Musée des arts & métiers x MUDAM

Pendule de Foucault suspendu dans le chœur de l’église Saint-Martin-des-Champs. © Musée des arts et métiers-Cnam/photo Philippe Hurlin

Pendule de Foucault suspendu
dans le chœur de l’église Saint-Martin-des-Champs.

© Musée des arts et métiers-Cnam/photo Philippe Hurlin

Laboratoires de l'art

Second volet de la collaboration entre le Mudam Luxembourg et le Musée 5 des arts et métiers, l’exposition Laboratoires de l’art prolonge la démarche ayant conduit à l’exposition Eppur si muove présentée à Luxembourg de juillet 2015 à janvier 2016.

Sur le mode du dialogue et de la réciprocité, l’exposition fait entrer en résonance des pièces issues des collections du Musée des arts
et métiers et un choix de créations artistiques contemporaines, dont la plupart sont conservées au Mudam, faisant surgir la notion d’expérience commune aux recherches scientifiques et artistiques.
De nombreux artistes contemporains manifestent en effet leur intérêt et leur curiosité pour les enjeux scientifiques matérialisés par les collections techniques. À travers leurs œuvres, ils s’intéressent aux instruments scientifiques, rejouent des expériences ou les prolongent dans le champ des arts visuels. L’exposition déroule un nouveau fil rouge autour de la démarche expérimentale. Elle se déploie en cinq chapitres intitulés « Invitation à l’expérience », « Formes déployées », « Jeux d’optique », « Manifestations de l’invisible » et « Figures acoustiques », mettant en scène la problématique de la perception des phénomènes de la physique et celle de leur représentation à travers des objets et des œuvres souvent surprenants.
En convoquant l’art contemporain, cette exposition ouvre de nouvelles pistes pour appréhender les collections scientifiques et techniques, décloisonner les savoirs et jouer sur les temporalités. S’esquissent ainsi les contours d’un « espace partagé » entre artistes, ingénieurs et scientifiques, lieu de regards croisés, singuliers et complémentaires sur le monde qui nous entoure.

L’exposition s’inscrit dans l’histoire du Conservatoire des arts et métiers : créé par la Convention en 1794, dédié au soutien et à la promotion de l’industrie française, le Conservatoire possède une collection unique et exceptionnelle d’objets, machines, modèles, dessins et livres. Mobilisée à l’origine dans le cadre des leçons d’un « haut enseignement de sciences appliquées à l’industrie », cette collection a progressivement acquis un statut patrimonial et permet aujourd’hui d’apprécier les grandes étapes de l’histoire des sciences, des techniques et de l’industrie.

1 Invitation à l’expérience 7
La première section permet de présenter la notion d’expérience, fil conducteur de l’exposition, à travers deux espaces mettant à l’honneur, d’une part, le célèbre pendule de Foucault et, d’autre part, le cabinet de physique de Jacques Alexandre César Charles, précieux témoin de la science du siècle des Lumières.
« Vous êtes invités à venir voir tourner la Terre ». Ainsi Léon Foucault interpellait-il les Parisiens, en 1851, pour les convier à la démonstration publique de son pendule, installé au Panthéon. Les visiteurs du Musée des arts et métiers assistent aujourd’hui encore, avec émerveillement, à la répétition de cette expérience. Le premier volet de l’exposition met donc en scène la sphère originale du pendule avec des œuvres rendant hommage à l’expérience
de Foucault : l’étude préparatoire de L’Observatoire, de Piotr Kowalski, rappelle ainsi que le pendule aurait pu être, à La Défense, le point de mire de l’Axe historique parisien, tandis que la vidéo de Guido van der Werve, The Day I Didn’t Turn with the World, fait la « contre-démonstration » du pendule depuis le Pôle Nord.

Puis, le visiteur découvre des instruments du cabinet de physique de Charles. De facture précieuse, ils permettaient d’expliquer des phénomènes de la physique, et notamment les lois de la mécanique, comme l’élévation des fluides ou la transmission
du mouvement. En miroir, la Tautochrone vérifiée, sculpture de Raphaël Zarka, s’inspire des recherches de Galilée sur la chute des corps mais aussi des propriétés d’une courbe cycloïde, décrite pour
la première fois par Christian Huygens au XVIIe siècle. Plus loin, les surprenants instruments d’étude et de démonstration des tourbillons et trombes marines, de l’industriel Charles Weyher, répondent à l’installation vidéo Kathy, de Bertrand Lamarche, qui propose une vision poétique du vortex.

2 Formes déployées
Depuis l’Antiquité, la géométrie, dont l’étymologie grecque renvoie à la mesure de la Terre, constitue l’une des principales matières d’enseignement.
La deuxième section de l’exposition lui est consacrée, rappelant une tradition chère au Conservatoire des arts et métiers. La géométrie y a en effet occupé une place fondamentale au XIXe siècle :
le professeur Théodore Olivier disait ainsi, au sujet de la géométrie descriptive, théorisée à la fin du XVIIIe siècle par Gaspard Monge, qu’elle était « l’écriture de l’ingénieur ». D’ailleurs, la série de polyèdres d’Eugène Charles Catalan, en plâtre, était utilisée au Conservatoire pour rendre « palpables [...] les vérités que le professeur veut faire comprendre à un auditoire encore peu habitué aux abstractions des mathématiques et peu exercé à lire dans l’espace ». Au centre de la salle, l’œuvre d’Attila Csörg , issue de la série Platonic Love, met en scène des formes simples qui se font et se défont dans un ballet mécanique dont la précision contraste avec l’effet « bricolé » de l’installation. Ici, trois des cinq
« solides de Platon » (le tétraèdre, le cube et l’octaèdre) se transforment en un dodécaèdre.


