conseille en premier lieu un apport alimen- taire très varié avec des journées hebdomadaires privilégiées où les repas seront plus riches en produits frais. Tenir un carnet alimentaire au jour le jour, pendant quinze jours, permet d’analyser objectivement si les repas contiennent à chaque fois des végétaux : fruits, légumes, légumineuses, salade, oléagineux et herbes.

Après une prise de sang ayant dosé taux de vitamines et niveau de stress oxydant, une cure de compléments alimentaires est à envisager selon les carences retrouvées. Soulignons que les antioxydants les plus puissants et donc efficaces sont les coenzymes Q10, l’acide lipoïque, la carnosine, le glutathion et le resvératrol.

Les exemples de cures de compléments alimentaires qu’ils soient en vitamines ou avec des plantes, sont nombreux, parlez-en toujours avec votre médecin au lieu de vous auto-supplémenter de façon aléatoire.

 Dr Alexandra Dalu

 

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