Odeur et quelques mots de parfums......

Le parfum, un mot issu du latin per fumum, qui signifie « à l’aide de la fumée », était utilisé aux origines pour communiquer avec les Dieux. Les parfums se présentaient alors sous la forme de résines, dont les fumées jouaient à la fois le rôle de support d’une méditation ou d’une prière tout en étant un vecteur de transmission de ces prières vers les Dieux à qui elles étaient destinées. Puis ces émanations furent appréciées pour leurs bienfaits médicinaux, hygiénistes et culinaires avant que les parfums n’entrent dans les compositions cosmétiques et parfumées. Aujourd’hui, si l’usage du parfum perdure dans les lieux de culte, il est surtout devenu un moyen d’échanger avec les autres. On laisse au parfum le soin de dire des choses pour soi, on attend de son parfum qu’il séduise et qu’il distille son « pouvoir invincible d’inspirer l’amour aux hommes51 ».

Le parfum, un mot issu du latin per fumum, qui signifie « à l’aide de la fumée », était utilisé aux origines pour communiquer avec les Dieux. Les parfums se présentaient alors sous la forme de résines, dont les fumées jouaient à la fois le rôle de support d’une méditation ou d’une prière tout en étant un vecteur de transmission de ces prières vers les Dieux à qui elles étaient destinées. Puis ces émanations furent appréciées pour leurs bienfaits médicinaux, hygiénistes et culinaires avant que les parfums n’entrent dans les compositions cosmétiques et parfumées. Aujourd’hui, si l’usage du parfum perdure dans les lieux de culte, il est surtout devenu un moyen d’échanger avec les autres. On laisse au parfum le soin de dire des choses pour soi, on attend de son parfum qu’il séduise et qu’il distille son « pouvoir invincible d’inspirer l’amour aux hommes51 ».

Chacun attend de son parfum quelque chose de précis. Se sentir enve- loppé d’un cocon invisible mais rassurant ou être porté par un sillage puissant qui envoûte ceux et celles qui nous entourent ; se protéger des odeurs extérieures ou retrouver la présence d’un être cher qui utilisait le même parfum ; accorder l’odeur que l’on porte sur sa peau à son humeur du jour sans se parfumer, pour s’entourer d’un silence olfactif où certains ont le sentiment de mieux entendre la voix de leur évolution intérieure...

Bien que voile impalpable, un parfum émet des signaux qui interpellent l’autre, aussi ce choix doit être le fruit d’une véritable rencontre entre soi et la composition olfactive. Une fois porté, un parfum devient comme une seconde peau... Il serait dommage de le sélectionner en fonction du goût des autres, de la forme du flaconnage ou encore de l’image véhiculée par la publicité.

L’ODEUR DU PARFUM
Création artistique renfermant un grand nombre d’ingrédients, un parfum développe une grande richesse olfactive. Le parfum nous emmène bien au-delà d’une simple odeur car il est une odeur créée, une odeur dont la puissance d’évocation nous transporte dans des univers foisonnants d’images et de sensations. Il « éveille un désir pour le combler par un souvenir fictif venant d’un passé inventé52... »

Mystère difficile à percer, un parfum renferme une multitude de facettes et, tel une composition vivante, il évolue avec le temps. L’odeur que l’on perçoit le matin, au moment où les gouttelettes sortent du flacon, n’est pas la même que celle portée par la peau ou les vêtements le soir venu. Il est donc naturel qu’un parfum intrigue et pose des questions ; sentir un parfum chez l’autre nous laisse rarement indifférent, cela nous trouble et nous procure du plaisir, ou au contraire provoque une réaction de rejet.

Composition extrêmement complexe, un parfum ne peut pas être décrit aussi facilement qu’une odeur. Seuls les professionnels savent reconnaître les multiples composants qui ont présidé à la création de la formule et, à la manière d’un cuisinier qui retrouve une recette en goûtant un plat, peuvent résoudre cette énigme olfactive en repérant les ingrédients qu’elle contient.

Grâce au langage des odeurs que l’école n’enseigne pas encore aux enfants, les professionnels peuvent décrire un parfum et mettre des mots sur le foisonnement de senteurs qu’il renferme.

