Je ne comprends pas. Je suis une personne séduisante, intelligente, sensible, douée. Pourquoi ne tombe-t-on pas amoureux de moi ? Pourquoi l’amour me fuit-il ? Combien de fois vous êtes-vous posé cette question en donnant des coups de poing rageurs dans l’oreiller ?
Vous ouvrez cet ouvrage avec scepticisme, entretenant cependant l’espoir secret d’y trouver la solution. Vous lisez le titre : Séduisez qui vous voulez.
Vous vous dites « c’est une promesse bien belle ». En effet, c’est bien beau. Il n’empêche que ce pouvoir est vôtre si vous êtes prêt à suivre le plan scientifiquement étudié pour conquérir le cœur d’un partenaire amoureux potentiel.
Les histoires innombrables de cœurs brisés ou solitaires existent depuis la nuit des temps. Qu’est-ce qui permet aujourd’hui d’affirmer qu’il existe des moyens de faire naître l’amour dans le cœur de l’être à conquérir ? La science !, qui a finalement éclairci la notion de l’amour romantique, les éléments qui le déclenchent, ceux qui l’éteignent et ceux qui le font durer.
Les peuples de jadis s’étaient écriés à la vue d’une éclipse qu’il s’agissait de magie noire. Nous, nous avons considéré l’amour comme un ensorcellement. Que de fois, surtout au cours de ces premiers moments divins où on est emporté par le désir d’arrêter les passants dans la rue et de leur crier tout haut « Je suis amoureux ! », n’avons-nous pas cru à l’ensorcellement ! Mais, au seuil du xxie siècle, nous avons découvert que l’amour romantique est une expérience physique intense dont les composantes chimiques, biologiques et psychologiques sont mesurables (avec, peut-être, un zeste de magie noire).
Maintenant que la science navigue dans ces mers naguère inconnues, nous commençons enfin à comprendre les rudiments de l’amour que George Bernard Shaw a décrit en ces termes : « la plus folle, la plus illusoire, la plus éphémère des passions ». Qu’est-ce qui fait que l’on veuille « rester dans cet état d’excitation, anormal et épuisant, jusqu’à ce que la mort nous sépare » ? Quelle est la définition exacte de l’amour ? C’est une question que le monde se pose depuis très longtemps et qui a été sérieusement débattue à travers les âges par des éminences telles que Platon, Sigmund Freud et Charlie Brown.
En 1950, sur la scène de Broadway, toute la salle se sentait en parfaite harmonie avec Ezio Pinza qui chantait dans South Pacific : « Qui peut l’expliquer ? Qui peut vous dire pourquoi ? Les sots vous donnent des raisons, les sages n’essaient pas. » Récemment, un grand nombre d’hommes et de femmes sages ont essayé et ils ont réussi. À l’époque des grandes comédies musicales romantiques, la communauté scientifique était aussi perplexe que leurs héros qui exprimaient en chantant la confusion qu’une soirée enchantée avait fait naître dans leurs cœurs.
La science découvre le domaine sexuel
Bien avant que Sigmund Freud n’aborde le sujet, les esprits scientifiques analytiques s’accordaient pour dire que l’amour est essentiel à l’expérience humaine. Mais leurs esprits rationnels jugeaient aussi que l’évaluation, la classification et la définition de l’amour romantique étaient une chose impossible et, par conséquent, une perte de temps et d’argent. Sur son lit de mort, Freud a dit : « Nous ne connaissons que très peu de choses au sujet de l’amour. »
Ces mots ont caractérisé la doctrine scientifique au moins jusqu’en 1970, année où un groupe de psychologues sociaux à l’esprit pionnier a entrepris d’étudier les pourquoi et les comment continuels des scientifiques. Ils se sont eux-mêmes posé des ques- tions et ont interrogé tous ceux et celles qui ont accepté de se soumettre à leurs investigations au sujet de l’amour romantique.
Deux femmes psychologues ont, par inadvertance, attiré l’at- tention de la presse moderne sur l’éternelle question « Qu’est-ce que l’amour ? ». Ellen Berscheid et sa collègue Elaine Hatfield ont réussi à obtenir une subvention pour étudier l’amour romantique. Berscheid a convaincu la National Science Foundation de la nécessité d’étudier de nouveaux sujets, car, leur a-t-elle dit, « nous avons cerné l’étude des habitudes d’accouplement de l’épinoche, il est temps à présent d’étudier une nouvelle espèce ».
Cette étude aurait pu, comme bien d’autres, passer inaperçue et ne jamais être publiée, sauf dans quelque revue professionnelle obscure. Mais, heureusement pour toutes les personnes en quête d’amour partout à travers le monde, un matin sur la colline du Capitole, l’ancien sénateur américain du Wisconsin, William Proxmire, a eu la bonne idée de mettre de l’ordre dans ses papiers parmi lesquels se trouvait la subvention « frivole » accordée par la NSF à deux femmes pour étudier les relations amoureuses.
