Comment soigner un ego mal en point après une rupture ?

Nous avons le coeur brisé à l’idée qu’il ne sera plus possible de voir, de toucher, de parler avec celle ou celui qui nous fut si cher. Mais le cœur cicatrise. Avec du temps, de la patience, le souvenir s’estompe... Il est beaucoup plus difficile de réparer un amour-propre bouleversé par l’abandon, l’indifférence ou les insultes. Face au silence, nous nous disons aussi que nous ne valons pas cher. Dans l’état de fragilité où nous sommes, nous pouvons croire que nos ex-amoureux ont raison de nous trouver si... bourrés de défauts. Nous avons honte encore vis-à-vis de notre entourage et un tel sentiment d’échec. Notre esprit de vengeance n’arrange pas les choses. En réponse au mal qui nous est fait, nos pensées s’enlaidissent : idées de chantage, de vengeance, de haine... nous ne nous reconnaissons pas. Et ce retour au statut de « célibataire » qu’il est difficile à assumer ! Il va falloir prendre soin de notre amour-propre, inventer d’autres raisons d’être fiers de nous, lutter pour remonter la pente de la confiance de soi. Parfois, c’est une véritable escalade...

Nous avons le coeur brisé à l’idée qu’il ne sera plus possible de voir, de toucher, de parler avec celle ou celui qui nous fut si cher. Mais le cœur cicatrise. Avec du temps, de la patience, le souvenir s’estompe... Il est beaucoup plus difficile de réparer un amour-propre bouleversé par l’abandon, l’indifférence ou les insultes. Face au silence, nous nous disons aussi que nous ne valons pas cher. Dans l’état de fragilité où nous sommes, nous pouvons croire que nos ex-amoureux ont raison de nous trouver si... bourrés de défauts. Nous avons honte encore vis-à-vis de notre entourage et un tel sentiment d’échec. Notre esprit de vengeance n’arrange pas les choses. En réponse au mal qui nous est fait, nos pensées s’enlaidissent : idées de chantage, de vengeance, de haine... nous ne nous reconnaissons pas. Et ce retour au statut de « célibataire » qu’il est difficile à assumer ! Il va falloir prendre soin de notre amour-propre, inventer d’autres raisons d’être fiers de nous, lutter pour remonter la pente de la confiance de soi. Parfois, c’est une véritable escalade...

Francesco Alberoni a-t-il raison : « On tombe amoureux quand on veut devenir quelqu’un d’autre dans une autre vie » ? Si c’est le cas, alors nous perdons triplement dans la rupture : nous perdons quelqu’un et nous perdons deux rêves, celui de pouvoir enfin changer de vie et changer de peau. Nous avions pensé qu’avec lui, avec elle, nous allions enfin pouvoir nous réaliser et faire correspondre notre moi profond et un mode de vie. Le tout en étant compris, validé, encouragé et aimé pour ce nouveau moi qui, enfin, pourrait s’épanouir.

J’avais un rêve...
Quelques exemples : nous avons toujours rêvé d’avoir un bébé et même plusieurs, de fonder une famille. Or nous avons rencontré un garçon qui justement en rêve aussi et avec nous : nous allons prendre un appartement, nous marier, avoir beaucoup d’enfants. Ou bien nous rêvions d’aventure pour avoir vécu une enfance rangée. Comme Colette la jeune fille sage qui, après des études de droit (la loi, les règles, la justice et tutti quanti) n’avait qu’une idée : mettre les voiles et faire le tour du monde. Comment s’étonner qu’elle soit tombée amoureuse d’un aventurier, skipper de métier, naviguant sur les mers d’un bout à l’autre de l’année ? C’est encore l’histoire racontée dans La première épouse, le magnifique livre de Françoise Chandernagor.

La narratrice est mariée depuis de longues années avec un éditeur volage. Ils ont quatre enfants quand le coureur s’assagit pour une femme banale. Banale ? Oui, peut-être, mais elle a compris que le rêve profond de celui qui fait écrire les autres est d’écrire lui-même. Enfin deviné et soutenu, il trouve LE sens qu’il doit donner à sa vie. Oui, l’amour nous révèle. D’ailleurs, nous le crions sur les toits. Nous avons des ailes. Nos nouveaux compagnons ont raison : voilà ce que nous sommes, ce pour quoi nous sommes faits. Parfois, c’est la sexualité que l’on découvre. Dans ces bras- là, on peut atteindre le septième ciel, ne jamais s’ennuyer, découvrir une infinité de caresses, inventer des partages inédits, comprendre que le sacré et le bestial se rejoignent dans une communion à chaque fois inédite. C’est une révélation qui donne un sens à la vie comme si nous n’avions jamais été auparavant ni vraiment désirants, ni véritablement vivants.

