Le rôle des odeurs dans l’attirance amoureuse

Les odeurs corporelles jouent un grand rôle dans l’attirance entre les êtres, je suis même persuadé qu’elles déterminent à elles seules beaucoup de « tomber en amour », voire de coups de foudre. En effet, elles contiennent des « phéromones », des molécules volatiles qui, issues de certaines zones du corps (le creux axillaire, les régions périsexuelles et les sexes, entre autres), vont stimuler les capteurs des narines, d’où partent alors des influx nerveux qui vont exciter certains centres du cerveau : le centre des émotions (le rhinencéphale) – et en particulier, dans ce centre, le site de notre mémoire olfactive (l’amygdale limbique) – et le centre de la pulsion sexuelle.

En stimulant le centre de la sexualité, les influx engendrent le désir, c’est pourquoi on dit que les phéromones sont « les messagers du désir » ; en stimulant le centre de la mémoire des émotions olfactives, les influx déclenchent la réémergence des états paradisiaques que provoquaient chez l’enfant les phéromones de la mère. En ce temps-là nous vivions collés au corps maternel – ses seins, ses creux axillaires, son pubis etc. Ici les phéromones jouent le rôle de « messagers » du bonheur.

Toute molécule odoriférante peut, au moment de la rencontre, engendrer une attirance pour peu qu’elle ait été associée dans le passé à des moments heureux vécus avec une personne chère : odeurs naturelles (aliments, boissons, maison, jardin, campagne, etc.) et parfums. Aussitôt le souvenir du bien-être crée un nouveau bien-être qui nous pousse vers l’émetteur d’arômes.

L’effet des odeurs peut être tout à fait inconscient et toutefois nous atteindre en profondeur, y déterminant à notre insu un attrait pour une personne. Il peut aussi être conscient mais vague : c’est une bouffée de bonheur que nous ressentons sans raison apparente. Il peut être enfin parfaitement conscient et précis : sous l’effet d’une fragrance, une personne particulière en un lieu identifié vous revient soudain. Par exemple, une odeur de tilleul en fleurs nous envahit et nous voilà tout à coup heureux en même temps que remonte le visage de cette grande fille dont nous avions pris la main un soir de juin quand nous étions ado. Et nous voilà aussi étrangement attiré par cette femme que nous croisons sur cette place de village saturée d’arômes de tilleul.

D’une façon générale, les odeurs jouent un rôle éminent dans les relations interpersonnelles, participant à nos attirances et à nos répulsions, voire les provoquant. Cela avait commencé chez le bébé dont l’attachement à la mère était déterminé en partie par les fragrances maternelles. Ça conti- nue toute la vie : nous aimons ou détestons en fonction des émanations des personnes.

 

Dr Gérard Leleu

 


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