“L'amour sert à mourir plus commodément à la vie” selon Marguerite Duras

Marguerite Duras, pilier de la littérature française du vingtième siècle, s'est illustrée pour son examen intime et audacieux des thèmes universels de l'amour, de l'isolement et de la souffrance. Sa maxime, "L'amour sert à mourir plus commodément à la vie", capte l'essence de sa vision, à la fois vraie et empreinte d'humanité, sur l'amour et sa fonction dans notre rapport à l'existence.


Au cœur de ses méditations, l'écrivaine nous dit que l'amour, par sa puissance et sa fragilité, fournit un répit face à la certitude de la mort. Cette conception audacieuse nous interpelle : l'amour, souvent envisagé comme l'apogée de l'existence, se mue ici en une préparation de son inévitable conclusion. Pour l'auteure de l'amant, l'amour dépasse le cadre des relations humaines et offrir une lentille par laquelle la finitude de notre être peut être appréhendée.

Selon Marguerite Duras, l'amour agit comme un onguent, tempérant les épreuves de la vie et les appréhensions qu'elle engendre, en particulier la peur de la fin. Dans l'amour se trouve une acceptation plus tendre de notre condition éphémère, une façon de s'accommoder à elle. C'est dans cet échange, cette proximité avec autrui, que nous dénichons un sens à notre transitoire, une méthode pour adoucir notre passage et lui conférer davantage de signification.

Il serait réducteur de considérer la perspective de Duras comme une simple résignation à la mort. Au contraire, elle invite à célébrer la vie à travers l'amour. En aimant, nous nous ancrions dans l'instant, nous ouvrons à l'autre, nous nous exposons à la vulnérabilité, et c'est cette vulnérabilité même qui enrichit et intensifie notre vécu. L'amour se présente alors comme un défi au néant, une étincelle dans la sombre destinée qui nous attend.

Cette réflexion, empreinte d'une douce mélancolie, est une exhortation à embrasser la vie avec ardeur. Elle questionne notre capacité à percevoir dans l'amour une puissance, un abri face aux orages intérieurs suscités par la conscience de notre finitude. C'est un plaidoyer pour une existence vécue avec intensité, pour un amour profond, reconnaissant que c'est dans cette immersion affective que nous sommes le mieux équipés pour naviguer les méandres de la vie.

La méditation de l'écrivaine souligne aussi le caractère universel et atemporel de l'amour. Si l'amour peut tempérer la peur de la mort, c'est parce qu'il touche à l'essentiel de notre être : le désir de lien, de compréhension mutuelle, de partage et de réconfort. L'amour, dans sa faculté à nous unir, à transcender nos divergences et à calmer nos craintes, se révèle un vecteur de sens puissant.

La pensée de Duras nous convie à méditer sur le rôle de l'amour dans nos existences et sur sa force à métamorphoser notre relation au monde et à notre mortalité. Loin d'être une échappatoire ou un remède, l'amour se manifeste comme une quête vers une compréhension plus éclairée de notre condition humaine, un passage vers une acceptation plus paisible de la vie, dans toute sa précarité et sa splendeur.

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Photographie de l'écrivaine