Un parfum est composé de matières premières d’origine végétale, animale et de produits de synthèse, qui mélangés dans de l’alcool composent une « formule ». La formule détaille les éléments contenus dans le parfum et leurs quantités respectives.

Le parfumeur connaît le poids des molécules qui composent les matières premières, leurs caractéristiques olfactives et les interactions entre elles. En fonction de tous ces critères, il construit sa composition dans laquelle il harmonise les ingrédients selon l’histoire olfactive qu’il cherche à exprimer. Dans ce processus de sélection des matières premières, le parfumeur tient compte de la durée de vie des ingrédients pour harmoniser sa formule. Par exemple le citron voit rapidement s’estomper son odeur fraîche, alors que les odeurs chaudes de la vanille ou du bois de santal résonnent longtemps dans la construction olfactive. Malgré tout, rien n’empêche le parfumeur de construire un parfum autour d’une note zestée. Par exemple, s’il souhaite mettre en avant l’odeur fugace du pamplemousse, il peut placer l’agrume au cœur de la formule et, grâce à des associations moléculaires savamment dosées, permettre à ses notes de persister plus longtemps.

Une fois validée, la formule du parfumeur doit être pérennisée pour des années, tous les flacons devant exhaler la même odeur, quelle que soit leur année de production. Cela nécessite d’analyser précisément la composition moléculaire des matières premières naturelles utilisées : les fleurs, les fruits, les bois ou les épices du parfumeur voient leurs qualités olfactives varier d’une récolte à l’autre, tout comme un raisin ou un thé issus du même terroir présentent, selon les années, des goûts sensiblement différents.

Cette analyse peut être également nécessaire lorsque le parfumeur est amené à changer sa formule pour des raisons juridiques, lorsque par exemple un composant naturel devient prohibé.

Pour effectuer l’analyse moléculaire de l’odeur, on utilise un chromatographe. Cet appareil permet de mesurer les éventuelles variations olfactives de la nouvelle matière première avec celle qui a été utilisée dans la formule initiale du parfumeur, et d’établir les réajustements moléculaires nécessaires pour retrouver exactement la même odeur. Le chromatographe permet d’entrer dans la formule et d’en décomposer la structure chimique, mais seul le met une analyse qualitative de l’odeur.

Composition rigoureuse, un parfum est aussi une création quasiment architecturale. On utilise d’ailleurs le terme de pyramide olfactive pour décrire la place de chacun des ingrédients dans la construction du parfumeur, composée de notes de tête, de notes de cœur et de notes de fond. Contrairement à ce que l’on croit souvent, la pyramide olfactive n’est pas hermétique, en ce sens que dès que l’on sent un parfum, on le perçoit dans son ensemble, c’est-à-dire un mélange de notes de tête, de cœur et de fond. Si le parfum évolue donc bien en trois temps, les notes de fond n’attendent pas des heures pour être perçues par l’odorat mais le sont dès les premiers instants, mélangées à toutes les autres notes. En revanche, leur durée de vie est plus longue.

LE TEMPS DU PARFUM
Une odeur existe à la fois dans l’espace qu’elle occupe et dans le temps, qui agit sur son intensité. Pour mieux comprendre la construction d’un parfum et son lien étroit avec le temps qui passe, imaginez une scène sur laquelle un orchestre interprète une symphonie. Au début, tous les musiciens jouent ensemble : c’est le parfum avec tous ses composants. Peu à peu, les instruments au son le plus léger comme les flûtes quittent la scène : ce sont les notes de tête qui s’évaporent du parfum. Puis c’est au tour des violons et des saxophones de quitter la scène : les notes de cœur s’en vont. En fin de représentation, il ne reste que les instruments les plus lourds, contre- basses, violoncelles, basses et cuivres : voici les notes de fond, les plus tenaces du parfum.