Le sénateur est sorti de ses gonds ! Quatre-vingt-quatre mille dollars pour étudier quoi ? Il a aussitôt émis un communiqué de presse explosif déclarant que l’amour romantique n’est pas une science et, de plus, a-t-il rugi, « la National Science Foundation doit sortir de ce racket de l’amour et laisser Elizabeth Barrett Browning et Irving Berlin s’en occuper ». Il a ensuite ajouté une note personnelle disant « je m’y oppose aussi parce que je ne veux pas avoir la réponse », assumant que tout le monde serait de son avis. Mais il se trompait grandement !
La réaction de Proxmire a déclenché un brasier international qui a fait rage autour de Berscheid au cours des deux années qui ont suivi. « Exceptionnel ! Exceptionnel ! Lisez tous les détails. La National Science Foundation subventionne l’amour ! » Les journaux s’en sont donné à cœur joie. Les caméras et les microphones se sont dirigés droit vers Berscheid. Le paisible bureau de la psychologue a été submergé de lettres.
Mais le coup s’est retourné contre ceux-là mêmes qui avaient voulu tirer à vue de nez sur l’amour. Au lieu de mettre fin à la « poursuite frivole », la pagaille déclenchée par Proxmire a généré un intérêt intempestif pour l’étude de l’amour. James Reston, du New York Times, a déclaré que si Berscheid et ses collègues réussissaient à trouver « la réponse à nos concepts de l’amour romantique, du mariage, des déceptions, du divorce et des enfants laissés pour compte, ce serait le meilleur investissement qui serait fait avec l’argent du gouvernement depuis que Jefferson a acheté la Louisiane ».
La démarche d’Ellen Berscheid a ouvert une brèche. Il y a eu depuis un déferlement d’études minutieusement menées sur tous les aspects de l’amour. Des sociologues respectés tels que Foa, Murstein, Dion, Aron, Rubin et bien d’autres qui ne sont connus que dans le milieu scientifique nous ont laissé un présent qui est resté emballé mais que nous n’allons pas tarder à ouvrir. Les résultats de leur labeur et de leurs recherches nous apprennent comment gagner le cœur de l’être à conquérir, même si tel n’était pas leur objectif premier.
Il est vrai que certaines études n’y mènent pas directement. Pour trouver les plus pertinentes, il a fallu passer au peigne fin des centaines d’études scientifiques aux titres rocambolesques, tels que « Les conséquences de l’orientation d’échange sur la fonction dyadique des cohabitants hétérosexuels ». Qu’en dites-vous ? D’autres ont étudié les effets de la musique sur les souris en leur faisant écouter du classique, du jazz et du blues et en observant les différents degrés d’excitation obtenus. Il y a celles qui ont étudié la nécrophilie, mais qui ne servent en rien notre objectif. Puis celles sur le rapport sexuel tantrique, sans mouvement, qui, je suppose, n’a d’effet que lorsque le bateau de croisière sur lequel se trouve le couple en lune de miel frappe une mer houleuse.
Il y a, fort heureusement, un grand nombre d’études plus sérieuses et plus solides, entre autres les recherches de l’intrépide Timothy Perper, Ph.D., qui a passé des heures innombrables à observer ses sujets dans ses laboratoires préférés, les « bars pour célibataires ». Il y a aussi les conclusions de Robert Sternberg et ses collègues qui ont étudié les théories de l’amour sous tous leurs aspects, les recherches innovatrices sur les éléments de la passion amoureuse passagère faites par Dorothy Tennov et d’autres scientifiques et les audaces instructives de chercheurs moins connus, comme Carol Ronai qui s’est fait engager comme danseuse dans un bar de gogo danseuses pour enregistrer les expressions faciales qui attisent le désir des hommes.
La compilation des recherches
Ma première recherche, quoique moins audacieuse, n’en était pas moins vigoureuse. Pendant plus de dix ans, et ce, avant de devenir formatrice et consultante en communication, j’ai créé et dirigé un organisme de recherche nommé The Project.
The Project était un organisme à but non lucratif, basé à New York, dont la mission était d’étudier tous les aspects de la sexualité et des relations amoureuses. Des milliers de personnes ont été interrogées sur ce qu’elles recherchaient chez un partenaire amoureux, et toutes les réponses ont été cataloguées. J’ai recueilli des informations auprès des étudiants d’une douzaine d’univer- sités où j’avais été invitée pour parler de ma recherche.
The Project, comme l’étude d’Ellen Berscheid, a attiré l’attention du public à l’échelle nationale. Un journaliste du magazine Time venu couvrir une de nos séances de travail a publié un article intitulé « Les fantasmes sexuels sur la scène à Broadway ». Et c’est ce qui s’est réellement passé.
Des bénévoles du groupe en charge de The Project ont monté des psychodramatisations de leurs fantasmes amoureux réels. Il n’y avait ni nudité ni langage explicite. Ces dramatisations claires et perspicaces, uniques en leur genre, ont attiré l’attention des trois principales chaînes de télévision qui en ont présenté des extraits dans le cadre d’émissions diffusées à l’échelle nationale. Par la suite, un grand nombre d’articles ont été publiés dans la presse, les revues, les magazines autant américains qu’européens.