Raser les murs dans sa vie d’avant...
Et puis... quand on dit que tout s’écroule, on n’est pas loin de la vérité. Il y a l’amour perdu mais aussi le rêve de changement qui l’accompagnait. Non seulement nous ne serons pas maman ou aventurière ou écrivain (en tout cas pas cette fois) mais il faut en plus revenir à sa vie d’avant, celle qu’on voulait fuir et... redevenir « la vieille fille seule à 36 ans qui cherche un mec, qui passe son temps dans les maternités à féliciter ses copines d’avoir mis au monde un si beau bébé ». Redevenir l’homme de bureau enfermé dans une tour, à la Défense, dans la pollution parisienne après avoir frôlé le grand air et la liberté de la campagne parce qu’on avait rencontré, comme dans le film, une éleveuse d’oies du Gers qui faisait chambres d’hôtes et nous promettait que le bonheur est dans le pré. Retrouver comme Colette le barreau (et les barreaux) d’une vie, pour laquelle elle se sent encore moins faite, après avoir espéré passer le reste de ses jours le long des côtes ou en pleine mer. Il faut remballer ses rêves et se reprocher d’y avoir cru si fort, de l’avoir même crié sur les toits tant on était sûrs qu’ils allaient se réaliser...

Et l’entourage ? Les parents de la future maman se réjouissaient déjà d’être grands-parents, de marier enfin un de leurs enfants. Ils cessaient de se faire du souci pour cette « petite » qui depuis longtemps était Catherinette, se sentait « vieille fille », un terme désuet mais une idée forte et qui fait mal ! Ils essaient de ne pas le montrer mais ils sont terriblement déçus. Remonte une détestable image d’elle-même : « pas aimable, pas aimante, foutue, vieille à 36 ans autant dire l’âge de Mathusalem, finira comme sa sœur aînée (43 ans), aigrie, revêche, fâchée avec tout le monde. Même pas fichue de faire le bonheur de ses parents, d’offrir à son père malade sa dernière joie, celle de voir da fille « casée » et d’avoir un petit-fils, etc. L’ex- aventurière des mers n’est pas en meilleur état. C’est la tête basse qu’elle revient dans son cabinet bien avant la fin de son année sabbatique. Il faut qu’elle supporte les moqueries : « Ben quoi, elle a rétréci la mer ? Il est déjà fini ton tour du monde ? Vous aviez oublié de lever l’ancre ou quoi ? » Et Patricia l’écrivain ou plutôt l’écrivaine qui voyait déjà son livre à bandeau rouge parader dans les vitrines des libraires ? Elle a honte d’avoir cru aux sornettes d’un éditeur, d’un homme à femmes qui, pour la mettre dans son lit, lui a prêté du style. Comment avait-elle pu y croire ? Il faut être bien bête, bien naïve pour tomber dans un piège aussi grossier. D’ailleurs, elle est bête et naïve...

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DUR, DUR LE REGARD DES AUTRES...
Presque tous les regards font mal. Les regards indifférents de ceux qui n’aiment plus. Les regards que nous croyons critiques ou remplis de pitié « la pauvre ! ». À moins qu’il s’agisse de regards mauvais puisque, ô sacrilège ! nous avons « lâchement » rompu après avoir promis d’aimer toujours. Mais n’exagérons rien. L’empathie est plus fréquente que la parano. Tout le monde a connu des ruptures, des rêves déçus, déploré l’échec de relations amicales, amoureuses. Le pire en fait est le regard que nous portons sur nous-mêmes. Ceux qui guérissent vite gardent la tête haute. Ils assument leurs choix, leurs rêves, trouvent que « c’était beau d’y croire ». En tout cas, c’était comme ça. Quant à cette séparation, elle est un accident de la vie qui peut arriver à tout le monde. Quel regard poser sur soi ? Un regard compréhensif et bienveillant. Un regard consolateur mais plein d’espoir aussi. Pas question de renoncer à ces rêves que l’amour a dévoilés. Certains sont réalisables seuls. Les autres ne sont que reportés...
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La honte est encore plus forte quand on a été trahi, humilié. Nadine raconte que sa cousine était comme sa sœur, sa meilleure amie, celle à laquelle elle confiait tout y compris ses histoires de couple ; un couple qui n’allait pas très bien. Elle ne se doutait pas que son mari et sa cousine fondaient leur intimité plus qu’amicale sur ses confidences. Un jour, ils sont partis ensemble. Elle s’est sentie trahie mais aussi ridiculisée d’avoir fait confiance « à deux escrocs du cœur » qui se soudaient à ses dépens. Karim et Gaétan de leur côté sont tombés amoureux de femmes qui les ont trompés plus ou moins ouvertement, en leur jurant qu’ils étaient les hommes de leur vie. Par amour, ils ont tout accepté : qu’on les trompe, qu’on les dépouille, qu’on se refuse à eux après tant de serments d’amour.