À l’image de cet orchestre symphonique d’un type particulier, le parfum évolue dans le temps. Les notes de tête sont celles qui attirent le nez, elles fusent et mettent en scène les premiers pas de l’histoire olfactive. Ce sont bien sûr les notes zestées mais aussi les notes vertes, aromatiques, aquatiques. Elles disparaissent les premières et laissent le devant de la scène aux notes de cœur, qui s’y installent pour plusieurs heures : ce sont les notes florales et fruitées ainsi que certaines notes épicées. Les notes de cœur sont caractéristiques de l’odeur du parfum, c’est là qu’il vibre. Elles jouent aussi le rôle de transition entre la tête et le fond : pour que le parfum soit rond et équilibré, les notes de tête doivent porter quelque chose du cœur et les notes de fond doivent garder la continuité du cœur.

Enfin, les notes de fond sont les plus persistantes, dans un parfum ce sont elles que l’on sent encore sur sa peau le soir venu. Traditionnellement, elles étaient composées de notes animales naturelles (cuirs, muscs, ambre), proches de l’odeur de la peau, mais les législations proscrivent de plus en plus leur utilisation en tant que produits naturels. Les créateurs les rempla- cent par des notes artificielles pour faire durer le sillage, car c’est lui qui constitue la signature d’un parfum. Ces notes de fond assurent la structure du parfum, elles sont comme les fondations d’une maison. Sans elles, le parfum ne se tient pas.

Les notes de tête sont toniques, elles apportent la fraîcheur et l’éclat au parfum. Ce sont les notes hespéridées (c’est-à-dire issues des agrumes : pamplemousse, orange, citron, bergamote...), les notes aromatiques (thym, romarin, basilic, menthe ainsi que toutes les notes anisées) et les notes vertes comme le galbanum, cette résine dont l’odeur rappelle souvent celle du petit pois. Les notes aquatiques et marines font également partie des notes de tête.

> Les notes de cœur donnent le volume au parfum et racontent son his- toire. Elles sont l’âme de la construction olfactive. Sont utilisées comme notes de cœur la plupart des fleurs et des épices, ainsi que les fruits.

> Les notes de fond apportent de la chaleur au parfum et déterminent sa puissance. On y trouve bien sûr toutes les notes animales, cuirées, musquées et ambrées, mais aussi les mousses ainsi que la plupart des bois, qu’ils soient chauds ou secs, et les résines comme l’encens. Quelques épices font également partie des notes de fond : certains piments ainsi que des poivres, de ceux dont le poids moléculaire est élevé. Les notes gourmandes telles le chocolat, le café, la vanille, les dattes ou les amandes sont aussi utilisées comme notes de fond.

> Si les matières premières se placent naturellement dans une de ces trois catégories, le parfumeur peut décider de leur faire jouer une autre partition. S’il ajoute par exemple des molécules à une herbe aromatique, il lui donne plus de poids et permet ainsi à son odeur d’occuper le cœur du parfum, si au contraire il souhaite créer une composition dominée par les notes d’une épice, il en sélectionne les molécules les plus légères pour les placer en tête de sa formule, où elles deviennent la porte d’entrée vers le parfum.

UN PARFUM NOMMÉ COLOGNE
L’eau de Cologne était traditionnellement fabriquée avec de nombreuses notes aromatiques comme le thym ou le romarin, des ingrédients utilisés en quantité pour leurs vertus de protection contre les miasmes et les mi- crobes. On l’utilisait autrefois comme un produit de toilette dont on se fric- tionnait tout le corps, ce qui lui a longtemps conféré une image « vieillotte ». Depuis quelques années, on observe toutefois un retour en grâce de l’eau de Cologne, avec l’utilisation de nouvelles matières pre- mières de synthèse. Les flacons sont désormais plus petits et le vaporisateur a remplacé le « goulot », qui était surtout adapté à la gestuelle ample de la friction du corps.

Unisexe, l’eau de Cologne est prisée des sportifs et des adeptes de la discrétion olfactive. Son odeur fraîche est appréciée dans les périodes où les odeurs lourdes sont incommodantes comme pendant une grossesse ou une convalescence. En effet, ce qui caractérise réellement l’eau de Cologne est la faible présence des notes de fond, car elle n’a pas pour objectif de tenir dans le temps mais d’apporter une sensation de fraîcheur.

