“Talents de l’Alaska autochtone” à la Galerie ORENDA à Paris


Crystal Worl - Galerie ORENDA

Talents de l’Alaska autochtone : Masques, peintures, bijoux

Des liens particuliers unissent l’Alaska et la France depuis qu’Alphonse Pinart, jeune explorateur français de Boulogne-sur-Mer, s’est aventuré sur les rives de l’Ile de Kodiak, au début des années 1870, et en a rapporté une remarquable collection de masques traditionnels. Ces masques en bois sculpté, associés à la pêche et à la chasse, à la transmission des récits et des valeurs, suscitent un intérêt croissant de la part des ethnologues, historiens de l’art et collectionneurs.

 

Crystal Worl, Alison Bremner, Lawrence Ahvakana, Drew Michael, Rico Worl

Avec le patronage de la Sealaska Corporation

Le sculpteur d’Alaska ou de Colombie-Britannique n’est pas seulement le sorcier qui confère au surnaturel une forme visible, c’est aussi l’interprète qui traduit en chef-d’œuvre éternel les émotions fugitives des hommes.

Claude Lévi-Strauss

2016 : année de l’art alaskien en France

L’année 2016 est marquée par la forte présence de l’art autochtone alaskien en France, alors que le Musée de Boulogne-sur-Mer s’apprête à célébrer dix ans de partenariat avec la communauté Sugpiaq de l’Ile de Kodiak (Alaska), lors d’une exposition événement (Alaska Passé/Présent, à partir du 25 juin).

Faisant figure d’éclaireur, la Galerie ORENDA, qui nous fait partager la vitalité artistique de cette terre lointaine depuis quelques années, propose, dès le 31 mai, une sélection de peintures, sculptures et joaillerie alaskiennes, au moment du festival artistique annuel du Carré Rive Gauche.

Des liens particuliers unissent l’Alaska et la France depuis qu’Alphonse Pinart, jeune explorateur français de Boulogne-sur-Mer, s’est aventuré sur les rives de l’Ile de Kodiak, au début des années 1870, et en a rapporté une remarquable collection de masques traditionnels. Ces masques en bois sculpté, associés à la pêche et à la chasse, à la transmission des récits et des valeurs, suscitent un intérêt croissant de la part des ethnologues, historiens de l’art et collectionneurs.

Une collaboration s’est établie entre une nouvelle génération de sculpteurs et le musée de Boulogne, favorisant le renouveau des anciennes techniques de facture des masques, ainsi que l’éclosion d’une efflorescence artistique contemporaine parmi les autochtones de l’Ile de Kodiak. Comme leurs voisins Inupiat, Tlingit et Yupik, aujourd’hui exposés à la Galerie, les Sugpiat puisent leur inspiration aux sources de leurs traditions, tout en s’inscrivant dans les grands courants de l’art contemporain universel.

Plusieurs générations d’artistes à a Galerie ORENDA

La galerie ORENDA propose une sélection de maitres sculpteurs de plusieurs générations. Les masques de Lawrence Ahvakana (Inupiaq), puisent leur inspiration dans une parfaite connaissance des traditions. Ils représentent de puissants esprits animaux : oiseaux marins (macareux et chevaliers) protecteurs des pêches, symboles de prospérité, et corbeaux facétieux, « tricksters » imprévisibles, perturbateurs et protecteurs. Une délicate sculpture d’un jeune phoque au museau tendre est ornée en son centre d’un visage humain, tandis qu’un autre masque, tenu à la main pendant les danses rituelles, représente un homme qui entrouvre la bouche, laissant entrevoir une petite grenouille, symbole du dialogue engagé pour transmettre la mémoire collective.

Aux côtés de ce maître, deux jeunes sculpteurs sont présentés pour la première fois en France: Drew Michael (Yupik) et Alison Bremner (Tlingit), artistes dont le travail est déjà collectionné par les musées. Drew Michael propose une œuvre puissante et originale, une étrange silhouette de taille presque humaine, interprétation très libre de l’art traditionnel, tandis qu’Alison Bremner, formée par les anciens maîtres, propose un beau hochet de chamane et deux masques humains incarnant l’harmonie avec le ciel, la terre et la mer.

Crystal Worl, jeune artiste en résidence à Paris, est la vedette de cette exposition. À vingt-sept ans elle figure déjà parmi les artistes autochtones dont les œuvres sont exposées dans les ambassades américaines pour représenter leurs cultures. Ses peintures sont parfois minimalistes, notamment son tableau représentant, sur fond de blancheur laiteuse, trois oiseaux aux longues pattes tournés vers un astre pourpre. Certaines de ses toiles sont au contraire très structurées et recèlent de nombreux symboles. L’une des plus frappantes, peinte à Paris, décline des tonalités de bleus profonds et de blancs nacrés, et représente la création du monde : grand corbeau (emblème de son clan) en plein envol, survolant des flots tourmentés aux spirales évocatrices de Van Gogh.

Cette exposition fascine par la force évocatrice et la puissance symbolique des talents qui s’y expriment. Ces œuvres puisent leur force dans la richesse de la cosmogonie traditionnelle. Chacun des artistes, plus ou moins ancré dans les traditions, attaché aux codes et aux modèles de représentation traditionnels, s’approprie son histoire et la réinterprète en faisant affleurer les liens avec les mythes et légendes, y puisant ses propres sources d’inspiration pour scruter son destin et tracer sa voie dans le monde de l’art contemporain.

Plus d'infos sur www.orenda-art.com