Digestion : neurones d’en haut et neurones d’en bas...

Vous trouvez le système digestif complexe et performant ? Vous n’êtes pas au bout de vos surprises ! Car il renferme aussi des cellules qu’on ne s’attendrait pas à trouver dans notre ventre : des neurones. Identiques à ceux qui constituent notre cerveau. Les parois de notre tube digestif donnent asile à quelque 200 millions de ces cellules nerveuses. Certes, c’est peu comparé aux 100 milliards qui occupent notre boîte crânienne. Mais c’est tout de même davantage que le cerveau d’un petit chien ou d’un chat. Et c’est suffisant pour que des informations s’échangent entre ces deux « cerveaux ».

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Vous trouvez le système digestif complexe et performant ? Vous n’êtes pas au bout de vos surprises ! Car il renferme aussi des cellules qu’on ne s’attendrait pas à trouver dans notre ventre : des neurones. Identiques à ceux qui constituent notre cerveau. Les parois de notre tube digestif donnent asile à quelque 200 millions de ces cellules nerveuses. Certes, c’est peu comparé aux 100 milliards qui occupent notre boîte crânienne. Mais c’est tout de même davantage que le cerveau d’un petit chien ou d’un chat. Et c’est suffisant pour que des informations s’échangent entre ces deux « cerveaux ».

La digestion est un processus si sophistiqué qu’il est, aujourd’hui encore, impossible à reproduire totalement en laboratoire. Il est le fruit d’un nombre incroyable d’interactions, de coordinations, d’informations qui s’échangent... Il fallait bien un équipement neuronal local pour mener à bien tout cela. Certains chercheurs* pensent même que chronologiquement, ce « cerveau intestinal » (aussi appelé cerveau entérique) fut le premier à se développer. L’autre (le cerveau encéphalique) ne servait au départ qu’à l’aider dans sa tâche en facilitant la recherche de la nourriture, de manière à fournir au corps tous les nutriments dont il a besoin pour fonctionner. Depuis, l’évolution est passée par là. Notre encéphale s’est considérablement développé, il a permis l’émergence de nombreuses fonctions inconnues des organismes primitifs, seulement occupés à se nourrir pour survivre. Mais notre cerveau intestinal est toujours là, et bien là !

Son principal rôle : assurer la bonne marche de la digestion. Pour cela, nos neurones entériques produisent les mêmes messagers chimiques (neurohormones et neurotransmetteurs) que nos neurones encéphaliques. Prenez la sérotonine : dans notre cerveau, ce neurotransmetteur est l’agent principal des états de détente et de sérénité. Dans le tube digestif, il rythme la digestion, contrôle la régularité du transit et assure la circulation des informations entre les différents organes. Plus de 90 % de la sérotonine qui circule dans notre organisme sont produits dans le tube digestif. Et ils y restent le plus souvent, car cette sérotonine, bien que circulant par voie sanguine, n’atteint que très peu le cerveau.

Ces neurones intestinaux contrôlent aussi les contractions du tube digestif qui permettent à son contenu d’être guidé dans son voyage au pays des entrailles. Ils agissent alors via le système neurovégétatif (notamment le nerf vague) qui gère toutes nos fonctions physiologiques inconscientes : battements cardiaques, respiration et, bien sûr, digestion. Tout se passe ainsi en dehors de notre contrôle, et c’est tant mieux. Cela n’empêche pas le cerveau encéphalique d’être tenu au courant en permanence de l’avancée des travaux, et d’intervenir lorsqu’il le juge nécessaire. Ces voies de communication internes jettent une lumière nouvelle sur les relations entre notre tête et notre ventre. Comment s’étonner, alors, que l’excès de stress puisse perturber la digestion et le transit ?

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De la saveur dans le ventre ?
des chercheurs ont découvert récemment, dans la paroi intestinale, des récepteurs identiques à ceux qui, sur notre langue, nous servent à ressentir le goût des aliments. personne n’a encore percé à jour leur fonctionnement avec précision, mais il semble qu’ils jouent un rôle d’alerte en guidant et en régulant la production des messagers chimiques dans le tube digestif. un détail savoureux...


* C’est le cas notamment de Michel Neunlist, chercheur à l’Institut des maladies de l’appareil digestif, à l’Inserm de Nantes.

 

Dr Philippe Maslo / Marie Borrel


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