Composition légère, elle fait la part belle aux hespéridés comme la ber- gamote, le citron ou la mandarine, ainsi qu’aux notes aromatiques comme le basilic. L’eau de Cologne doit toujours délivrer des effluves fraîches, to- niques et dynamiques, mais on y ajoute parfois de la lavande voire même des fleurs, blanches ou roses.

Dans les eaux de Cologne contemporaines, le fond tend à être accentué.

LE CRÉATEUR DU PARFUM
Un parfum de créateur est une histoire, racontée par un parfumeur. Il nous entraîne dans son monde imaginaire grâce à la composition olfactive qu’il a créée. Le parfum du créateur distille une émotion puissante et on le jurerait avoir été conçu pour soi. Lorsqu’on pénètre dans une telle création, on entre au cœur de la matière première olfactive car, dans ces composi- tions-là, le parfumeur a souvent théâtralisé un élément phare, parfois un lieu parfois une matière première. Cela donne au parfum une identité forte et identifiable, qui nous permet d’entrer facilement, par l’odeur, dans l’his- toire qu’il raconte. La dimension exclusive et intimiste de la relation à cette odeur est renforcée par le fait que peu de gens la portent, car les parfums de créateurs sont destinés à des marchés « de niche », où la publicité est confidentielle.

Ces parfumeurs ont une démarche d’artiste, ils se fient davantage à leurs émotions qu’aux tendances et créent avec leur intuition. Chez eux, le rêve n’est qu’odeur et s’adresse avant tout à notre nez. La vue n’influence pas la perception olfactive de leurs compositions car tous les parfums d’un créateur, pour homme comme pour femme, sont conditionnés dans des flacons identiques. Cela permet de mieux laisser parler les odeurs et facilite leur appropriation.

Les parfums de créateur sont destinés à un marché de proximité, à la différence des parfums de grandes marques (issues du monde du prêt-à- porter, de la haute couture ou encore de la joaillerie), qui visent un marché international. Étant donnés la compétitivité et les risques financiers encourus sur le marché mondial, les parfums qui y sont destinés doivent s’adapter aux différentes cultures et savoir plaire au plus grand nombre. Pour créer ces parfums destinés à une diffusion massive, la plupart de ces marques se concentrent sur le décryptage des futures tendances de mode de vie et de consommation. Des cabinets d’étude spécialisés dressent le profil du consommateur des pays à fort pouvoir d’achat, précisent ses attentes du moment, puis anticipent celles de demain. Grâce à ces informations, les départements marketing peuvent déterminer de façon précise les matières premières qui entreront dans la composition du futur parfum, le type de flacon qui véhiculera l’image recherchée et enfin l’univers, la chanteuse ou l’acteur ou le sportif qui seront utilisés dans le monde entier pour la campagne de publicité.

Pour autant, un parfum qui cherche à plaire au plus grand nombre n’est pas forcément dénué d’intérêt sur le plan olfactif. L’important est de savoir ce que l’on met sur sa peau et de faire son choix consciemment. Tout comme on peut choisir de mélanger dans son intérieur des meubles achetés en kit avec des meubles de créateur ou réalisés sur mesure par un ébéniste, on peut porter certains jours un parfum de créateur, cette odeur « à soi » que peu de gens connaissent et d’autres jours choisir le parfum d’une grande marque. Le sillage de cette odeur « à la mode » nous intègre à la tendance de nos contemporains et nous permet aussi de nous approprier, par l’accesluxe, un monde auquel nos moyens ne nous donnent pas forcément accès. Que l’on choisisse un parfum conçu par une équipe marketing ou imaginé par un créateur, l’important est de se l’approprier. La magie de l’odeur fait qu’un parfum, quel qu’il soit, se transforme dès qu’il est porté sur la peau, avec laquelle se crée une mystérieuse alchimie qui modifie sa tenue, son évolution dans le temps et même l’odeur qu’il dégage... Autant de paramètres impossibles à connaître avant d’essayer le parfum.

Quel que soit celui que l’on décide de porter, c’est notre peau qui aura le dernier mot !

