Suis-je stressé ?

Nous ne sommes pas tous égaux face au stress. Les agents stressants varient d’un individu à l’autre et d’une époque à l’autre. Nos « stresseurs » ne sont pas les mêmes que ceux de nos ancêtres et les générations futures en connaîtront vraisemblablement d’autres, engendrés par leur mode de vie.
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Nous ne sommes pas tous égaux face au stress. Les agents stressants varient d’un individu à l’autre et d’une époque à l’autre. Nos « stresseurs » ne sont pas les mêmes que ceux de nos ancêtres et les générations futures en connaîtront vraisemblablement d’autres, engendrés par leur mode de vie.

Dans notre société moderne, le fait d’être stressé est devenu tellement banal que vous êtes regardé bizarrement si vous dites ne pas l’être. Et peut-être est-ce cette acceptation tacite qui fait que nous réagissons souvent trop tard. Nous parlons là, bien évidemment, du stress gênant, «pathogène». Lorsqu’il s’agit du stress « bénéfique », stimulant, nous préférons parler de « montée d’adrénaline ». La plupart du temps, nous employons le mot « stress » dans son sens négatif et faisons référence à un état que nous subissons et qui nous fait souffrir. D’où l’intérêt de travailler à déterminer ce qui nous stresse, a n d’en comprendre le processus pour agir le plus efficacement possible sur ses causes.

Parmi les différents types d’agents stressants (chimiques, infectieux, physiques, psychologiques), les facteurs psychologiques peuvent s’avérer plus déstabilisants, car plus insidieux et bien plus difficiles à cerner. Ils sont plus fréquents dans notre société aux contours de plus en plus imprévisibles. L’imprévisible remplace le prévisible et nous avons le sentiment de perdre tout contrôle sur notre vie. Cette perte de contrôle facilite la libération des hormones du stress, risquant d’affaiblir nos défenses immunitaires et donc de nous exposer à la maladie, cette dernière augmentant encore le stress déjà installé.

Déterminer quels sont nos facteurs de stress permet aussi de reconnaître les phénomènes physiques qui y sont associés et qui apparaissent durant la phase d’alarme, phase dans laquelle nous recevons un certain nombre de messages de notre corps, qui nous dit qu’il est temps d’agir. Quels types de messages? Par exemple, des insomnies alors que l’on dort généralement comme un bébé, des maux de tête alors que l’on n’est pas sujet aux migraines, des bouffées de chaleur inhabituelles, des crises de larmes

subites, une digestion soudainement difficile... Vous avez compris, tous ces petits inconvénients inconnus de vous jusqu’alors.
Notre sensibilité au stress s’étant construite mentalement dès notre petite enfance, en fonction de notre environnement, de notre héritage génétique, de notre personnalité, c’est seulement la reconnaissance et l’acceptation de nos « stresseurs » qui peuvent nous permettre de les réduire, voire de les éliminer dans le temps.

Quand les clignotants s’allument
Avant de commencer à apprendre à gérer votre stress, il est important que vous repériez quand vous êtes stressé, ce qui n’est pas nécessairement aisé dans notre société trépidante où nombre d’entre nous considèrent comme presque normal cet état d’énervement quasi permanent. Pour certaines personnes, être stressé, et le formuler, semble même valorisant, la preuve d’une activité intense, d’une vie bien remplie, d’une bonne intégration dans le monde, de responsabilités importantes qui prouvent l’appartenance au groupe. Danger... Pensez aux trois phases de l’évolution du stress: la phase d’alarme, la phase de résistance et la phase d’épuisement. Rappelez-vous qu’à force d’être nié, le stress s’installe insidieusement, devient chronique et vous mène à la rupture physique, émotionnelle et psychologique. Alors, prenez garde et apprenez à reconnaître le langage de votre corps. C’est très simple, il suffit d’un peu d’observation de soi-même, en vous aidant des propositions ci-dessous:
• Quand je subis un stress, je remarque les changements suivants dans mon corps (transpiration, nausées, palpitations...). Sur une feuille, notez tous vos ressentis physiques.
• Quand je subis un stress, je remarque les changements suivants sur le plan de mes émotions (sentiments) et de mes fonctions mentales (colère, frustration...). Sur une feuille, notez les émotions que vous vivez.
• Quand je subis un stress, je remarque les changements suivants sur le plan de mes comportements (faire les cent pas, crier, pleurer...). Sur une feuille, notez ce que vous faites de différent.

Le langage corporel
Questions en suspens, tâches mises en attente, conflits non réglés, soucis, choix difficiles à faire, contraintes... nombreuses sont les interrogations qui sapent notre énergie. Divers aspects de notre vie requièrent notre attention, une action, une décision, mais nous nous convainquons parfois, voire souvent, de ne pas faire ce que nous devrions faire. Et, paradoxalement, cette attitude nous demande souvent bien plus d’énergie que celle que nous dépenserions pour régler le problème.

Penchez-vous sur la relation entre ce qui se passe «extérieurement» et ce que vous ressentez intérieurement.