Humains, généreux, amoureux surtout... ils ont compris que l’une avait découvert la sexualité dans ses bras et qu’elle y avait pris goût au point d’en essayer d’autres : « Je l’ai révélée et d’autres en profitent... » Ils sont allés jusqu’à la demande en mariage, à l’achat d’une bague de fiançailles à celles qui juraient leur amour à eux et à d’autres.

Bien sûr, ces tromperies les faisaient souffrir mais ils ont honte surtout de ce qu’ils ont laissé faire. « J’étais un trou dans l’agenda d’une fille... je me suis senti une merde, une paillasse... » Au début, on se sent généreux puis honteux. « À force de tout comprendre, j’ai tout accepté », confiait un jour l’actrice Mathilda May.

Le bilan pour Gaétan est encore pire. Sa femme attend un second bébé quand il rencontre, à la Martinique où il est temporairement muté (il est militaire) en allant en boîte avec des collègues, une métisse « assez commune mais n’ayant pas fait l’amour avec son mari depuis trois ans, elle était tellement chaude qu’une passion sexuelle a commencé. Pour elle, j’ai quitté ma femme, vendu ma maison, abandonné mon bébé, transporté mes affaires et acheté des produits de luxe comme un écran plasma (pour 6 000 euros en tout) en vue de notre future installation.

Quand je suis arrivé là-bas, elle avait quitté son mari mais elle était froide, extrêmement distante. Elle se refusait sexuellement si bien que j’en étais réduit à me soulager dans les toilettes en attendant qu’elle veuille bien se donner. Lors d’une fête, je lui ai présenté un collègue de travail. Comme j’avais une rage de dents, je restais un peu à part. Je les ai retrouvés s’embrassant sur la terrasse. Je l’aurais tuée... mais elle a dit que c’était bien peu de choses.

Je savais qu’elle me trompait mais je ne pouvais pas en être sûr. La sachant si peu fiable, je n’ai pas osé la laisser pour rejoindre mon père mourant. J’ai fait pire : j’ai lâché mon statut de fonctionnaire persuadé que je trouverais du travail là-bas. Mon amour lui a donné confiance en elle, l’a libérée et c’est moi qui en paie le prix. Maintenant, elle s’éclate tandis que je suis sans boulot, sans femme, sans enfant ; mon père est mort sans moi, je suis couvert de dettes et tout ça pour qui ? Pour une fille qui m’a utilisé, trompé, détruit. Maintenant, elle bloque mes courriels, me raccroche au nez. Je lui ai tout sacrifié, mon amour, mon couple, ma famille, j’ai fait souffrir tous ceux que j’aimais pour elle. J’en tremble encore quand j’en parle. Parfois, je pose mon arme à côté de moi et il ne faudrait pas grand-chose... Et comment revenir en France, regarder mon ex-femme en face, embrasser mes bébés, affronter le regard de ma mère ? Je n’en ai pas la force. »

Gaétan n’a pas le choix. Il faut qu’il se comprenne, qu’il se pardonne, qu’il se considère avec toute l’humanité dont il a été capable en aimant.

Respectez-vous et l’on vous respectera...
D’autres ont la tête basse parce que leur vie privée est soudain dévoilée. Nous sommes nombreux à porter un masque, à jouer un rôle social. Comme il est difficile soudain de montrer sa vulnérabilité, de révéler les échecs d’une vie conjugale qui jusqu’ici restaient secrets. Il nous faut officialiser la rupture auprès de la famille, des amis, de l’école, reprendre son nom de jeune fille, avertir la banque, la Poste, trouver un avocat, chercher un appartement si l’on change de maison... Toutes ces tâches appuient là où nous avons mal mais elles permettent aussi de faire ses preuves, de faire valoir sa débrouillardise, ses qualités d’autonomie.

Hugues est malheureux comme les pierres depuis que sa femme l’a quitté mais il se découvre des aptitudes dans un domaine inattendu : les tâches ménagères. Avant leur séparation, il se sentait bien incapable de tenir une maison, de faire « son » repassage et la cuisine. Seul dans son studio, il constate « qu’il n’est pas si nul ! » et en tire une certaine fierté. Quant à Claire, 45 ans, elle se croyait « rangée des voitures », incapable de plaire aux hommes. Plus rien de sexy ! Elle n’a aucune envie pour l’instant de mettre un homme dans son lit mais elle se rend compte qu’elle regarde les hommes autrement et que, depuis qu’elle s’intéresse à eux (de loin), ils s’intéressent à elle (de tout aussi loin). Elle sent qu’elle peut reprendre vie, sexuellement parlant, et ce possible – tout en lui suffisant – lui ouvre des horizons. Voilà pourquoi il faut sortir pour compenser les « mauvais » regards, cesser d’être transparents, et réaliser que cet amour est fini mais que la vie, elle, continue...

 

Patricia Delahaie
Leduc.s Editions
 

                        
                                                                              

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