Selon ses racines grecques, le mot psychologie désigne la science — logos — de l’âme — psukhê —, laquelle âme représente le principe de vie et de pensée qui anime le corps. De nombreuses expressions populaires utilisent le mot âme en référence à des sensations psychologiques : avoir des états d’âme, l’âme en peine, l’âme en paix, de la grandeur d’âme, le vague à l’âme ou la mort dans l’âme. Nous pouvons ajouter à cette liste l’expression cancer de l’âme, qui parvient à concrétiser des sensations aussi abstraites que la fatigue morale, le découragement, le perfectionnisme, la dépendance affective, l’éternelle insatisfaction ou la perte du plaisir de vivre. Chacun de ces éléments représente, à sa manière, une forme de cancer psychologique.
Que le cancer soit physique ou psychologique, il découle de la présence de tumeurs malignes qui se développent et envahissent les champs avoisinants. Il est possible d’effectuer une analogie réaliste entre les tumeurs physiques qui s’attaquent au corps humain et les tumeurs psychologiques qui s’en prennent au système de pensée des individus. Dans chacun des cas, les tumeurs peuvent s’avérer soit bénignes, soit malignes, et générer des problèmes à plusieurs niveaux chez la personne atteinte.
Cancer physique
Notre corps est composé de milliards de cellules qui, dans leur immense majorité, sont saines et fonctionnelles, mais dont certaines présentent des défectuosités. Le cancer physique est une maladie causée par la multiplication anarchique de cellules défectueuses qui se soustraient au déroulement logique de la division cellulaire et qui, de ce fait, sont insensibles aux mécanismes de contrôle de l’orga- nisme. Ces cellules anormales s’agglomèrent en tumeurs et s’attaquent à différents organes et structures du corps, les rendant inaptes à effectuer leurs tâches. Lorsqu’elles se généralisent, elles étendent leur œuvre de destruction à l’ensemble du corps.
Les symptômes du cancer peuvent être divers, selon le type des tumeurs et leur emplacement. Les capacités de fonctionnement de la personne atteinte sont plus ou moins altérées en fonction de l’étendue de la maladie. On n’a pas découvert de cause unique à cette dysfonction, mais les recherches ont identifié une série d’éléments pouvant potentiellement contribuer au déclenchement du cancer, dont de nombreux agents chimiques comme la fumée du tabac ou les particules d’amiante, certaines bactéries et virus comme celui du papillome humain ou certains agents physiques tels que les rayons ultraviolets.
Tumeurs bénignes ou non cancéreuses
Si les tumeurs viennent de cellules mères qui sont saines, on dit d’elles qu’elles sont bénignes, donc non cancéreuses. L’ensemble de la tumeur est alors bien délimité et les cellules qui la composent ne s’attaquent pas aux structures adjacentes et ne peuvent migrer. Mais en grossissant, la tumeur peut causer des problèmes par compression.
Tumeurs malignes ou cancéreuses
Si une tumeur provient d’une cellule mère anormale, la proli- fération anarchique de cette cellule produit une tumeur maligne, c’est-à-dire un cancer qui, en se développant, envahit et détruit les structures avoisinantes. Les cellules incontrôlables qu’elle contient peuvent migrer dans diverses parties du corps, créant des métastases et multipliant les sites de cancer.
Cancer psychologique
Le cancer psychologique est une maladie causée par la présence de fausses croyances qui amènent la prolifération anarchique d’autres convictions inadéquates et forment des tumeurs psychiques. Il peut s’attaquer au fonctionnement d’une personne dans des domaines particuliers de sa vie ou, selon l’étendue du cancer, se généraliser à l’ensemble de son action.
Du point de vue psychologique, nous pouvons comparer le processus de division cellulaire du corps humain à la présence des croyances qui dirigent notre vie. Nous possédons des milliers de croyances qui correspondent à la réalité et dont on dit qu’elles sont des représentations réalistes de notre monde. Ce sont des croyances qui répondent à un déploiement normal de la logique et font partie du processus courant de développement psychologique.
Lorsque des croyances se soustraient au déroulement logique de la pensée, on dit d’elles qu’elles sont fausses, irréalistes ou irrationnelles. Elles se développent souvent de manière anarchique et se montrent insensibles au contrôle de la raison. On peut alors parler de tumeurs psychologiques.
Les fausses croyances peuvent être innées et présentes chez tous les enfants dès la naissance. Elles peuvent aussi être acquises au fil des ans, particulièrement durant les six premières années de la vie. Dans les deux cas, elles sont bénignes ou malignes, selon la forme d’expression qu’elles prennent.
Tumeurs psychologiques bénignes
De nombreuses fausses croyances ont un impact sur notre perception de la vie et sur notre fonctionnement en général, mais leur influence est généralement limitée. Par exemple, la personne qui tient pour acquis que la vie est difficile aura tendance à voir d’abord le côté négatif des gens et des situations et pourra même développer un certain pessimisme. Elle demeure cependant capable de profiter des moments de plaisir qu’offre la vie, ce qui lui procure les doses d’énergie nécessaires à la poursuite de ses activités quotidiennes. On peut dire de ce type de croyances qu’elles sont simples et qu’elles constituent des tumeurs psychologiques bénignes, donc non cancéreuses. Elles sont désagréables et dérangeantes, mais on peut vivre avec elles sans qu’elles détruisent notre équilibre psychologique global.
On peut reconnaître une fausse croyance simple relative à la perception de la vie en se demandant si elle inclut tacitement des adverbes comme « relativement », « plutôt », « souvent » ou « généralement ». Ainsi, une personne peut considérer que la vie est souvent ou généralement difficile, tout en sachant qu’elle n’est pas toujours ainsi puisqu’elle comporte également certaines périodes de facilité. Les fausses croyances simples laissent place aux nuances.
Tumeurs psychologiques malignes
Parmi les fausses croyances, certaines sont beaucoup plus dévastatrices: ce sont les fausses croyances-équations relatives à la vie qui sont, quant à elles, sans nuances. Le terme équation implique que la pensée est figée dans une certitude que la vie équivaut, de manière incontournable, à une définition donnée et que, de ce fait, toute déviation à cet ordre des choses représente un danger pour la survie. Ainsi, si un enfant développe la fausse croyance-équation que la vie égale facilité, il tient pour acquis que la vie doit toujours être facile et que toute difficulté représente une menace. Les fausses croyances-équations sont des tumeurs qui détruisent la structure psychologique d’une personne en s’attaquant à son sentiment de sécurité, à son estime per- sonnelle, à ses valeurs profondes et à son goût de vivre, créant ainsi un cancer psychologique.
Louise Red
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