Médecine chinoise : domaines d’application et recherche scientifique

Le champ des applications de la médecine chinoise est extrêmement étendu : de la pharmacopée à l’acupuncture, de la diététique à la chirurgie oculaire, des massages à la gynécologie, de la médecine interne aux méthodes de réanimation... En fait, on rencontre pratiquement les mêmes spécialités qu’en médecine occidentale avec, cependant, un cloisonnement beaucoup moins contraignant et restrictif du fait de l’approche plus globale de la maladie et de ses causes. Par exemple, un dermatologue traitera, en même temps que le problème cutané pour lequel il est consulté, les troubles digestifs, psychiques ou tout autre forme de déséquilibre interne qu’il suppose être à l’origine de la maladie. Cela permet d’éviter la démultiplication des actes et des prescriptions, parfois peu compatibles, qu’on rencontre si fréquemment en médecine occidentale et le patient a le sentiment d’une prise en considération de la totalité de sa personne plutôt que d’un regard impersonnel sur sa pathologie.

 


Le champ des applications de la médecine chinoise est extrêmement étendu : de la pharmacopée à l’acupuncture, de la diététique à la chirurgie oculaire, des massages à la gynécologie, de la médecine interne aux méthodes de réanimation... En fait, on rencontre pratiquement les mêmes spécialités qu’en médecine occidentale avec, cependant, un cloisonnement beaucoup moins contraignant et restrictif du fait de l’approche plus globale de la maladie et de ses causes. Par exemple, un dermatologue traitera, en même temps que le problème cutané pour lequel il est consulté, les troubles digestifs, psychiques ou tout autre forme de déséquilibre interne qu’il suppose être à l’origine de la maladie. Cela permet d’éviter la démultiplication des actes et des prescriptions, parfois peu compatibles, qu’on rencontre si fréquemment en médecine occidentale et le patient a le sentiment d’une prise en considération de la totalité de sa personne plutôt que d’un regard impersonnel sur sa pathologie.

De plus, le rapprochement, en Chine, de la médecine traditionnelle et de la médecine occidentale a révélé un champ de recherche immense dans de nombreux domaines. Parmi les plus prometteurs, l’immunologie mérite d’être citée. Certains concepts de la médecine chinoise peuvent être rapprochés de notions immunologiques que les médecins orientaux avaient perçues sans, bien sûr, pouvoir en cerner les supports cytologiques ou biochimiques. Les interrelations entre zhengqi 正氣 [Qi correct] et xieqi 邪氣 [Qi pathogène] sont au centre de ces théories qui débouchent sur des protocoles thérapeutiques expérimentés depuis des siècles et dont on redécouvre aujourd’hui des applications de grand intérêt.

En cancérologie, de nombreux travaux ont montré les avantages d’une association entre des remèdes chinois soutenant l’énergie saine et des traitements par chimiothérapie ou radiothérapie. Cette association potentialise l’effet thérapeutique tout en diminuant les effets secondaires du traitement anticancéreux de la biomédecine, ce qui permet de le conduire plus rapidement et plus efficacement à son terme. Les remèdes de médecine chinoise permettent également de restaurer la formule sanguine après l’effondrement de cause iatrogène. En 2006, l’Institut national du cancer (France) a sélectionné, pour la première fois, après un appel d’offre, un projet de recherche portant sur la médecine chinoise10.

En infectiologie, les recherches et publications révèlent l’intérêt de la médecine chinoise dans des domaines comme les maladies virales (hépatite, herpès, sida, zona) ou la prévention des infections à répétition par la stimulation de l’immunité générale du patient. La contribution la plus spectaculaire concerne le traitement du paludisme. L’histoire11 commence au cours de la guerre du Vietnam, dans les années 1960. Pour aider l’armée nord-vietnamienne à lutter contre le paludisme (qui était devenu plus meurtrier que les armes de l’ennemi), les Chinois ont eu recours à leur pharmacopée traditionnelle, à travers la plante qinghao 青蒿 [Artemisia annua] dont ils isolèrent, en 1971, le principe actif, qinghaosu 青 蒿 素 [artémisinine]. Des dérivés semi-synthétiques comme l'artésunate, l'artéméther et l'artéether furent ensuite mis au point. Ce n’est qu’au début des années 1990, face au développement de formes résistantes aux antipaludéens classiques, que les laboratoires pharmaceutiques commencèrent à produire des remèdes dérivés de l’artémisinine. Aucun cas de résistance clinique à cette molécule n'est encore signalé. Il faut noter que les indications de qinghao sont mentionnées depuis plus de 2000 ans dans les écrits médicaux chinois.