LA RENCONTRE D’UN PARFUM
Le profil olfactif a pu vous fournir quelques pistes sur vos sensibilités olfactives, en vous indiquant les odeurs qui vous parlent le plus. Attention cependant, il se peut que vous recherchiez dans un parfum autre chose que les odeurs appréciées dans le monde naturel. Il est tout à fait possible d’ai- mer les agrumes sans pour autant être attiré par les parfums zestés, ou d’apprécier l’odeur de la gousse de vanille sans avoir envie de la sentir sur sa peau. Néanmoins, les profils du chapitre précédent proposent des grandes tendances olfactives qui peuvent guider la sélection d’un parfum. Choisir un parfum est complexe car il est une composition aux ingrédients multiples, avec lesquels résonnent vos expériences olfactives passées, vos préférences, mais aussi la nature de votre peau qui réagit de façon énigmatique au parfum. Il est toujours bon de tester plusieurs parfums, d’abord sur touche olfactive. Après avoir sélectionné au maximum deux d’entre eux, essayez-les pour savoir comment ils vivent sur votre peau (un sur chaque bras, jamais plus de deux à la fois !).
La rencontre avec un parfum est un moment instinctif que l’on ne maîtrise pas vraiment. Son odeur nous plaît ou ne nous plaît pas, mais il est souvent difficile d’expliquer pourquoi... L’usage que l’on fait du parfum et la fonction qu’on lui assigne sont eux-mêmes parfois inconscients, néanmoins on peut tenter d’analyser ce qui motive notre acte de se parfumer et notre choix de porter sur soi telle odeur plutôt que de telle autre.

On porte avant tout un parfum pour sentir bon et pour masquer l’odeur corporelle, jugée incommodante dans nos sociétés contemporaines. Mais à cette fonction odorante essentielle, une multitude d’autres fonctions s’ajou- tent parfois à notre insu. Le choix d’une odeur n’est en effet jamais anodin car un parfum adresse un message à ceux qui le respirent. À travers ce sil- lage qui nous précède et nous poursuit, on s’exprime comme avec un vêtement. Ce nuage olfactif a le pouvoir de transformer notre arrivée en incursion envahissante ou, au contraire, en présence discrète. Se parfumer, c’est comme s’envelopper d’une aura expressive qui dit des choses sans que l’on ait besoin de les formuler...

Quel parfumé êtes-vous ?
> Le nostalgique : je ne porte que des parfums d’antan.
> L’exclusif : mon parfum est le même depuis toujours et je ne veux surtout pas en changer.
> Le réceptif : je ne porte que les parfums que l’on m’offre.
> Le « généreux » : j’offre un parfum à tous ceux que j’aime. Toujours le même parfum, pour marquer mon territoire.
> Le butineur : je change de parfum selon mes accessoires et la couleur de mes vêtements.
> Le fashion addict : je choisis mon parfum en fonction de sa marque, de la forme de son flacon et de l’image que la publicité en donne.
> Le caméléon : mon parfum est l’arme de mes rencontres. Je change de parfum selon mon activité : travail, voyage, soirée, rendez-vous amoureux...
> L’aventurier : je porte des parfums exotiques rapportés de mes voyages.
> Le naturaliste : je change de parfum avec la saison.
> L’authentique : je ne porte que des parfums à base de matières premières naturelles.
> Le connaisseur : je ne porte que des parfums de créateurs que je suis sûr de ne pas sentir portés partout autour de moi.
> L’allergique : je ne me parfume jamais.

Afin de choisir l’odeur que vous porterez sur vous, il peut être intéressant de revenir aux matières premières développées dans le chapitre précédent et de sélectionner celles qui vous parlent le plus, tant sur le plan olfactif que sur celui des univers auxquels ces odeurs font référence. Cela pourra vous donner des indications quant au choix des parfums, en termes de famille olfactive ou de composants principaux.

Pour vous guider dans votre choix, vous pouvez aussi réfléchir au rôle que vous assignez à votre parfum.

