Par Sebastien Shary dans Newsletter - CQFPSY
Retour CFP 2015
Sessions thématiques du congrès 2015 :
S22 – Binge drinking chez les jeunes : lectures clinique, neuropsychologique et neurobiologique
Président : Henri-Jean AUBIN – Villejuif
S22A – Impact émotionnel et cognitif du binge drinking – Pierre MAURAGE – Louvain-la-Neuve, Belgique
S22B – Impact cérébral du binge drinking et vulnérabilité à l’alcoolodépendance – Mickael NAASSILA – Amiens
S22C – Quelle qualité de vie pour les binge drinkers ?
Amandine LUQUIENS – Villejuif
Le binge drinking, une pratique consistant à ingérer en un temps très court de fortes quantités d’alcool, est un mode de consommation intermittent d’alcool de plus en plus répandu en France chez les adolescents et les jeunes adultes, en particulier en milieu étudiant. Si les conséquences à moyen et long terme du binge drinking sont encore mal connues, la neurotoxicité et le risque d’alcoolodépendance associés à ce comportement apparaissent particulièrement inquiétantes pour l’avenir.
Points forts
Au niveau cérébral, le professeur M. Naassila (Université de Picardie) a présenté une série d’études initiées dans le cadre du projet européen Alcobinge, confirmant tant chez l’homme que chez l’animal la neurotoxicité particulière du binge drinking. Ainsi par exemple, une diminution de la substance grise a été observée dans l’hippocampe de sujets binge drinkers par rapport à des consommateurs d’alcool sociaux. Ce résultat est cohérent avec les données animales qui montrent que deux équivalents d’épisodes de binge drinking à l’adolescence suffisent à induire des perturbations de la plasticité hippocampique associées à des déficits d’apprentissage et de mémorisation. Par ailleurs, et de façon particulièrement inquiétante, les études animales montrent que les rats exposés à quelques épisodes de binge drinking à l’adolescence présentent à l’âge adulte un comportement plus anxieux, consomment plus d’alcool et surtout présentent plus de motivation pour se procurer celui-ci.
Enfin, le Dr A. Luquiens (Villejuif) a exposé les résultats de l’étude BDmiE sur la qualité de vie des sujets binge drinkers. Sur plus de 17.000 étudiants français en grandes écoles ou en faculté ayant répondu à cette enquête en ligne environ la moitié avaient eu au moins un épisode de binge drinking le mois précédent. Si la qualité de vie apparaît altérée chez certains de ces sujets, c’est la fréquence des épisodes plus que l’intensité de ceux-ci qui semble principalement en cause. Il faut noter que les altérations rapportées concerne essentiellement des items comme les conditions de vie, l’argent, la poursuite de projets ou le sommeil mais peu les relations sociales, l’estime de soi ou le contrôle du comportement, ce qui souligne à quel point le binge drinking semble être actuellement dans le milieu étudiant un comportement socialement admis et programmé.
En introduisant ce symposium le professeur HJ Aubin (Villejuif) avait évoqué la crainte que le développement actuel du binge drinking n’inverse bientôt l’évolution positive au cours des dernières décennies de la consommation d’alcool en France et de la morbi-mortalité liée à celle-ci. A l’issue de ces présentations, on ne peut s’empêcher de se demander si en fait ce n’est pas toute une génération, y compris ses éléments les plus brillants, qui est actuellement en train de sacrifier son avenir sur l’autel de la fête dans une indifférence quasi totale de la société.
Christian Trichard,
Étampes