En dermatologie, les dermatoses atopiques, comme eczémas ou urticaires, en particulier les cas chroniques ou récidivants, sont sensibles au traitement de médecine chinoise, notamment à certains remèdes de la pharmacopée comme de nombreuses expérimentations cliniques l’ont montré12.
Il est impossible de donner une liste exhaustive de tous les autres champs d’application de la médecine chinoise. Il suffit de se référer aux nombreuses étu- des qui ont été réalisées dans toutes les spécialités médicales : rhumatologie (polyarthrites, arthrose, lésions post-traumatiques...), gastro-entérologie (gastri- tes, ulcères, dyspepsie, diarrhées, hépatites aiguës et chroniques...), pneumologie (asthme, bronchectasie, bronchite aigüe ou chronique, insuffisance respiratoi- re...), endocrinologie (diabète, hyperthyroïdie...), gynécologie (troubles du cycle menstruel, syndrome de la ménopause...), neurologie (céphalées, névralgies faciales, paralysies...), psychiatrie (état dépressif, névroses, psychoses...), etc.

Loin d’être un simple complément à la médecine occidentale, la médecine chinoise apporte, indépendamment de tout autre traitement, des solutions thérapeutiques essentielles et parfois définitives à de nombreuses pathologies, particulièrement lorsqu’il s’agit de troubles chroniques ou récurrents pour lesquels la biomédecine ne propose que des solutions palliatives. Il est « politiquement correct » de ne pas remettre en cause la prédominance de la médecine occidentale et d’accepter de reléguer tout autre système thérapeutique au rang de complément éventuel. Pourtant, dans un grand nombre de cas, il serait plus profitable au patient de lui proposer un traitement de fond en médecine chinoise, à finalité curative, assisté d’un complément palliatif de médecine occidentale, pour soulager temporairement les symptômes ponctuels, en attendant que le traitement principal agisse. La médecine occidentale est, en effet, très performante dans les situations d’urgence, dans les pathologies aiguës et dans toutes les situations impliquant une assistance technologique de haut niveau (chirurgie, réanimation...). La médecine chinoise dispose, en revanche, d’une précision nosographique et de traitements plus diversifiés et souvent plus efficaces à long terme dans la plupart des maladies chroniques. L’idéal serait évidemment une véritable coopération entre les deux disciplines car, bien que médecine occidentale et médecine chinoise puissent se développer et servir séparément, de nombreuses études démontrent que, face à un grand nombre de pathologies, les meilleurs résultats sont obtenus en associant les deux systèmes. Mais pour cela, il est indispensable que les praticiens occidentaux de médecine chinoise disposent d’une véritable formation théorique et pratique, de niveau universitaire, équivalente à celle dispensée en médecine occidentale. Ce n’est pas encore le cas en Europe, comme nous allons le voir.

10. É. Marié, O. Martin, F. Triadou : « Place de la médecine chinoise en France dans l’offre et la demande de soin en cancérologie », recherche en réponse à l’appel à propositions 2005-2006 du Département Recherche en sciences humaines de l’INCA : Portée et enseignements de l’offre et de la demande de soins en médecine non-conventionnelle et médecine parallèle.
11. Ying Li, Wu Yu-Lin. «How Chinese scientists discovered qinghaosu (Artemisin) and developped its derivatives ? What are the future perspectives ? ». Med. Trop., 1998; 58 (3 suppl.): 9-11.
12. Harper JI, Yang S-L, Evans FJ, Phillipson JD. « Chinese herbs for eczema ». Lancet 1990; 335:795.
Sheehan MP, Rustin MHA, Atherton DJ, Buckley C, Harris DJ, Brostoff J, et al. « Efficacy of traditional Chinese herbal therapy in adult atopic dermatitis ». Lancet 1992; 340:13-7.

 

Eric Marié

 

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Précis de médecine chinoise