Nous avons reçu des témoignages des quatre coins du monde. Les gens racontaient leurs histoires, leurs fantasmes, leur désir d’aimer. Par téléphone ou par lettre, ils nous ont exprimé de manière claire et détaillée ce qu’ils recherchaient chez un partenaire romantique. La plupart commençaient immanquablement par cette phrase : « Je ne l’ai jamais dit à personne, mais... », puis ils révélaient à cette entité anonyme qu’était The Project leurs plus profonds désirs. La multitude de données recueillies a considérablement étayé nos recherches sur ce qui amène les gens à tomber amoureux.
Le développement des techniques
Nous allons délaisser pour quelques instants l’univers de la sexualité et passer au domaine de la communication qui est ma seconde discipline. C’est dans ce cadre que j’analyse mes conclusions et les transforme en techniques de séduction qui assurent un succès amoureux.
Il existe sans aucun doute des moyens de provoquer chez l’Autre le comportement désiré. Autrement, tous les psychologues et les milliers de formateurs corporatifs, y compris moi-même, se retrouveraient au chômage. Il y a des méthodes reconnues qui permettent de faire naître différentes émotions et de modifier les comportements. Nous pouvons, par exemple, apprendre comment négocier avec des personnes difficiles ou comment amener des employés rebelles à réagir de telle ou telle manière.
Le retour reçu à la suite des conférences données dans les organismes gouvernementaux, les universités, les associations professionnelles et les entreprises m’a convaincue qu’il était possible de modifier les différents types de comportement. Cette tâche complexe consiste d’abord à déterminer les besoins et les motivations de l’être à conquérir, puis à modifier son comportement à l’aide de techniques verbales ou non verbales efficaces.
Cet ouvrage est le résultat d’un grand nombre d’années de recherche et d’exploration dans des disciplines variées allant des relations interpersonnelles à la sexualité humaine, en passant par les techniques de communication et les différences entre les hommes et les femmes. Aux études scientifiques sur la nature de l’amour et à mes recherches personnelles s’ajoutent les travaux des thérapeutes et des analystes en communication moderne. Je suis particulièrement reconnaissante envers le travail de la sociolinguiste Deborah Tannen et les analogies intelligentes entre Mars et Vénus du thérapeute John Gray qui a popularisé l’idée que les hommes et les femmes ont des modes de penser et de communiquer très différents.
Quelle est la recette pour amener l’Autre à tomber amoureux de vous ? Y a-t-il une formule magique ? Celle que je vous propose paraît simple, mais elle est en réalité très compliquée.
Il faut d’abord saisir la base scientifique des éléments de l’attraction interpersonnelle. Ensuite, il faut glaner des données sur l’être à conquérir et apprendre les techniques de communication subtiles, parfois subliminales, pour répondre à ses besoins conscients et subconscients. Et, pour le ou la subjuguer complètement, il faut en dernier lieu lui laisser entrevoir votre perception précise de ses désirs sexuels. Voilà la formule pour amener un partenaire amoureux à tomber amoureux de vous.
La mise à l’essai des techniques
Les recherches, dans l’absolu, étaient bien belles mais il me fallait étudier leurs effets sur le terrain. C’est ce que j’ai fait en organisant un séminaire intitulé : Séduire à coup sûr.
J’ai reçu des invitations des quatre coins du Québec (où je vis), d’universités, de groupes de célibataires, de clubs et d’organismes de formation continue. C’est sur ce terrain de jeu que les données ont été testées. La réponse a été unanime : « Oui, la séduction est un art qui, bien maîtrisé, permet aux ailes de l’amour de se déployer. »
Est-ce une tâche facile ? Non.
Faut-il faire des sacrifices ? Oui.
Il se peut que, après avoir lu cette introduction, vous décidiez que cela ne vaut pas la peine de se donner autant de mal pour séduire l’être à conquérir. Mais si la curiosité l’emporte et que vous voulez en savoir plus, n’hésitez pas à suivre mon analyse. Pour commencer, nous allons étudier les techniques à développer pour amener l’Autre à tomber amoureux de vous.
Qui est cet Autre ? C’est quiconque est prêt à tomber amoureux. Il faut choisir aussi le bon moment. Ainsi, par exemple, une personne qui vient de perdre son conjoint bien-aimé ne sera probablement pas prête à tomber amoureuse. Elle est, temporairement, hors du circuit amoureux.
L’Autre est, par ailleurs, toute personne libérée des besoins psychologiques ésotériques (le « tracé amoureux ») qui sont des besoins difficiles à satisfaire sans développer un sentiment de culpabilité. Nous en reparlerons plus loin.
Cela nous laisse un grand nombre de partenaires amoureux potentiels et toute une myriade de cœurs à conquérir. Alors montez à bord ! À nous le cœur des êtres désirés !
Leil Lowndes
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