Le ventre : l’antre de notre chimie interne

« On devrait pouvoir aimer tout d’une personne, l’œsophage, et le foie, et les intestins. Peut-être qu’on ne les aime pas par manque d’habitude », écrit Jean-Paul Sartre dans Le mur*. Avant d’aimer les organes digestifs des autres, nous devrions commencer par apprécier les nôtres à leur juste valeur. Car c’est grâce à eux que nous nous maintenons en vie. Ils méritent bien un regain d’intérêt.
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« On devrait pouvoir aimer tout d’une personne, l’œsophage, et le foie, et les intestins. Peut-être qu’on ne les aime pas par manque d’habitude », écrit Jean-Paul Sartre dans Le mur*. Avant d’aimer les organes digestifs des autres, nous devrions commencer par apprécier les nôtres à leur juste valeur. Car c’est grâce à eux que nous nous maintenons en vie. Ils méritent bien un regain d’intérêt.

Tout se passe dans le ventre. C’est là qu’aboutissent tous les aliments, après avoir été (correctement si possible !) mâchés et avalés. Notre ventre, c’est le lieu de toutes les alchimies digestives. C’est là que se nichent tous les organes chargés de la digestion et de l’assimilation : estomac, foie, pancréas, intestins... Ils sont bien rangés, dans un espace assez réduit. Ils sont maintenus, en bas, par le plancher pelvien, un grand muscle plat qui soutient tout le contenu de notre cavité abdominale. Ils sont chapeautés, en haut, par le diaphragme, un autre grand muscle plat qui sépare la cavité abdominale des poumons.

Essayez de visualiser la scène : votre cavité abdominale est soutenue par un muscle dont le rôle principal est de résister à la pression exercée par la gravité qui tente à tout prix de diriger vers le sol tout ce qui se trouve à la surface du globe. À chaque fois que vous inspirez, vos poumons se gonflent d’air. Pour leur faire de la place dans la cage thoracique, votre diaphragme s’abaisse. Les organes nichés dans la cavité abdominale répercutent cette pression vers le bas.

Seulement voilà : le muscle pelvien résiste. Et vos organes digestifs se retrouvent tassés, brassés, malaxés par ce mouvement respiratoire incessant qui se reproduit jusqu’à 15 fois par minute. Rassurez-vous : ce massage naturel fait le plus grand bien à vos organes. Il entretient leur fonctionnement jour après jour et améliore la digestion. Raison pour laquelle une bonne respiration aide à bien digérer. Mieux : les exercices respiratoires font partie de l’arsenal naturel pour une « bonne digestion ».

Tous les organes contenus dans notre cavité abdominale ne sont pas impliqués dans les processus digestifs. Les reins et la vessie lui sont étrangers, tout comme les organes sexuels internes (ovaires et utérus chez la femme, prostate chez l’homme). D’autres n’interviennent que de manière secondaire : rate, pancréas. Trois sont considérés comme essentiels : l’estomac (précédé de l’œsophage), le foie (et sa vésicule biliaire) et l’intestin. Nous allons maintenant faire connaissance avec eux.

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Le Langage en a « dans le ventre » !
c’est dans le ventre que se joue toute notre digestion. cela n’a pas échappé à notre belle langue, qui intègre le ventre (et les organes digestifs qu’il renferme) dans de très nombreuses expressions courantes.
Il y a ceux qui n’ont peur de rien (ils en ont dans le ventre) et ceux qui craignent n’importe quoi (ils ont les foies à longueur de temps). Il y a ceux qui ont du mal à pardonner (ils gardent tout sur l’estomac) et ceux qui se font du souci pour un rien (ils se mettent la rate au court-bouillon). Il y a ceux qui ne savent pas s’arrêter de manger (ils ont les yeux plus grands que le ventre), même lorsqu’au début du repas, la faim ne les titillait pas (ils n’avaient pas l’estomac dans les talons). pour ne citer que quelques exemples...
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* Publié en édition Poche par les éditions Gallimard/Folio en 1972.

 

Dr Philippe Maslo / Marie Borrel


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