Le parfum cocon est cette odeur familière et rassurante dont certains aiment se sentir enveloppés. Elle est souvent liée à un souvenir personnel, mais certaines odeurs comme les notes musquées ont aussi ce pouvoir ras- surant, elles sont travaillées pour leur odeur de linge propre et évoquent le cocooning, un univers de douceur et de tendresse. Sachez exploiter le pouvoir évocateur des odeurs : celles notre petite enfance, gravées très profon- dément dans notre mémoire inconsciente, sont souvent celles que l’adulte cherche à retrouver dans une composition parfumée53. Prendre conscience de cet environnement olfactif dans lequel l’enfant était plongé peut donner des pistes pour sélectionner un parfum.

Le parfum émotion est lié à un lieu, une rencontre ou un moment de sa vie. On peut rechercher dans un parfum une odeur qui nous a marqué, il devient alors un passage vers des émotions, une période de sa vie, un lieu du passé... La physionomie d’une personne s’estompe de notre mémoire avec le temps, en revanche son odeur y reste gravée à jamais. Connaissant ce pouvoir évocateur extrêmement puissant des odeurs, certains prolongent la présence d’une personne disparue en portant le même parfum qu’elle. À travers cette empreinte olfactive, ils retrouvent un peu de sa compagnie ré- confortante à leurs côtés. S’il s’agit d’une femme née en Europe entre les deux guerres, il est probable que le cœur de son parfum ait été à base de notes florales rosées, violettes, un peu poudrées et aldéhydées, autant de types de parfums que l’on trouve toujours en parfumerie. Si cette personne disparue était un homme de cette même époque, il y a de grandes chances qu’il portait une eau de Cologne ou un parfum hespéridé, à base d’agrumes.

Le parfum refuge est celui que l’on utilise pour se protéger des odeurs extérieures ou pour se projeter dans une saison pas tout à fait installée. Lorsque l’hiver se prolonge et que mars arrive sans la chaleur du printemps tant attendue, vous pouvez choisir de porter un parfum très fruité, tropical ou zesté qui vous conduira au cœur d’un univers chaud. Si vous êtes attirés par l’exotisme et les odeurs venues d’ailleurs, vous pouvez entrer dans cet univers soit par les odeurs de fruits, soit par les senteurs exotiques plus chaudes. Une évasion dynamique sera obtenue avec des parfums aux odeurs de mangues, d’ananas ou de litchis, mais pour des senteurs exotiques plus chaleureuses vous pourrez opter pour des notes vanillées, épicées ou am- brées ou même, pour ce qui est des parfums masculins, boisées, chaudes, voire cuirées.

Le parfum vitalité est celui dont on ressent le besoin en période de fatigue, de grossesse ou de ménopause, de convalescence54. Certaines odeurs sont reconnues comme apportant vitalité et force, grâce à des plantes agissant sur notre organisme et utilisées selon le principe de l’aromathérapie. Ce sont souvent des parfums au nom évocateur de dynamisme, de vitalité, d’énergie, etc. Ils sont plus généralement présentés avec les soins corporels et peuvent être choisis pour accompagner un traitement vitaminé. Les eaux de Cologne offrent elles aussi ces mêmes vertus.

Le parfum compensation vient combler un manque. Il a été frappant de remarquer au cours des ateliers olfactifs que pendant un régime alimentaire sans sucre, certaines personnes se tournaient instinctivement vers des odeurs gourmandes et sucrées, sans se rendre compte qu’elles compensaient ainsi l’interdiction de manger du sucre... Ces odeurs sucrées sont aussi souvent celles des parfums glamour qui évoquent la gourmandise avec les notes chocolat, d’amande voire de caramel. Il existe même aux États-Unis des petits flacons à bille qui dégagent une odeur de chocolat, destinée à être mise sur le bras pour compenser le manque de sucre d’un régime mais aussi pour se sentir rassuré...