Non loin, un modèle à fils de Théodore Olivier figure les interactions entre surfaces solides, tandis que les petites structures en papier de Rudolf Diesel modélisent en trois dimensions les résultats de calculs mathématiques. La ligne, définie par la géométrie comme une longueur sans largeur, est au cœur de l’œuvre de l’artiste vénézuélienne Gego ; sa sculpture Reticulárea cuadrada interagit avec l’espace et entre ici en résonance avec le modèle de Théodore Olivier.

3 Jeux d’optique
Les « jeux d’optique » de la troisième section de l’exposition sont l’occasion d’interroger le visiteur sur la nature de la lumière et la vision, à travers des œuvres spectaculaires ou inattendues. On retrouve ici des instruments issus du cabinet de physique de Charles, et notamment différents prismes qui, avec une plaque de lanterne magique figurant un disque de Newton, rappellent que la couleur est une propriété intrinsèque de la lumière. Plusieurs séries de tableaux d’enseignement de Pierre Ernest Peuchot et de L. Lafon, rassemblées pour la première fois depuis la rénovation du musée, s’intéressent aux propriétés
de la lumière (interférences, diffraction) et aux phénomènes de la vision (persistance rétinienne ou « irradiation »).
En regard, l’exposition met en scène le Paravent, de Véronique Joumard, œuvre composée de plusieurs lentilles de Fresnel similaires aux lentilles de phares et qui semble déployer dans l’espace les expériences sur le caractère ondulatoire de la lumière.
Non loin, l’œuvre cinétique de Conrad Shawcross, Slow Arc Inside a Cube IV, joue sur la perception de figures infinies en référence au mythe de la caverne de Platon.

4 Manifestations de l’invisible
La quatrième section de l’exposition s’intéresse aux phénomènes liés au magnétisme et à l’électricité, dont les manifestations naturelles ont longtemps suscité interrogations, fascination voire frayeur.
Les savants s’en saisissent, et les salons des Lumières s’en amusent, comme en témoigne l’aimant artificiel de l’abbé Nollet, reconnaissable à son décor noir et or, auquel répond la « boussole » Trust compass d’Ólafur Elíasson. L’électricité est évoquée par la présentation de spectaculaires photographies d’étincelles, réalisées par Étienne Léopold Trouvelot dans les salles du Conservatoire des arts et métiers en 1888 et ici exposées pour la première fois en France. Permettant d’étudier la nature des étincelles, ces photographies frappent par leur qualité plastique tout autant que par la beauté du phénomène. Une machine électrique, semblable à celle utilisée à la fin du XIXe siècle pour obtenir ces images, complète l’installation.
Sur un mode plus anecdotique, les pièces de monnaie fondues par la foudre et le carreau de glace percé par une étincelle soulignent la puissance de l’électricité, tout comme la Fulgurite d’Evariste Richer : cette œuvre met en scène une fulgurite, véritable
« pierre de foudre » produite par l’impact de la foudre sur une roche. Un tube de Geissler et une toile de la série Santa Fe de Jugnet + Clairet appréhendent les phénomènes électromagnétiques, tandis que
de très rares radiographies, exposées elles-aussi pour la première fois, révèlent les secrets de la matière.

5 Figures acoustiques
La dernière section de l’exposition s’intéresse aux phénomènes acoustiques et à leur représentation. Staccato, d’eRikm, y occupe une place de choix : cette œuvre d’envergure, appartenant au Mudam, se compose de fragments de disques microsillons
qui, ensemble, dessinent une ligne évoquant la visualisation d’une onde sonore. En écho sont présentés la collection de diapasons de Jules Lissajous ou encore l’harmonographe de Samuel Tisley, étonnant appareil permettant de générer les célèbres « figures de Lissajous » : le visiteur sera frappé par la complexité du fonctionnement de ce « jouet scientifique » de la fin du XIXe siècle. À proximité, l’œuvre graphique Christian Marclay & Günter Müller “Vitalium” 1’44 (1994) de Dominique Blais, produite par le truchement du son, frappe par l’élégance de son abstraction. La délicate structure en verre de Piotr Kowalski, présentée au centre de la pièce, reproduit, en trois dimensions, l’onde sonore de la voix du poète surréaliste Gherasim Luca prononçant le mot « passionnément ». Elle introduit tout naturellement les bouches artificielles du docteur Étienne Marage, curieuses structures de plâtre confectionnées pour étudier la voix et la prononciation des voyelles.

Informations pratiques
Exposition présentée
du 10 mai au 4 septembre 2016 www.arts-et-metiers.net
Sur les réseaux sociaux

@ArtsetMetiers facebook.com/musee.des.arts.et.metiers #Artlabs

Tarifs
Exposition temporaire
Plein tarif : 6 €
Tarif réduit : 4 €
Sur présentation d’un justificatif, et à titre individuel.
Billet couplé collection permanente et exposition temporaire
Plein tarif : 9 €
Tarif réduit : 6,50 €
Moins de 18 ans : 4 €
Musée des arts et métiers
60 rue Réaumur Paris 3e
Métro : Arts-et-Métiers ou Réaumur-Sébastopol Bus : 20, 38, 39, 47

Horaires
Ouvert du mardi au dimanche (inclus) de 10 h à 18 h. Nocturnes le jeudi jusqu’à 21 h 30.
Fermé le 1er mai et le 25 décembre.