Santé : LE NERF VAGUE : AU CŒUR DU SYSTÈME


Saviez-vous que notre corps renferme environ 77 000 km de nerfs ? Saviez-vous que notre cerveau est composé d’au moins 100 milliards de neurones qui communiquent en permanence ? Il fallait bien cela pour animer un organisme aussi complexe et performant que le nôtre. Le nerf vague fait partie, bien sûr, de cet équipement inouï. Pour bien comprendre son fonctionnement, il faut d’abord percer les secrets du système tout entier.

Lorsque l’on dit « système nerveux », on pense d’abord à l’immense réseau de fibres qui parcourt notre organisme jusque dans ses moindres recoins. En réalité, l’expression désigne l’ensemble du dispositif : le cerveau proprement dit (matière grise et blanche), les structures sous-jacentes (le tronc cérébral, le thalamus et le cervelet), la moelle épinière et les nerfs qui s’en échappent, et enfin les fibres nerveuses qui partent directement du cerveau pour se ramifier dans l’ensemble du corps. Ceux-ci sont au nombre de douze. Le nerf vague est le dixième nerf crânien. Il a des fonctions à la fois sensitives, motrices et végétatives, ces dernières étant les plus importantes (contrairement à d’autres nerfs dont l’activité est surtout motrice et sensorielle). Faisons maintenant plus ample connaissance avec cet étonnant équipement.

À LA DÉCOUVERTE DES NEURONES
Notre cerveau et nos nerfs sont constitués des mêmes cellules, ayant les mêmes caractéristiques et le même mode de fonctionnement : les neurones. C’est par eux que transitent à chaque seconde des milliers d’informations en provenance et en direction des organes. Un neurone n’est pas une cellule comme les autres. Certes, à l’instar de toutes les cellules de notre corps, il est formé d’un corps, entouré d’une membrane qui enveloppe le cytoplasme, le noyau, et les organites (notamment la mitochondrie qui assure la production d’énergie dans la cellule). Mais contrairement aux autres cellules, qui se contentent de vivre tranquillement les unes contre les autres en échangeant des informations de proximité par le biais des hormones, les neurones sont dotés de « tentacules » qui leur permettent d’envoyer leurs messages beaucoup plus loin.

Ces tentacules sont de deux types : les dendrites et les axones. Chaque neurone peut avoir plusieurs dizaines de dendrites, assez courtes, qui touchent celles des neurones voisins. Rien d’exceptionnel, donc. Les axones sont plus intéressants. Ils sont beaucoup plus longs et chaque neurone n’en possède qu’un. Un axone peut mesurer jusqu’à deux mètres alors que le corps d’un neurone n’est que d’un dixième de millimètre, voire moins. Une sacrée différence ! Ces axones constituent le corps des nerfs qui parcourent notre organisme afin de recevoir et d’acheminer toutes sortes de messages, à commencer par ceux qui circulent dans le nerf vague.

Ces messages transitent le long des fibres nerveuses sous forme bioélectrique. C’est pour cette raison que l’on peut analyser l’activité cérébrale à travers le tracé électro-encéphalographique. Pour circuler sur une si longue distance, l’information doit passer d’un neurone à un autre jusqu’à atteindre le cerveau. Là, elle sera réceptionnée, puis traitée de manière à lui fournir une réponse adaptée. Seulement voilà : les neurones ne se touchent pas ! Comment l’information peut-elle alors circuler malgré cette discontinuité ? Grâce au système complexe de la synapse.

L’extrémité des dendrites et des axones est constituée d’une arborescence, comme de minuscules doigts qui s’approchent au plus près des neurones environnants sans pour autant les toucher. Un petit espace demeure : la synapse. Imaginez une petite scène banale : en vous promenant dans la campagne, vous arrivez au bord d’un cours d’eau. Il n’est pas très large, mais impossible à franchir à gué. Heureusement, vous apercevez à quelques dizaines de mètres un petit bateau gonflable, abandonné là par des randonneurs. La solution est trouvée : vous allez l’emprunter pour passer de l’autre côté.

C’est exactement ce qui se déroule dans votre cerveau lorsqu’un influx électrique arrive au bout d’un axone. À ceci près que les « navettes » prennent la forme de substances chimiques : les neurotransmetteurs.

Ces neurotransmetteurs sont sécrétés le plus souvent par les neurones eux-mêmes, qui modulent leur production en fonction de leurs besoins. Ainsi, lorsque l’influx électrique parvient au bout de l’axone, il déclenche la libération d’un neurotransmetteur particulier (voir encadré p. 20), adapté à la qualité du message électrique, qui va se ficher dans le récepteur correspondant sur le neurone d’en face. L’information électrique devient ainsi biochimique, pour un court laps de temps. Car une fois transmise, l’information se transforme à nouveau en signal électrique et continue son bonhomme de chemin.
 
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PROTECTION NERVEUSE !
Les cellules nerveuses et les réseaux qu’elles forment sont entourés d’une couche protectrice faite principalement de matières grasses : la myéline. Lorsque vous branchez votre lampe de chevet à sa prise, vous utilisez un fil constitué d’un cordon métallique (du cuivre) enveloppé dans une gaine en plastique qui vous permet de le toucher sans prendre le courant. Il en est de même pour le cerveau et le système nerveux. C’est la myéline qui remplit cette fonction. Elle permet d’accélérer la propagation de l’influx nerveux. Les altérations de la myéline sont impliquées dans de nombreux troubles, notamment la sclérose en plaques. En ce qui concerne le nerf vague, une altération de la myéline perturbe la circulation des informations, ce qui peut amplifier les difficultés et favoriser l’apparition des troubles.

Dr Yann Rougier / Marie Borrel

 
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