L'âge n'est pas une faute


Qu’est-ce qui pourrait nous conduire à penser l’âge comme une faute ? Le jeunisme ambiant ? La survalorisation de la jeunesse ? La doctrine antiâge qui fait les beaux jours de beaucoup d’industries, la cosmétique en tête ?

L’âgisme, cette idéologie antiâge, est ravageur. Ce regard négatif porté sur l’âge nous blesse. Le sentiment « d’être out » nous rend malade.

de l’insécurité corporelle et émotionnelle. Il nous donne à penser que le temps est un péril qui nous rend périssable. Or, ce que j’observe autour de moi quand je nous regarde, c’est qu’avec l’allongement de la durée de vie, tous les âges rajeunissent dans leur représentation et leur expression.

Nous nous débrouillons plutôt bien mais nous manquons de « role models », c’est-à-dire de femmes ayant de la visibilité, qui pourraient aider à changer le regard porté sur l’âge. Oui, les femmes et les hommes ne sont pas égaux dans leur rapport à l’âge et surtout dans le regard porté sur cet âge. Nous, les femmes, sommes davantage jugées sur notre physique. Et parfois, entre nous, nous ne sommes pas tendres non plus.


Nous manquons de personnes qui accepteraient de parler de l’âge à cœur ouvert sans faux-semblants et sans se cacher derrière des faux discours du type « mes bons gènes », qui parleraient franchement de leur rapport au fait de vieillir, de ce qu’elles font et ne font pas.

La légende urbaine « des bons gènes » me fait sourire car en fait les gènes ne sont responsables de notre façon de vieillir qu’à hauteur de 20 %. Les 80 % restants sont imputables à l’épigénétique, c’est-à-dire à l’influence des agressions extérieures sur nos gènes. Et pour être encore plus précise, le killer trio composé par des UV, de la pollution et du tabac. Ce sont eux qui accélèrent le vieillissement de nos cellules. C’est en soi une bonne nouvelle, car qui dit agressions extérieures dit aussi programme de protection et de prévention.

Ce sont les représentations qui pêchent et on le voit clairement dans les médias, la pub, les films. Où sont les femmes de 50 ans dans les rôles- phares autres que ceux de grands-mères ? Alors que les personnages de 50 ans et plus côté masculin sont nombreux. Les séries TV sont en train de faire bouger les lignes en mettant en scène des personnages de femmes fortes de 50 ans et plus. C’est un peu long et lent, mais c’est en route.

À notre niveau, dans notre vie de tous les jours, la solution c’est que nous devenions toutes des ambassadrices de cette nouvelle vision de l’âge. Une vision dans laquelle l’âge n’est en rien un frein, où il fait juste partie de la vie. Dans mon monde idéal, l’âge ne devrait plus être un sujet, juste un fait qui n’entraînerait pas plus de conséquences que d’être brune, blonde ou rousse.
Ce qui nous importe en vrai, c’est l’âge que l’on ressent et non celui que les autres nous renvoient avec en prime leurs peurs accrochées à leur flan. Bannissons de notre vocabulaire des phrases du type : « Je ne peux pas m’habiller comme ça, ce n’est plus de mon âge. » Au nom de quoi et de qui les vêtements seraient-ils rangés par âge ? Ça me peine quand j’entends ce type de phrases, à propos d’habillement, mais aussi de coiffure, de chaussures, de style de vie... car je sens que la personne qui la prononce s’interdit quelque chose qui lui ferait plaisir au nom d’un regard collectif qui fixerait la norme de ce qui est acceptable selon l’âge.

J’ai toujours refusé de penser comme ça et j’y suis tellement bien arrivée que je ne m’interdis rien dans le choix de mes tenues vestimentaires. J’ai un style que j’aime et que je garde. Ce que je n’aimais pas à 30 ans (les cols Claudine, les robes à fleurs, les tailleurs, les ballerines, les mocassins...), je ne les aime toujours pas à 57 ans et donc je ne les porte pas. En fait, je privilégie, depuis toujours, le style et l’allure à la mode. Elle m’ennuie un peu, la mode, surtout quand elle frôle le déguisement. Je la regarde avec amusement et je retiens ce qui m’attire.

Je vous incite à vous libérer de ces pensées qui freinent votre désir. Autorisez-vous votre plaisir. Vous verrez que ça a un effet assez magique sur l’humeur. Osez les transformations si elles vous tentent. Ne laissez pas les influences extérieures vous enfermer dans une case et vous coller une image qui n’est pas pas la vôtre.

Natacha Dzikowski

 
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