Vous préféreriez être beau ou riche ?


Je me suis toujours demandé pourquoi les gens grossissent après avoir fini leurs études. Je ne parle pas de ceux qui ont des problèmes de santé, mais de tous ceux qui étaient minces pendant leurs études et qui juraient qu’ils ne seraient jamais gros. Cinq ans plus tard, ils ont tous pris du ventre et pas mal de bourrelets. Pourtant, on ne grossit pas du jour au lendemain. Si c’était le cas, ce serait facile de le voir venir et de l’éviter. Cela commence insidieusement, et lorsqu’on s’en rend compte, il est déjà trop tard. À l’université, tout le monde fait du sport (ou presque). Il suffisait même de regarder les beaux mecs et les jolies filles minces pour avoir la motivation pour faire du sport. Aujourd’hui, beaucoup ont des kilos en trop ; malgré ça, ils sont persuadés de tout savoir en matière de nutrition. Essayez de parler régime avec vos amis et je vous parie que vous entendrez ce genre de phrases :

« Il faut éviter les féculents ! »
« Il ne faut pas manger juste avant de dormir, les graisses sont mal brûlées pendant le sommeil. »
« Si tu manges essentiellement des protéines, tu peux perdre beaucoup de poids très vite. »
« Manger des pamplemousses le matin accélère ton métabolisme. »
Ces phrases me font toujours rire. Elles sont peut-être vraies, peut-être pas, là n’est pas la question. Ce qui compte, c’est que les gens aiment pinailler sur les détails. Lorsqu’on parle de perte de poids, nous le savons tous, il y a deux choses à faire : manger moins et faire plus de sport. Pas besoin d’aller beaucoup plus loin que ça. Pourtant, au lieu d’accepter ces vérités simples et d’agir en conséquence, on préfère parler d’acides gras trans, de compléments alimentaires, et l’on s’empresse de comparer les régimes entre eux.

Pourquoi l’argent et la nourriture sont-ils si proches ?

Quand il s’agit de nourriture, on...

• n’a aucune idée de ses apports caloriques ;
• mange plus qu’on ne le croit ;
• pinaille sur des détails tels que le nombre de calories et les types de régimes ;
• accorde de l’importance aux croyances populaires au détriment de recherches scientifiques.


Quand il s’agit de finances personnelles, on...
• ne compte pas ses dépenses ;
• dépense plus qu’on veut le reconnaître ;
• pinaille sur des détails tels que les taux d’intérêt et les valeurs du moment ;
• écoute ses amis, ses parents et les « experts » de la télé, au lieu de lire quelques bons livres sur le sujet.

Quand il s’agit d’argent, les gens se divisent généralement en deux camps : ceux qui ne veulent pas y penser et qui se sentent coupables, et ceux qui sont obsédés par des petits détails, qui ergotent sur les taux d’intérêt et les risques géopolitiques sans réagir. Ces deux options donnent le même résultat, c’est-à-dire aucun. Avant d’investir, il faut apprendre certaines choses, puis laisser son argent évoluer pendant trente ans. Pas très glamour, n’est-ce pas ? Au lieu de ça, on regarde des émissions avec des « pontes » qui font des prédictions interminables sur l’économie et la « valeur phare de cette année » sans prendre la responsabilité de leurs prévisions (qui se révèlent fausses plus de la moitié du temps). Parfois, ils font un coup d’éclat, mais généralement rien de malin ne sort de leurs dires. Et nous, nous faisons toujours plus attention à ces pseudo-experts, surtout en période agitée, comme lors de la crise mondiale de 2008. « Le marché va monter ! », « Non, il va descendre »... tant qu’ils disent quelque chose, nous les écoutons.
Pourquoi ? Parce qu’on aime pinailler sur les détails. Et lorsqu'on regarde maintenant le comportement des marchés boursiers, nous voyons que tous les marchés ont dépassé leur niveau d'avant la crise de 2008.
En faisant cela, on tire une certaine autosatisfaction. On s’active et on exprime rapidement notre avis en essayant de changer ce que pense celui en face de nous. Cela nous donne l’impression d’aller quelque part. Le problème, c’est que cette impression est complètement illusoire. Se concentrer sur des détails est le meilleur moyen de ne rien faire. Rappelez-vous la dernière fois où vous et vos amis avez parlé de finances ou de sport. Est-ce que cela vous a incité à aller courir ? Est-ce que vous avez ouvert un compte d’épargne ? Bien sûr que non.
Les gens aiment débattre des sujets les plus insignifiants, notamment parce qu’ils ont l’impression que cela les décharge d’avoir à y réfléchir pour de vrai. Vous savez quoi ? Laissez ces débats aux imbéciles. Pour ma part, j’ai décidé de mieux connaître l’argent en franchissant de petites étapes pour mieux gérer mes propres dépenses. De la même façon que vous n’avez pas besoin d’être nutritionniste pour perdre du poids, vous n’avez pas besoin de tout savoir sur la finance pour être riche. Je vais le répéter : vous n’avez pas besoin d’être un spécialiste pour devenir riche. Ce que vous devez savoir, c’est comment trier les informations que vous recevez et agir. Finie la culpabilité de ne rien faire !

« Même si je savais qu’ouvrir un compte d’investissement serait une bonne démarche sur le plan financier, je me suis fixé beaucoup de barrières. Je me disais : “Joey, tu ne connais pas la différence entre un PEE et une assurance-vie. Tu vas sûrement avoir beaucoup de paperasse à faire pour en ouvrir un et quand ce sera fait, ça sera une plaie à gérer. Et si je choisis le mauvais fonds ? J’ai déjà un compte d’épargne, est-ce que ça ne suffit pas ?” En fait, c’était ma paresse qui parlait et qui dictait à mon corps de rester sur le canapé et de ne rien faire. »

Joey Schoblaska, 22 ans


À la fin de la journée, qui a gagné ? Les gens contents d’eux- mêmes qui ont débattu avec vigueur de sujets sans intérêt ou celui qui a délaissé le débat pour passer à l’action ?

Ramit Sethi

 

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