Vivre avec une vulve

Vivre avec une vulve nous offre des joies multiples tout au long de la vie. Qu’il s’agisse du simple plaisir de croiser les jambes, de faire enfin pipi alors que l’on se retenait depuis des heures, de nager nue dans un lac un jour d’été ou d’éprouver un orgasme en 3D alors que l’on n’avait même pas de lunettes adaptées... les possibilités vulvaires sont infinies, et vont jusqu’à nous permettre de donner naissance à un autre être humain – une prouesse remarquable, quand on songe à la taille du bébé par rapport à celle de l’orifice par lequel il doit se faufiler pour sortir.

Sans vouloir lancer la compétition au saut du lit, rappelons que, si le pénis peut doubler de volume lorsqu’il entre en érection, l’utérus passe de la taille d’une figue à celle d’une pastèque durant la grossesse. Et pour la vulve, la promenade n’est pas toujours de santé, avec ou sans passage par la maternité.

La douleur, sa mère !
Crampes, inflammations, démangeaisons, irritations ou infections peuvent se manifester, à un moment ou un autre, dans nos parcours intimes. Quand les douleurs sont causées par les menstruations, on parle de « dysménorrhées ». Quand elles se produisent à l’occasion d’un rapport sexuel, on parle de « dyspareunie ».

Réunies sous le terme de « vulvodynie », ou de « vulvite » en cas d’inflammation locale, les douleurs de la vulve peuvent avoir différentes causes : infection, déficit hormonal, endométriose, sécheresse vaginale, suites de couches ou d’opération chirurgicale, traitements médicaux, mais aussi traumatisme physique ou émotionnel...

L’histoire des violences envers les femmes peut également entraîner des douleurs transmises inconsciemment par nos mères, grand-mères, arrière-grand-mères, lorsqu’elles ont été confrontées à des événements douloureux : viol et violence sexuelle, fausse couche, grossesse non désirée ou difficile, avortement clandestin ou mal vécu, accouchement compliqué, perte d’enfant, abandon, maladies sexuelles... créent un environnement propice, dans un contexte de tabou et de silence autour de ces questions, à l’apparition de douleurs dont on ne comprend pas toujours l’origine, mais qui créent un corps de souffrance souvent lourd à porter.

Les violences obstétricales ou gynécologiques font aussi partie de ces traumatismes qui s’inscrivent dans l’inconscient, et peut-être même dans les gènes.

Parlons vulvairement
Qu’elles soient chroniques ou occasionnelles, profondes ou légères, les douleurs vulvaires sont rarement prises au sérieux. Elles peuvent même donner lieu à des réflexions déplacées de la part de soignants ou soignantes persuadés, dès lors qu’ils ou elles ne parviennent pas à leur trouver une cause organique, que c’est « dans la tête ». Hormis une ignorance de l’anatomie inquiétante chez une personne supposée un peu calée en médecine, ce dia- gnostic sauvage nous oblige à prendre notre mal (et parfois notre mâle) en patience, faute d’être correctement pris en charge.
Derrière la vulvodynie, il peut être question de vulvite, vaginose, vulvovaginite, vaginisme et vestibulodynie (qui n’est pas une maladie de l’oreille, de la veste ou de la bulle) : autant d’appellations barbares qui semblent créées dans l’unique but de nous intimider, mais qu’il peut être utile de connaître pour prendre soin de sa vulve sans gêne et sans délai.

Pour le bien-être intime, le mieux est encore de rappeler trois choses :
> une vulve en bonne santé ne fait pas souffrir ;
™> elle ne démange pas, ne brûle pas, ne sent pas mauvais ;
™> elle est constamment humide et lubrifiée.

En ce qui concerne les odeurs, dont on a du mal à parler, il faut savoir que, contrairement à ce qu’affirment les publicités pour des produits intimes, la vulve ne sent pas la rose, la violette ou le lilas, mais une odeur personnelle, qui peut rappeler un peu le yaourt pour le côté acide ou les embruns pour le côté salé. Néanmoins, quand elle se met à sentir le poisson pas frais – pour parler « vulvairement » – c’est qu’il y a un problème.

On vous le répétera tout au long de ce manuel : la moindre sensation de malaise ou d’inconfort, à n’importe quel moment du cycle, ou après la ménopause, est un signe à prendre en considération. Non pas parce que cela pourrait être terrible, mais juste- ment parce que le plus souvent, ça ne l’est pas !

De nombreux maux bénins peuvent nous gêner au quotidien, que nous ne soignons pas parce que nous avons honte ou peur d’aborder le sujet, y compris dans l’intimité. Notre vie de couple peut en souffrir, alors qu’il suffirait de s’en occuper pour retrouver le bien-être intime.

Avec des gestes de prévention et de soin adaptés, on peut atteindre et maintenir un confort vulvaire qui améliore la vie jour après jour, et la santé au long cours.

Apprendre à s’écouter, c’est aussi savoir se respecter et se faire respecter : dans nos relations avec nous-mêmes et avec les autres, dans l’intimité, lors des soins que nous recevons. On peut guérir une mycose ou mettre fin à des douleurs et ne pas souhaiter pour autant avoir une relation sexuelle ou recevoir une pénétration. Et on en a parfaitement le droit.

Corps à cœur
Personne ne sait mieux que nous ce que nous ressentons : ni une sage-femme, ni un médecin, ni notre partenaire de vie, nos parents ou notre entourage. Quelquefois, une maladie bénigne d’un point de vue clinique peut nous occasionner de grandes douleurs ; d’autres fois, en dépit d’une pathologie importante, la souffrance sera discrète, peut-être pour des raisons physiologiques, ou parce que l’on possède une grande résistance à la douleur.

Il se peut enfin que l’on ait rendu des symptômes muets en utilisant des médicaments qui soignent leurs manifestations, mais de façon parfois inadaptée, si bien que les maladies reviennent sans cesse faute d’en avoir identifié les causes réelles. Vous verrez que cela arrive, notamment, en cas de mycose ou de vaginose, que l’on confond souvent.

Ce manuel antidouleur est conçu pour vous aider à mieux décrypter les signes que votre corps – et, en particulier, votre vulve – vous envoie.

Mais, avant de partir à la découverte de son code secret, nous commencerons par vous raconter son histoire... qui remonte à l’ère des cavernes !...

 

 Elise Thiébaut / Camille Tallet



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