Le parfum soutien permet de renforcer son personnage, tel cet homme qui porte les mêmes odeurs boisées et cuirées que son père car elles lui évoquent une figure rassurante qu’il souhaiterait transmettre à ses propres enfants. Béquille invisible, le parfum vous permet également de compenser une ti- midité naturelle. Pour cela, choisissez des compositions aux notes enveloppantes et prégnantes comme le patchouli, les ambres, les résines ou les notes gourmandes, toutes ces matières étant des odeurs orientales. Leur sil- lage puissant occupe l’espace olfactif qui vous entoure et annonce votre présence d’une façon beaucoup plus subtile qu’un maquillage voyant ou qu’une tenue exubérante, difficiles à assumer quand on est réservé. Un parfum permet de rester soi-même tout en ayant un soutien invisible et récon- fortant. Si au contraire c’est une personnalité extravertie ou une apparence théâtrale que vous souhaitez atténuer, optez pour un parfum léger et vaporeux, aux notes aériennes et au sillage discret que vous trouverez dans les familles « florale fruitée » et « florale aquatique ».

Le parfum accessoire est celui que l’on change pour accorder l’odeur que l’on porte à son état d’âme, un jeu auquel certains excellent comme d’autres ont l’art de choisir une couleur de vêtement selon leur humeur au réveil. Cette utilisation ludique peut aussi avoir pour but de mettre en avant telle ou telle facette de votre personnalité et d’adapter votre parfum aux circonstances : entretien d’embauche, négociation d’un contrat, soirée entre amis, rencontre amoureuse...

Notez que de tels changements de parfums sont très fréquents à l’échelle d’une vie. En effet, il est rare que le parfum que l’on porte à vingt ans nous plaise encore à soixante...

Enfin, le parfum séduction représente un peu tous les parfums, tant on attend du nuage olfactif dont on s’entoure qu’il séduise, ou tout au moins qu’il plaise à l’autre. Les parfums réputés envoûtants sont ceux de la famille des « fleuri-orientaux », souvent constitués de fleurs blanches mais aussi par- fois roses, au fond plutôt vanillé et boisé. Dans certaines régions la séduction par le parfum est même une institution culturelle, comme au Sénégal où l’utilisation du thiouraye, un parfum chargé d’érotisme, est légendaire. Cette substance aux pouvoirs réputés aphrodisiaques est un mélange dont le secret de fabrication, bien gardé, ne se transmet que de mère en fille...

À propos de séduction, notons que certaines odeurs liées à une tierce personne peuvent déclencher des émotions particulières et incontrôlables. L’odeur que dégage une personne nous laisse rarement indifférent, qu’il s’agisse de l’odeur de sa peau ou de celle de son parfum. Inconsciemment, deux nous semblent tellement indissociables qu’une personne devient pour nous l’odeur qu’elle porte... Si quelqu’un dégage une odeur corporelle que l’on juge désagréable, la rencontre sera alourdie par cette odeur envahissante, dont il est beaucoup plus difficile de faire abstraction que, par exemple, son aspect physique que l’on finit par oublier au fil de la discussion.

BIEN CHOISIR SON PARFUM
Dans certaines parfumeries d’aujourd’hui, l’attention est surtout portée à l’apparence physique sur laquelle les vendeurs se basent pour recommander un parfum. Ainsi, il est courant qu’une jeune fille timide se voie conseiller un parfum léger qui renforcera une réserve dont elle cherche peut-être à sortir, alors qu’un parfum puissant aux notes lourdes pourrait au contraire soutenir son désir d’affirmation. Souvent, il est aussi fait référence à la couleur des cheveux, censée orienter sur tel ou tel type de parfum, or ce lien n’existe pas : ce qui est beaucoup plus important sont les caractéristiques de la peau sur laquelle réagit le parfum.

L’essentiel pour bien conseiller est bien sûr de déterminer ce que la personne attend d’un parfum : séduction, intimité, bien-être... En effet, il n’y a pas de parfum adapté à telle apparence physique, pas plus qu’il n’existe de parfum pour les brunes, les blonds, les rousses, les grandes et les petits. Le lien entre un parfum et un individu dépend de son caractère, de la personnalité et du rôle qu’il lui assigne.

In fine, un parfum idéal fait corps avec soi et devient l’extension de sa propre odeur...
Le parfum et la mode sont souvent indissociables et il peut être difficile de ne pas se laisser influencer par la publicité, qui nous renvoie à des archétypes d’homme et de femme idéaux...



                                                                                         
   Patty Canac, Christiane Samuel, Samuel Socquet 

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