Par exemple, vous rentrez d’une journée de travail harassante et, en ouvrant votre porte, vous découvrez les vêtements et chaussures de vos enfants qui traînent dans l’entrée alors que vous leur avez, à maintes reprises, demandé de veiller à les ranger. Que ressentez-vous à l’instant même? Est-ce de la colère, du décourage- ment, le sentiment de ne pas être considéré, vous sentez-vous agressé? Efforcez-vous de mettre un mot sur ce qui se passe à l’intérieur de vous, cela vous permettra de mieux comprendre, et ultérieurement de mieux expliquer à vos enfants pourquoi cela vous gêne autant. Car ce qui vous dérange dans cette situation ne dérange- rait peut-être pas autant une autre personne.

Le corps a des façons plus ou moins subtiles de nous obliger à prendre conscience de ce qui sollicite notre attention. En cela, il peut être considéré comme un instrument de feed-back particulièrement  fiable, et il est important de s’attarder aux messages qu’il nous transmet.

Lorsque vous vivez une situation stressante, prenez quelques secondes pour analyser vos ressentis: où ressentez-vous le stress dans votre corps ? Dans les épaules, le bas du dos, la mâchoire, la tête ? Comment se traduit-il : battements de cœur rapides, respiration courte, transpiration, boule à l’estomac ou dans la gorge, douleurs, contractions?
Prêtez attention au « langage corporel » intérieur. Votre corps ne ment pas. Si vous êtes en étroite relation avec les signaux qu’il vous envoie, vous apprendrez à faire une pause lorsque vous recevrez cet «avis», et à en tirer une leçon.

Quelques questions à se poser quant au langage corporel :
• Qu’est-ce que mon corps essaie de me dire ?
• Qu’est-ce que j’évite ?
• La direction dans laquelle je vais me convient-elle ?
• Que devrais-je changer, laisser tomber, engager ?
• De quoi ai-je besoin ?
• De quoi n’ai-je plus besoin ?
• Que puis-je faire maintenant pour aller dans le bon sens ?
• Quelle leçon dois-je tirer de la situation actuelle ?

Tests d’auto-évaluation
Voici deux tests qui vous aideront, dans un premier temps, à prendre conscience de votre vulnérabilité au stress.

Test d’évaluation de la vulnérabilité au stress
Je bois plus de cinq tasses de café, thé ou boisson énergisante par jour.
Je fume plus de cinq cigarettes par jour.
Je bois plus de cinq verres d’alcool par semaine.
Je n’ai pas d’heures pour prendre mes repas et il m’arrive d’en sauter.
Je sais que mon alimentation n’est pas suffisamment équilibrée.
Je dors moins de six heures par jour.
Je ne me couche pas à des heures régulières.
Je suis sédentaire. Je n’ai pas, ou peu, d’activité physique.
J’ai peu d’amis avec qui partager des moments agréables.
Je ne fais partie d’aucun club ou association.
Je ne sais pas exprimer mes émotions ou sentiments.
Je réprime ma colère.
Je ne demande pas d’aide lorsque je suis confronté à des difficultés.
Je n’ose pas me confier, de peur de gêner mon entourage, et je cache mes soucis.
Je suis inquiet pour ma situation matérielle, car je juge mes revenus insuffisants.
J’ai peur de perdre mon emploi.
Je ne sais pas organiser mon temps, que ce soit au travail ou chez moi.
Je ne prends pas le temps de m’offrir des moments de détente.
Je ne sais pas me faire plaisir.
J’ai des problèmes de santé et cela m’inquiète, mais je n’en parle pas.

Résultats
Vous avez moins de cinq cases cochées : votre vulnérabilité au stress semble moindre, il vous faudrait peu d’efforts pour améliorer encore votre score.
Vous avez coché entre cinq et dix cases : PRUDENCE, vous êtes fragilisé et un événement inattendu et stressant pourrait vous faire basculer.
Vous avez coché entre dix et quinze cases : ATTENTION, vous êtes vulnérable, il est temps de prendre des mesures pour modifier votre mode de vie.
Vous avez coché entre quinze et vingt cases : ALERTE, réagissez avant qu’il ne soit trop tard, n’hésitez pas à vous faire aider par un professionnel pour changer vos habitudes.

Ce test se concentre davantage sur votre «façon de faire » les choses dans votre vie quotidienne plutôt que ce qui arrive de l’extérieur.

Échelle de Holmes et Rahe
Thomas Holmes et Richard Rahe, psychiatres, ont établi une relation entre les événements de la vie et le degré de stress d’un individu, ainsi que les conséquences de ces niveaux de stress sur la santé. Ils ont quantifié leurs observations sur une échelle qui porte leurs noms, Holmes et Rahe.
Alors que le test précédent mettait surtout en lumière votre façon d’être et/ou votre façon de faire, cet autre outil vous permet d’évaluer votre niveau de vulnérabilité en fonction des événements significatifs survenus dans votre vie au cours des vingt-quatre derniers mois.

 


Pascale Patte-Wilbert

 

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