Exposition Claude Viseux au musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq

Le musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq organise une exposition consacrée à l’œuvre
du sculpteur, dessinateur et peintre Claude Viseux (1927-2008)

 

Claude Viseux Parure 1986 Collage 79×110cm

Claude Viseux - Parure - 1986 Collage 79 ×110 cm

 

Né le 3 juillet 1927 à Champagne-sur-Oise (Val-d'Oise), il suit en auditeur libre de 1946 à 1949 des cours d’architecture à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, dans l’atelier de Georges Gromort (1870-1961) et de Louis Arretche (1905-1991).
Logiste du Grand Prix de Rome en 1949, il délaisse rapidement l’architecture pour les arts plastiques, abordant la peinture, le dessin et la sculpture avec le même intérêt. Il est nommé professeur de sculpture, chef atelier, à l’École nationale supérieure des beaux-arts de 1975 à 1992. En 1986, il reçoit la médaille d’or de la sculpture à la Triennale de Delhi et reçoit le Prix Antoine Pevsner en 1992. Claude Viseux meurt en 2008, laissant derrière lui une œuvre considérable et inclassable.

L’intérêt du musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq pour la création contemporaine et son souhait de mettre en avant le travail d’artistes ayant un lien avec le territoire du Val-d'Oise l’a amené à s’intéresser au travail de Claude Viseux. En découvrant son incroyable atelier, situé à Anglet au Pays Basque, il est apparu nécessaire de rendre compte du caractère protéiforme de l’œuvre de l’artiste.

La réalité transformée
Le musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq a souhaité montrer la diversité des approches artistiques de Claude Viseux, et ne pas restreindre son propos à un médium ou
une technique. En effet, l’artiste a, tout au long de sa vie, travaillé la peinture, la sculpture, le dessin et le collage de façon simultanée et avec le même engouement et la même liberté.
C’est pourquoi le parcours d’exposition ne s’est pas voulu chronologique, l’œuvre de l’artiste est ici appréhendée de manière thématique et par techniques.

Les sculptures de Claude Viseux
C’est véritablement à la fin des années 50 que Claude Viseux s’intéresse à la sculpture. Ses premières réalisations sont des empreintes de pierres, d’algues, coulées en bronze.
Il poursuit ses expérimentations à partir de corps organiques, avec sa série des Ostéales (1961) notamment – assemblages d’os patinés comme du bronze ou décapés jusqu’au blanc.
Au milieu des années 60, il se tourne vers l’acier, il s’applique alors à fusionner des éléments industriels hétéroclites (pièces métalliques rejetées par les usines) pour créer des sculptures articulées.
À la fin de la décennie, il abandonne temporairement l’acier pour se tourner vers les éléments en plastiques (il collecte des flotteurs et balises qu’il assemble et peint parfois).
Au début des années 70, Claude Viseux s’intéresse au mouvement avec sa série des Instables –sculptures produisant des oscillations– pour laquelle il retrouve l’acier. C’est aussi à cette époque qu’il va réaliser plusieurs sculptures monumentales en acier inoxydable pour des institutions culturelles, des municipalités, des administrations, des écoles, des universités et des parcs. Quelques unes des maquettes préparatoires de ces sculptures seront présentées dans l’exposition.
Il réalise des sculptures monumentales jusque dans les années 2000, une de ces dernières créations étant L’Orphie (2007), sculpture en acier peint de 9 mètres, conçue pour la ville d’Anglet où se trouve son atelier.

Les collages de Claude Viseux
Claude Viseux réalise des collages pendant toute sa carrière, et s’adonne beaucoup à cette technique à la fin de sa vie – moins contraignante que la sculpture, elle lui permet néanmoins la même créativité.
Ses collages, comme ses œuvres sculptées, sont des assemblages d’éléments divers, de motifs qu’il collecte dans des revues (la revue "FMR", fondée en 1982 en Italie par Franco Maria Ricci et dont le premier numéro de l'édition française paraîtra en avril 1986), ou des livres, des affiches de films...

Il aborde les thèmes qui lui sont chers dans ses collages. Le monde marin d’abord, dans lequel Viseux puise son inspiration pour réaliser des compositions où les coquillages et autres algues s’entremêlent et s’enchevêtrent et où des dessins naturalistes de crabes et poissons viennent s’insérer dans des structures graphiques colorées.

L’immense influence que l’Inde exerce sur Claude Viseux (il s’y rend une dizaine de fois avec son épouse entre 1980 et 1990) se retrouve aussi dans sa pratique du collage. L’artiste s’imprègne de la culture indienne : les rites et codes de sa société, le cinéma indien, les couleurs chatoyantes des saris..., et crée des compositions colorées qui sont des synthèses de toutes ces inspirations.


Une œuvre protéiforme
Si le parcours d’exposition mettra en avant les collages et les sculptures de Claude Viseux, il permettra également de montrer le caractère protéiforme de son œuvre. En effet, l’artiste s’est intéressé à tous les médiums, toutes les techniques.
Dans les années 70, le vocabulaire « technique » des sphères, toupies, astrolabes, anneaux, hélices et balanciers se retrouve dans les dessins comme dans les sculptures. Une salle de l’exposition proposera une sélection de ces dessins, qu’il réalise à l’aide d’une baguette de bambou creuse emplie d’encre de Chine ou avec de la peinture en bâton solide. Il utilise aussi le lavis au gros sel pour obtenir des effets de matières, des tâches, des granulations.
L’album de collographies (sérigraphies), Les Trois règnes, que Claude Viseux imagine en 1976 sera également présenté. Cette réalisation, est quelque peu à part dans son œuvre. Il s’agit au départ de collages transposés en sérigraphies. Mais c’est véritablement l’esthétique générale du portfolio qui fait figure d’exception parmi les œuvres de Viseux.

Des silhouettes de femmes nues (issues de planches de modèles pour peintre et sculpteur datant du XIXe siècle) évoluent dans des compositions géométriques constellées de motifs de coquillages (issus d’un album gravé de coquillages et crustacés offert à Viseux).
On retrouve de nouveau ici la thématique du monde marin, mais à laquelle s’ajoutent une drôlerie et une poésie proche de certains travaux surréalistes (on pense par exemple aux photomontages de Max Ernst).

Le musée proposera également la projection de deux vidéos. Faciès d'abord, film d'art réalisé par Jacques Veinat en 1960 où le travail de Viseux est mis en scène.
On y voit l’artiste en plein travail, ses peintures et sculptures sont mises en mouvement, et une «animation» de crabes-dessinateurs enduits d’encre survient. Une œuvre prêtée par le MAC VAL, musée d’art contemporain du Val-de-Marne, intitulée elle aussi Faciès, sera mise en regard de la projection. La seconde vidéo est un documentaire consacré à l’artiste, réalisé par FR3 en 1990, montrant Viseux débattant sur l'art et sur son œuvre avec des étudiants plasticiens.
Enfin, la dernière salle de l’exposition sera consacrée à des travaux plus tardifs de l’artiste, avec la présentation de reliefs ou compositions plastiques réalisés à partir d’assemblages de divers éléments (plastiques, acier...), des œuvres de sa série des Ovoïdes ou Scènes votives de 2001, y seront notamment exposées.

Du 22 mai au 25 septembre 2016,
Musée d'Art et d'Histoire Louis-Senlecq
31, Grande Rue – 95 290 L'Isle-Adam
01 74 56 11 23 – 01 34 08 02 72