Paris / Exposition : À table au Moyen Âge


L’exposition invite le visiteur à la table des puissants comme à celle des gens modestes.
Lors des banquets, la convivialité est au rendez-vous : suivant les règles de bonne manière, tranchoir, coupe et pain sont partagés : les invités deviennent ainsi co-pains. Richesse de la vaisselle du vin, profusion des mets, mise en scène des entremets contribuent à valoriser le maître des lieux. Mais attention, la gourmandise est aussi le premier des péchés capitaux, dont témoigne nombre d’enluminures

Du passé faisons table rase
Au Moyen Âge, la table n’est pas encore « dormante » mais montée sur tréteaux, d’où l’expression « mettre la table ». Lors d’un repas, la table est couverte d’une nappe de lin doublée d’une « longière » (serviette commune) avant de recevoir les tranchoirs servant d’assiettes, les coupes et les couteaux. Dressoir pour la vaisselle précieuse mais aussi tentures verdoyantes et jonchées de fleurs fraiches célèbrent la richesse du propriétaire dans un cadre idyllique.

À table !
La table du seigneur, est parfois surélevée, toujours proche de la cheminée. Sont distingués un haut bout (proche de celle-ci) d’un bas bout. Conséquence : le nombre de plats servis ne sera pas le même en fonction de l’emplacement. Si l’invité d’honneur voit tous les mets servisdevant lui, ceux du bas bout devront seulement se contenter d’une
demi-aile de poulet ! Début et fin de repas sont marqués par le lavage desmains, rituel dont témoignent de nombreux aquamaniles et aiguières. Outre l’hygiène, les traités de bonnes manières insistent aussi sur la retenue, le fait de ne pas empiéter sur l’espace de son voisin et de rendre hommage à l’hôte même si les plats sont trop cuits ou trop salés.

La chaîne de l’être
Selon la pensée médiévale héritée de la Physique d’Aristote, l’univers est doté d’une organisation verticale, depuis Dieu jusqu’aux objets inertes, situés au plus bas. C’est pourquoi, dans les festins, les fruits sont préférésaux légumes et les oiseaux aux quadrupèdes. Le choix des ingrédients dépend aussi des saisons, de la santé et surtout du calendrier religieux qui impose un jeûne sur le tiers de l’année. Si bourgeois et aristocrates prennent deux repas par jour, ouvriers et paysans doivent se nourrir plus régulièrement mais avec des mets d’une grande monotonie: leur repas est constitué de pain à 70 % avec du vin léger et d’un companage (ce qui accompagne le pain, surtout des légumes).

Le pays de Cocagne
L’angoisse de la famine au Moyen Âge a produit l’utopie économique du pays de Cocagne dès le XI ème siècle. Le banquet en est une des expressions majeures. À la fin du XIII ème siècle, recettes et ordre des mets sont consignés dans desmanuscrits tel le Viandier de Taillevent écrit par le maître queux des rois Charles V et Charles VI. Dans ces repas parfois gargantuesques, entre 600g et 1kg de viande sont proposés par jour et par personne sans que tout soit consommé.

Pouvoir et convivialité à table
Les festins permettent d’impressionner durablement les convives tout en valorisant le maître des lieux. Dans cette optique, une attention particulière est portée à l’entremets, pièce spectaculaire apportée au milieu du repas. Le vin, qui tient également une place centrale, est mis en scène par des fontaines de table. Cette prodigalité est vivement critiquée par les moralisateurs. Plus que la surabondance alimentaire, c’est l’excès de plaisir éprouvé à manger qui met la gourmandise au premier rang des péchés capitaux.

TOUR JEAN SANS PEUR
20, rue Étienne Marcel - 75002 Paris
www.tourjeansanspeur.com
Jusqu’au 15 novembre 2015